Face à la pression de la société et des conventions, face à la police du bon goût et de ceux qui pensent détenir la vérité, il est parfois difficile d’admettre que l’on déteste une chose ou une autre. Car très tôt, on comprend que dans la vie, tout n’est pas aussi simple à dire en public que « J’aime pas trop Hitler. Il était pas très gentil« .
Après avoir listé de manière non exhaustive quatre choses qu’il est mal vu d’aimer en mai dernier, je reviens vers vous avec une nouvelle sélection – qui ne traite, là encore, pas du tout du sujet dans sa totalité.
Les vacances
À l’approche des vacances scolaires, on peut aisément constater qu’au milieu de tous ceux qui sont ravis à l’idée de glander les jambes en éventail et les doigts de pied écartés pendant plusieurs semaines, certains tirent la tronche. « Comment est-ce possible ? » te demandes-tu peut-être si tu es de ces gens pour qui les vacances est une religion.
J’ai fait partie de ces gens, il fut un temps, et je peux déjà avancer une réponse à cette interrogation cruciale :
- Cet individu a peut-être trouvé un job redondant pour l’été
- Cet individu est éventuellement un angoissé qui a besoin d’être toujours en mouvement et d’avoir toujours quelque chose à faire pour éviter de se laisser submerger par ses névroses
- Cet individu sait qu’en quittant la ville où il étudie pour quelques semaines, il rentre dans sa campagne natale et ne verra pas tous les amis qu’il s’est fait pendant l’année
- Il était à deux doigts de séduire la personne qu’il convoitait dans sa fac et les vacances vont l’empêcher de continuer à gratter des points
- Et s’il n’est plus à la fac, on peut se dire qu’éventuellement, cet individu aime beaucoup trop son job.
Rabroués, rabaissés, moqués, ces êtres sont brimés car ils ne savent pas apprécier cette trêve qu’on leur offre pour leur permettre de se reposer après une année à l’emploi du temps plutôt surchargé. Soutenons-les. Être à contre-courant n’est jamais chose facile – surtout quand on n’est pas un saumon.
La bouffe
Oui, je sais, ça paraît complètement fou de prime abord, mais il y a réellement des gens dans le monde qui n’aiment pas trop manger. Je ne parle pas de ceux qui ont des troubles du comportement alimentaire ou quoique ce soit – ce serait un amalgame plutôt fâcheux de ma part – mais bel et bien de gens qui n’éprouvent simplement pas de plaisir à se remplir la panse.
Je pense que les mangeurs qui aiment ça ont tort d’ouvrir des yeux ronds en rencontrant quelqu’un qui ne se nourrit que pour vivre, car cette personne a une chance inouïe. La chance de ne pas se sentir frustré en passant devant un restaurant japonais quand c’est la fin du mois et que son compte en banque s’en trouve plus vide qu’un paquet de chips. La chance de ne pas se retrouver tout écartelé entre l’envie de manger un truc délicieux et la flemme de faire la cuisine : une boîte de corned-beef et quelques épinards en conserve et c’est parti.
La chance de pouvoir accepter les invitations à dîner de n’importe quel ami, quelles que soient ses aptitudes à faire un bon plat. La chance de ne jamais être déçu quand, au restaurant, on commande un plat qui a l’air moins bon que celui de la personne en face de nous.
« Boh. Ça s’mange hein », dit le bienheureux non amateur de bonne bouffe.
Ne pas aimer manger et ne manger que pour vivre, je trouve ça presque beau, en fait.
Les gens morts (sauf les dictateurs un peu quand même)
« Oh, Monsieur Hétrond est mort ! C’est triste. Il était si gentil. »
Tout le monde a déjà entendu un de ses proches prononcer cette phrase en lisant la nécrologie du canard local. Pourtant, souvent, le proche en question ne côtoyait absolument pas le nouvellement décédé. Monsieur Hétrond était peut-être quelqu’un de tout à fait convenable, qui sait ? Certainement pas toi.
Il n’empêche. Il n’empêche que si une discussion commence sur une personne qui vient de passer l’arme de vie à trépas plutôt vers la gauche, tu remarqueras que la plupart des interlocuteurs en seront attristés et le feront savoir à grand coups de « c’est toujours les meilleurs qui partent en premier« . Et ce même s’ils ne connaissaient pas vraiment la personne en question.
Si tu t’amuses à intervenir dans la conversation pour dire « Eh. Moi je m’en fiche un peu, je le connaissais pas, mais peut-être qu’il était gentil« , tu risques de t’attirer le courroux de tous tes amis, qui, déçus, t’adresseront un méprisant « sans coeur ». Alors qu’en plus, si ça se trouve, le mec était du genre à arracher les poils de son chat pour s’en faire des soupes.
L’art contemporain
L’art, c’est compliqué. Si tu as le malheur de dire à un pseudo-spécialiste un peu pédant que tu aimes un mouvement particulier, tu peux t’entendre répondre « Ah ouais. Vas-y, cite-moi 20 artistes de ce courant si t’es si maligne« *. Si, en revanche, tu prends ton courage à ton cou pour affirmer que, très généralement, tu n’accroches pas trop à l’art contemporain et que tu ne vois pas pourquoi tu ne l’assumerais pas, tu risques très fort de t’en prendre plein les dents, du type :
- « Tu t’intéresses à rien.«
- « Ah ouais ? Je suis sûre que tu sais même pas situer l’art contemporain. »
- « Et tu vas encore me sortir le coup du dessin que ton morveux de petit frère aurait pu faire, c’est ça ? »
- « C’est incroyable à quel point tu es fermé d’esprit. »
- « Ah ouais alors pour toi si on te montre pas un champ de tournesol c’est pas de l’art, c’est ça ? »
- « Tu es tellement petite-bourgeoise. »
Parfois sa bouche mieux valoir fermer fort – et c’est tellement dommage.
(*Je suis la destinataire de cette interrogation méprisante, et je ne m’en suis jamais vraiment remise).
Et toi, tu vois d’autres trucs qu’il vaut mieux éviter de se vanter de détester ? (Il y a bien The Dark Knight Rises mais je me suis dit que ce serait une bien mauvaise idée d’en parler à nouveau.)
Vous aimez nos articles ? Vous adorerez nos newsletters ! Abonnez-vous gratuitement sur cette page.
Les Commentaires
Dans mon lycée, il est mal vu de ne pas aimer les jeggings et les Nike air... Ce qui est mon cas