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Ces trucs débiles que j’ai fait pour avoir l’air cool au collège

Ah, le collège, ère d’indécision, que ce soit au niveau de l’attitude, des fringues ou encore du maquillage. Jack Parker vous raconte ses petites expérimentations foireuses.

On a tous eu des périodes plus ou moins obscures au cours desquelles on a fait deux trois trucs dont on est pas tellement fiers aujourd’hui — et c’est pas Sophie-Pierre Pernaut qui me dira le contraire. En ce qui me concerne, je n’ai pas échappé à la règle et je me suis même allègrement roulée dedans sans ménagement tout au long de mes années collège.

Voici cinq trucs débiles que j’ai fait pour avoir l’air cool et qui n’ont fait qu’aggraver ma situation parce que j’avais quelques lacunes en matière de compréhension du monde des ados à l’époque.

Mentir pour me rendre intéressante

Comme j’avais pas une vie super excitante à l’époque et que pas grand monde ne m’aimait au collège, il fallait que j’innove. J’écoutais alors attentivement les récits de chacun de mes camarades quand ils parlaient de leurs vacances, de leur enfance, d’une aventure extraordinaire qu’ils avaient vécu ou de leurs histoires de coeur, et j’essayais de m’imaginer à leur place.

Quel genre d’aventure aurais-je bien aimé vivre, qui pourrait être à la fois réaliste et me rendre cool aux yeux de tous ? Je réfléchissais à tous les détails — l’endroit, la tenue que je portais, l’identité de la personne qui m’accompagnait, la météo… — et une fois que je me sentais prête, je me lançais.

Cette belle aventure a pris fin le jour où j’ai dit à tout le monde que mon père était mort parce que ma copine, dont la grand-mère venait de mourir, recevait amour et attention de la part de tout le monde à une soirée, et que je me suis dit que si ça marchait pour elle, ça marcherait sûrement pour moi.

Alors ce soir-là, j’ai tué mon père, et j’ai passé le reste de la nuit à pleurer, à faire semblant de vouloir me faire du mal parce que c’était trop dur et à partager ma peine avec ma copine à la grand-mère morte, profitant au passage des bras réconfortants de Yann S., le mec dont j’étais follement amoureuse (et qui a fini par dépuceler ma meilleure amie deux ans plus tard : on appelle ça le karma-dans-ta-gueule). Comme mon père ne faisait pas partie de ma vie à l’époque, tout le monde m’a crue, et s’est jeté sur moi pour me consoler.

Inutile de préciser que tout le monde m’a bien violemment fait la gueule quand j’ai craché le morceau et avoué que mon père était toujours de ce monde. Sauf ma copine à la grand-mère morte qui, rétrospectivement parlant, était bien peu rancunière, parce que je me serais probablement pété la gueule à l’époque si j’avais été à sa place.

Aujourd’hui encore j’ai terriblement honte de cette histoire, et ça m’a tellement calmée que j’ai évité les gros mensonges depuis, tellement ça me picote encore dans la colonne vertébrale quand j’y repense (même si quelques années plus tard, j’ai fait croire à des gens sur une salle de chat MSN que je m’appelais Tatiana parce que je trouvais ce prénom vachement cool – ce que je n’avais pas prévu, c’est qu’on devienne tous amis IRL quelques semaines plus tard, et aujourd’hui ils ne se gênent pas pour me rappeler ma connerie en me surnommant affectueusement « Tiana »).

La coupe à l’eau et aux frisottis

Les années collèges, pour nous, se sont déroulées pile dans la transition entre les années 90 et le passage à l’an 2000 — une période riche en rebondissements modesques absolument incroyables.

Parmi ces petites tendances mignonnes et passagères, qui prenaient parfois des allures de dictature dans les cours d’école, il y a eu la mode des cheveux plaqués en queue-de-cheval ou chignon, sans un poil qui dépasse sur le dessus de la tête en dehors de deux mèches qui encadraient délicatement nos visages à peine pubères.

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Comme vous le savez peut-être, j’ai les cheveux relativement bouclés — sauf que je ne le savais pas encore à l’époque. Résultat, je portais les cheveux assez court, en carré plongeant inversé, et je les coiffais à sec chaque matin, m’étonnant de les voir aussi peu disciplinés face à mes coups de brosse acharnés.

Pour minimiser les dégâts, j’ai donc tenté de les porter attachés le plus souvent possible (en demi-chignon, technique dite de la « queue de cheval coincée dans l’élastique à mi-chemin ») et j’ai copié sur mes copines aux cheveux raides en essayant de les discipliner sur mon crâne.

J’étais fascinée par les milliers d’allers-retours que faisait ma copine Camille aux toilettes pour se passer de l’eau sur les cheveux histoire de dompter les petites mèches rebelles, et je me suis dit que je devrais faire pareil. Sauf qu’elle utilisait un spray coiffant, et que j’avais les cheveux qui frisottaient sur le dessus de la tête, comme une petite aura de caniche tout autour de ma tronche de cake.

Pour parfaire le tableau, je laissais choir deux petites mèches sur les côtés de mon visage. Deux mèches de cheveux bouclés coiffés à sec et sans produit coiffant, donc bouffantes, avec chaque cheveu qui vit son aventure dans son coin, et qui se dressaient sur le dessus de ma tête à chaque coup de vent, comme deux antennes broussailleuses.

Ajoutez à ça les bagues sur les dents du haut et du bas, un mono-sourcil et un style vestimentaire proche de l’enfant des rues, et vous obtenez la panoplie parfaite de la meuf qu’on a envie de taper mais on sait pas trop pourquoi.

Le string qui dépasse

L’année de mes quatorze ans, une de mes tantes (la tante « cool » réglementaire dans chaque famille à peu près équilibrée) m’a offert un string. Un string bleu en lycra dégueulasse qui montait jusqu’au nombril façon maillot de bain 80’s mais en moche.

En bonne petite adolescente non sexuée qui n’avait jamais embrassé de garçon en dehors du jeu de la bouteille ou d’action ou vérité, je le portais aussi souvent que possible et je prenais un malin plaisir à le laisser dépasser

entre la ceinture de mon pseudo-baggy DDP et mon pull tricoté avec des pingouins dessus, pour offrir une vision pas du tout creepy au reste du monde.

Les premiers jours, j’entraînais plusieurs de mes amis successivement au fond de la cour pour leur montrer ma nouvelle acquisition, toute fière de pouvoir afficher ma féminité avant-gardiste et de leur faire comprendre que j’étais une meuf vachement en avance, sexy et féline, et que l’âge adulte n’était plus très loin pour moi.

Sauf que j’étais pucelle, qu’aucun garçon ne voulait de moi, que j’avais de toute façon peur d’eux et que l’idée même de toucher un zizi me faisait horreur (alors imaginer le mettre dans ma bouche, BERK. JAMAIS DE LA VIE.)

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La même année, j’ai volé un lot de trois strings H&M avec ma meilleure amie, aux couleurs de la Jamaïque, et du coup je me sentais encore plus cool parce que je portais la panoplie de la femme active sexuellement ET parce que ça voulait clairement dire que je jouais à passe passe le oinj dans mon temps libre.

Porter des lunettes

De la même façon que j’ai pu croire que porter un appareil dentaire c’était cool (avant d’en avoir un et de réaliser que c’était vraiment de la merde), j’étais convaincue que porter des lunettes était un signe de classe et de distinction.

Quand je voyais mes potes sortir leur étui en cours et chausser leurs bésicles pour gratter le papier, je trouvais que ça leur donnait un air tellement sérieux et savant que je me suis persuadée que je serais tout de suite plus intelligente et respectée si j’en portais.

Je me suis donc plaint à ma mère de maux de tête à répétition, et du jour au lendemain j’ai eu « du mal à lire le tableau, même quand je suis au premier rang, c’est trouble et ça me gêne dans mon apprentissage, c’est sûrement pour ça que j’ai pas eu les félicitations ce trimestre, d’ailleurs ». On a donc pris rendez-vous chez l’ophtalmo, j’ai commencé les tests et je me suis rendue compte que je répondais beaucoup trop bien aux premières questions — alors je me suis auto-sabotée et j’ai raconté n’importe quoi, j’ai vu des girafes à la place des voitures, des O à la place des Q, et je suis sortie avec le droit d’aller m’acheter des lunettes et de vider le compte en banque de ma mère, sans vergogne.

Mais comme je suis un peu concon, je n’ai pas voulu attendre que l’effet des gouttes pour les yeux qui rendent quasiment aveugle pendant une journée se dissipe avant d’aller choisir mes lunettes. Je voyais que dalle, tout était, pour le coup, vraiment très trouble, je m’accrochais à ma mère qui guidait chacun de mes pas pour m’éviter une collision avec un poteau ou un scooter, et je suis allée acheter mes lunettes. J’ai bien essayé de me faire une idée de ce que ça donnait dans un miroir, et ça me paraissait pas trop mal, mais j’y voyais vraiment pas grand-chose.

Résultat, en retrouvant ma vision le lendemain, j’ai constaté que j’avais fait une énorme erreur. Je suis quand même allée en cours avec parce que bon, j’avais fait chier pour les avoir, et si ça se trouve les autres les auraient trouvées cool — mais non, ça n’a pas raté, j’avais encore plus une tête à claques qu’avant et tout le monde s’est bien foutu de ma gueule. J’ai dû porter ces lunettes trois fois dans ma vie, et ça ne m’aura pas rendue plus intelligente.

Me maquiller en cours de sport

Pour récapituler rapidos : entre la 4ème et la 3ème j’avais donc une coupe mi-brosse-à-chiottes mi-caniche-mouillé-sur-bouche-d’aération, un style proche du néant, un peu comme si une mauvaise friperie m’avait éternué dessus, un faciès en construction permanente et le charisme d’une moule pas fraîche dans un caniveau. Mais comme je suis une éternelle optimiste, rien n’était encore perdu pour moi.

Ma tante « cool » est encore intervenue pour m’offrir, cette fois, tous les restes de maquillage qu’elle avait récupérés à son boulot et dont elle ne se servait pas. Ombres à paupières, rouges à lèvres, blush, mascara — il y avait de tout. Un seul point commun : ils étaient tous dans des teintes aberrantes, piochées dans l’antichambre des 90’s, comme une alliance parfaite entre un retour de rave et un Jackson Pollock abandonné sous la pluie.

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Est-ce que je cachais, derrière mon apparence de loser sans avenir, un don pour le mariage des couleurs, le camouflage d’imperfections et la mise en valeur de toutes les formes de visages ? Évidemment que non. Moi, mon truc, ça a toujours été le « plus y en a, mieux c’est ».

Déjà en maternelle, quand on devait colorier des dessins, j’attrapais une poignée de crayons de couleurs et je ravageais ma feuille. C’est donc tout naturellement que j’ai appliqué cette technique à mon maquillage.

J’avais donc, pour les yeux, de l’ombre à paupière dans les tons soit brique (pour un regard façon mixomatose-retour de baston-j’ai arrêté l’héroïne avant-hier) soit charbon-bleu (pour un look d’enfant de la mine au top de sa forme).

Pour les lèvres, je me suis éclatée. J’avais récupéré des rouges à lèvres argentés, dorés et violets, tous métallisés et, tenez-vous bien, j’ai trouvé le moyen idéal de tirer le meilleur de ces tubes : les porter tous en même temps. Couche sur couche. Eeeeeeh ouais, je sens que vous avez les boules de n’y avoir jamais pensé. Une couche de doré, une couche de violet, une couche d’argenté et BIM, j’étais prête pour… aller faire du volley dans un vieux gymnase qui pue avec un jogging en coton troué et des chaussettes dépareillées parce que je suis avant tout une femme GLA-MOUR.

Sans compter que j’avais l’air d’avoir 9 ans, que j’agrémentais tout ça d’une énorme couche de blush jusqu’aux tempes, que je rajoutais des paquets de mascara bon marché sur mes petits cils friables, et que, parfois, quand je me sentais un peu fofolle, je rajoutais du mascara pour cheveux doré sur une mèche de ma chevelure sale et indisciplinée.

Suis-je devenue la coqueluche du collège grâce à tous ces stratagèmes ? Bien sûr que non, la route a été pavée de coups et de railleries, et je n’arrangeais certainement pas mon cas avec ces conneries, mais au moins, j’ai expérimenté. Un peu. Je me suis cherchée, quoi.

(P.S. : les illustrations de cet article vous ont été offertes par le Comité des Adorateurs de Bill Haverchuck, qui tient à préciser que l’auteure a bien conscience que même en ultra-nerd, Bill était dix fois plus cool qu’elle ne l’a jamais été).


Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.

Les Commentaires

26
Avatar de Capillotractee
6 octobre 2017 à 16h10
Capillotractee
Bordel j'ai fait la même pour les lunettes. Sauf qu'à l'époque c'était parce que j'étais phobique scolaire, et par je ne sais quel moyen j'ai réussi à choper un rdv le jour de mon contrôle de maths. Du coup j'ai pas fait mon contrôle de maths et aujourd'hui je suis myope à cause de cette connerie qui m'a bousillé les yeux (oui parce que moi on surveillait bien si je portais mes lunettes ou non)
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