Dans la vie, on n’y peut rien, y a des moments où on se sent un peu moins d’humeur follichonne que d’autres. On devient triste et bougon et on a envie de se remonter le moral fissa, ce qui est bien normal.
Du coup, on a toutes, dans ces cas-là, nos petites habitudes réconfortantes. Certaines nous remplissent d’un bonheur instantané et durable (du genre manger une rougail en se réveillant d’une sieste commencée à 15h et terminée à 19) et d’autres ont des effets secondaires plutôt désagréables. En voici quelques exemples.
L’odeur des oignons
Je ne sais plus franchement si j’aime vraiment cuisiner ou si je le fais pour embaumer ma cuisine d’odeurs diverses et variées. Épices, lardons bien cuits, chocolat fondu, mais aussi beurre cramé, fromage qui pique ou gratin oublié trop longtemps au four sont ainsi des arômes qui parfument mon quotidien.
Mais celle que je préfère, celle qui me donne envie d’avoir le moral, celle qui me remet de la joie dans mon coeur et me fait ronronner, c’est bien celle de l’oignon qui cuit dans la poêle. Je reconnaîtrais ce parfum entre mille, parce que c’est probablement celui que j’ai le plus senti dans ma vie.
Les vraies interrogations.
Parfois, quand je m’apprête à lancer un film feel good parce que je suis patraque mais que j’ai pas forcément envie de passer plus d’une heure et demie à regarder un truc que j’ai déjà vu, j’ai le réflexe de choisir à la place de me faire cuire un oignon. De toute façon, ce sera pas perdu, puisque j’en mets partout (limite si j’en fous pas dans mes salades de fruits).
Et quand l’odeur arrive jusqu’à mon nez, je soupire de plaisir. Je me sens enfin à ma place, chez moi. C’est mieux que de goûter au coin du feu, c’est mieux que de s’emmitoufler dans une couette. L’oignon, ma madeleine de Proust olfactive. L’oignon, la vie.
>> Quand ça ne fait plus plaisir du tout
Le problème, c’est que l’odeur de l’oignon n’a pas le même intérêt quand elle est froide (un peu comme la clope. Que celle qui n’a jamais eu envie de mourir en débarquant dans son salon qui pue le tabac froid m’asperge de gaz pour briquets dans l’oeil). Le parfum de l’oignon s’immisce partout et s’incruste dans les fringues, les cheveux et les tissus. Résultat, en débarquant chez toi après une cure d’oignons, les gens s’imaginent au mieux que tu as de la gelée de foie gras dans le sang, au pire que tu as des problèmes intestinaux.
Porter un col roulé
Faire les magasins en hiver, c’est parfois, pour certains, se mettre à courir de part en part de la boutique en s’émerveillant devant les énormes pulls à col montant. Est-ce qu’il existe dans le monde quelque chose de plus tentant que de s’emmitoufler dans un col roulé à grosses mailles lorsque les températures se rapprochent dangereusement du zéro ? Je ne crois pas.
Il est là, le col roulé, il est partout, dans tous les magasins, il est sexy
quand il est moulant et je l’aime d’autant plus qu’il cache mon cou qui a tendance à gonfler tel un soufflé au fromage quand j’en abuse – du fromage. J’aime les cols roulés : j’en ai plein, et mes yeux s’enflamment d’amour quand je vois des gens en porter élégamment. Ce qui n’arrive jamais.
>> Quand ça ne fait plus plaisir du tout
Tu t’en doutes au vue du reste de l’article, tout ceci n’est qu’un leurre : le col roulé n’a rien de réconfortant, de confortable ou d’appréciable. Il gratte, il gêne la respiration quand il est trop serré et il peut éventuellement donner un port de tête un peu bizarre qui donne l’impression à autrui que tu cherches à mimer la girafe.
C’est désagréable bien que chaud. Ceci dit, estimons-nous heureuses : nous connaissons rarement l’angoisse du tissu qui enserre la pomme d’Adam responsable de 95% des suffocations nerveuses.
Regarder Faites entrer l’accusé
Quel que soit le présentateur ou la présentatrice, il existe dans ma télévision un programme dont je ne me lasse pas : Faites entrer l’accusé. Je n’irai pas jusqu’à dire que je le regarde religieusement tous les dimanches, mais quand ça m’arrive, j’aime bien.
Je ne sais pas vraiment ce qui fait que j’y trouve une sorte de réconfort bizarre. Je ne veux pas dire par là que je suis une sociopathe ou une perverse qui adore entendre des histoires de gens séquestrés, torturés ou tués, loin de là.
C’est juste que je regarde ça de façon déconnectée, sans faire de lien avec l’atroce réalité. C’est comme lire un livre sur des serial killers, mais en mieux : les voix sont posées, on peut entendre régulièrement une petite musique au piano et les entretiens entre la présentatrice et les experts ou famille des victimes ont lieu dans un décor à la lumière douce, chaude et apaisante.
Ma passion bizarre pour les faits divers est alors combinée à une ambiance « conversation triste autour d’une table de cuisine à la tombée de la nuit ».
>> Quand ça ne fait plus plaisir du tout
Regarder Faites entrer l’accusé c’est sympa, jusqu’au moment où tu vas te coucher seule dans ton lit et que tu repenses à ce que tu as entendu pendant l’émission, les yeux grand ouverts dans le noir, réalisant alors que c’est arrivé pour de vrai.
Franchement, pour s’endormir d’une façon encore moins paisible, t’as plus court à foutre un MP3 d’enfants qui chuchotent et de portes qui grincent.
Faites entrer l’insomnie, ouais.
Faire la vaisselle quand il fait froid
L’hiver, c’est les décorations de Noël, les balades dans la neige et les soirées sous la couette. Mais c’est aussi redécouvrir la désagréable sensation des doigts engourdis par le froid et du sang qui ne circule plus, comme si tes veines étaient obstruées par des Skittles.
Quand tu es à l’extérieur et que tes gants ne suffisent pas à te réchauffer les phalanges, rien ne pourra venir à ton secours et je suis bien désolée de t’annoncer que tu n’as plus d’autres recours que l’amputation si vraiment, tu veux venir à bout de cette sensation de froideur. Mais quand tu es chez toi, c’est plus simple : t’as l’eau chaude à disposition.
Moi ce que je fais, comme la bonne femme d’affaires que je ne suis pas, c’est qu’au lieu de me mettre les mains sous l’eau chaude ou de prendre une douche brûlante sans bouger et de faire mal à la planète et aux ours de la banquise, j’allie l’utile à l’agréable : je fais la vaisselle. Et ça tombe bien, parce que j’ai toujours mille assiettes pleine de gras séché dans mon évier. Double combo du plaisir : le bonheur de sentir ses doigts retrouver la chaleur, et l’auto-satisfaction d’oeuvrer au rangement de mon logis.
>> Quand ça ne fait plus plaisir du tout
Faire la vaisselle reste une activité ménagère chiante et pénible. Ce qu’on réalise assez rapidement une fois qu’on est réchauffées.
Et toi, quels sont les trucs soi-disant réconfortants qui, en réalité, pue sévère ?
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