Quand j’étais petite, je rêvais d’avoir un chien. J’en avais parlé à mes parents, qui n’étaient pas encore prêts, et pour accélérer les choses, j’essayais des rituels magiques, mettant des figurines en forme de chien dans de l’eau en faisant des incantations chelou pour que le plastique se transforme en poils.
Ça n’a pas marché.
Une nuit, j’ai rêvé que j’avais un chien et que je l’avais appelé Charly. Alors quand mes parents ont fini de peser le pour et le contre et ont décidé que « bon d’accord ok, on aura un chien », j’ai tout naturellement décidé de l’appeler Charly, parce que « C’est un signe ! Un rêve prémonitoire ! », persuadée que j’étais capable de voir l’avenir dans mes songes. (Par contre, depuis, j’ai rêvé que je passais un casting en chantant Les Rois du Monde de Roméo et Juliette, la comédie musicale, sans bien connaître les paroles et en essayant tant bien que mal de reproduire la chorégraphie. J’espère très fort que, finalement, je n’ai pas ce don.)
Bref, quand j’avais 11 ans mes parents et moi avons adopté un cairn terrier avec une bonne tête et de la gentillesse plein les poils, pas forcément très glamour mais terriblement attachant et bien trop pipou. Il est toujours vivant (même si ça se voit un peu moins que pendant sa folle jeunesse), c’est toujours le plus cool de tous et il me manque souvent, maintenant que je ne vis plus chez mes parents et que je ne rentre dans ma région natale que toutes les cinq ou six semaines.
L’énergie de la fête, par Charly Riche, 15 ans.
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Depuis que je le connais, face aux gens qui n’ont de cesse de crier leur bonheur d’être des admirateurs des chats par opposition aux ardents défenseurs des chiens, je tente régulièrement de l’ouvrir pour faire savoir que non, NON, les chiens ne sont pas seuls. Qu’ils ont des ami•e•s, aussi.
Bien sûr, ils ont moins de classe, pour la plupart. Bien sûr, ils sentent un peu forts, de tous les orifices, de toute la peau et de tous leurs poils. Bien sûr, ils ne se lavent pas tous seuls. Bien sûr, ils vont même se rouler dans la merde d’autres chiens, avant de NE PAS se laver tous seuls.
Moi, je préfère les chiens, et j’aime surtout le mien. Et depuis la première fois que je l’ai vu, j’ai connu quelques trucs plus marquants que d’autres.
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Chien ça rime avec câlin
Quand on est allés chercher Charly, qui n’était alors qu’une toute petite boule de poils avec les oreilles pas finies, on a dû faire une heure de voiture. À l’aller, je pense que j’étais globalement hystérique, trop pressée d’avoir un chien. Au retour, par contre, j’étais toute calme, regardant avec des yeux tout ronds ce nouveau membre de la famille (tout le monde n’est pas d’accord avec l’idée qu’un animal de compagnie fait partie de la famille, et je comprends toutes les opinions, mais dans ma tribu, ce chien a une place particulière).
Il avait l’air tout perdu, comme n’importe quel animal que tu enlèves à un environnement et qui, certes, surtout tout petit, s’y fait en dix minutes, mais semble les passer en étant paumé. J’avais peur de lui faire peur et, bien que je rêvais de le prendre sur moi pour le rassurer, je ne voulais pas trop le bousculer en l’attrapant dans mes bras maladroits d’enfant. (Enfin en vrai, je pense pas que j’étais aussi patiente : j’imagine que ce sont mes parents qui m’ont demandé de pas être une brute.)
Alors je le quittais pas des yeux et je lui caressais la tête tout doucement de temps en temps. Au bout de quelques minutes, BIM : il est venu poser sa tête sur ma cuisse. J’en ai eu la larmiche dans l’oeil, je te raconte pas.
Le chien, l’arrosoir et la friteuse, huile sur canvas (mais en fait c’est une photo Instagram).
Depuis, en terme de câlins, ce chien ne m’a jamais déçue (du moins, pas jusqu’à ce que je quitte le cocon familial et qu’il n’ait jamais vraiment le temps de se ré-habituer à moi avant que je reparte de la maison à la fin du week-end). Il est toujours prompt à venir roupiller à côté de ses maîtres et à gratter la jambe quand il voit qu’on est triste ou malade. J’ai beau chercher, je n’ai jamais vu comportement aussi affectueux et loyal chez les chats, les
pandas roux ou les autruches !
Quand ça a des hormones
Un autre moment où un chien te touche, c’est quand il prend ta jambe pour un truc avec lequel forniquer. Déjà que c’est gênant quand ton chien le fait sur toi et que tu dois l’envoyer se frotter ailleurs d’un ferme mais bienveillant geste de la main, mais alors bonjour bonsoir et bisous l’angoisse et la gêne quand il fait ça à ta toute nouvelle pote que tu viens de te faire au collège et avec qui tu essaies de consolider des liens amicaux en l’invitant à prendre le goûter.
Malaise ultime.
Il fait de nous la personne la plus importante du monde
Parfois, dans la vie, on croise des gens qui sont tellement attentionnés avec ceux et celles qu’ils reconnaissent dans la rue qu’on croirait qu’ils sont à leurs yeux la personne la plus importante du monde. Le truc, c’est que c’est probablement faux : tu ne peux pas être la personne la plus importante du monde aux yeux de toutes les personnes qui sont juste gentilles et ont envie de montrer aux autres qu’ils ont de la valeur à leurs yeux, même s’ils ne t’ont vu•e que deux ou trois fois dans leur vie.
En revanche, quand tu rentres chez toi et que tu retrouves ton chien, c’est la folie ! Il a la queue qui fouette l’air comme un allergique fouette l’air de sa raquette pour chasser les moustiques, il saute partout, et parfois, il est tellement heureux qu’il en urine partout.
C’est quand même dingue ! Moi-même, quand je retrouve ma personne la plus importante du monde tous les soirs, je ne fais que me pendre à son cou. C’est finalement très peu. Je devrais uriner des litres par terre et frétiller de tous les membres pour bien montrer tout mon amour, si ça se trouve.
Il me donnait déjà l’impression d’être la personne la plus importante du monde quand je ressemblais à Kirby, c’est beau.
On peut l’accuser de nos propres pets
C’est mon petit bonus bon plan d’avoir un chien à moi.
Charly, je le vois vieillir, perdre en énergie et tomber malade, puis guérir et se mettre à courir dans tous les sens deux jours plus tard. Je sais bien qu’il n’est pas immortel, et qu’il a déjà 15 ans, et qu’il est plus proche de la fin que du début si vous voyez ce que je veux dire, mais bordel de zboub, il aura bien profité de chaque jour de sa vie pour être le meilleur des chiens. Même quand il est chiant pendant les balades (il s’étale de tout son long façon carpette en refusant d’avancer à nouveau), ou quand il y a une femelle en chaleur dans le coin et qu’il sent tellement fort qu’on dirait que quelqu’un a oublié un oeuf dans son rectum pendant deux ans.
Et tout le bien que je pense de lui, je suis consciente que toutes les heureuses propriétaires, maîtresses, colocataires de chien pensent la même chose du leur : alors à toi, maintenant ! Raconte nous dans les commentaires tout le bien, et tout ce qui t’a marqué, dans le fait d’avoir un chien.
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