— Article initialement publié le 7 juin 2012
Ah, comme je suis contente de ne pas travailler au service ressources humaines d’une grande entreprise ! C’est vrai quoi, je ne m’imagine tellement pas passer des heures et des heures à lire des piles de CV qui se ressemblent tous.
Il y a quelques années, quand ma meilleure copine faisait son stage au Parlement européen, elle me racontait que pour départager les candidats tous diplômés d’écoles équivalentes, son boss regardait ce qu’ils avaient mis dans la partie « loisirs » et/ou « activités extra-professionnelles ».
Le mec étant fondu de badminton, tous ceux qui mentionnaient un intérêt pour ce sport à raquette avaient sa préférence. Les autres candidatures finissaient dans un récipient cylindrique autrement appelé poubelle.
En même temps, puisqu’on noircit tous nos lettres de motivation des mêmes qualités (ponctualité, motivation et autres capacités d’adaptation) et des mêmes défauts (« J’exige beaucoup de moi même », « Oh vous savez, moi je suis du genre perfectionniste » HEIN), je comprend bien pourquoi le dernier paragraphe du CV fait forcément office de touche « cool » du document.
Du coup, au-delà de mes diplômes et de mes expériences professionnelles, je rajouterais bien quelques informations susceptibles de convaincre les rédactions pour lesquelles j’ai envie d’écrire. Quelques détails supplémentaires qui pourraient peut-être achever de les persuader de m’avoir dans leur équipe.…
Je ne fais jamais caca ailleurs que chez moi
Comprendre : je ne monopolise pas les toilettes et ne donne jamais dans la pollution olfactive sur mon lieu de travail.
Dans une des rédactions pour lesquelles je travaille et dont je tairai le nom, un collègue a souvent pour habitude d’aller au cabinet environ 12 minutes après sa pause déjeuner. Il y reste une bonne vingtaine de minutes, et une fois qu’il a fait son affaire, il est déconseillé à toute l’équipe de s’approcher des lieux du crime pour une raison que je vous laisse imaginer.
Sachez que moi, je ne mange pas de ce pain-là, et ce, pour une raison très simple : je n’arrive JAMAIS à faire la grosse commission autre part que chez moi.
Une fois, j’ai réussi au musée d’art contemporain d’une ville à l’étranger, mais c’est parce que 1. j’avais vraiment pas le choix, on était loin de l’appart dans lequel on logeait, 2. le musée était vide, 3. les toilettes étaient tout au bout de 10 galeries qui me séparaient du hall d’entrée, alors je me sentais presque comme Robinson Crusoé sur son île. Voilà.
J’ai des dîners de famille tous les week-ends
Comprendre : je ramène des nems au boulot pour mes collègues.
Ma mère fait partie de cette race de génitrices qui 1. utilise la bouffe pour montrer son amour, 2. part toujours du principe que nos convives ont forcément fait une grève de la faim avant d’arriver.
Du coup, elle prépare à manger pour environ 10 000 personnes, et comme y a jamais assez de place dans son frigo pour conserver les restes, elle oblige tous les invités à repartir avec des Tupperwares et des sacs congélos remplis de ses mets.
La plupart du temps, je rentre chez moi avec 50 nems répartis dans 4 boîtes en plastique. Et croyez-moi, j’ai beau aimer la friture, 50 nems à manger en moins d’une semaine, ça fait beaucoup. Alors mes collègues en profitent.
PS : les nems de ma maman sont ÉVIDEMMENT 53 fois meilleurs que ceux que vous trouvez chez le traiteur chinois qui, la plupart du temps, ne fait que re-frire des nems déjà préparés et achetés chez Tang Frères à Paris. Je vous aurais prévenu.
J’ai passé mon adolescence sur MSN
Comprendre : je suis un monstre de dactylographie
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J’ai grandi dans les années 90, et comme tous les gens de ma génération, je suis entrée dans l’adolescence alors qu’Internet commençait à sérieusement s’installer dans nos vies.
Je me souviens qu’à la fin du collège, tout le monde n’avait pas encore de connexion. Ainsi, « C’est quoi ton MSN ? » (au lycée) était devenu le nouveau « C’est quoi ta couleur préférée ? » (en primaire), soit LA question que tu poses pour connaître un peu plus intimement ton camarade de classe.
Et dans tout ça, mon Modem et sa bruyante connexion étaient mes meilleurs amis. À la maison d’ailleurs, il y avait une guerre qui opposait Internet et moi à ma mère et la ligne du fixe, l’un et l’autre étant incompatibles à l’époque.
J’adorais passer des heures et des heures à grignoter le forfait AOL de la famille pour discuter, que dis-je, CHATTER, avec mes meilleurs amis. Comme si dire des conneries sur les bancs du « bahut » ne suffisait pas. Ah, MSN. Grâce à toi, je tape plus vite que mon ombre.
Je regarde beaucoup de films en VO
Comprendre : j’ai de bonnes bases en anglais.
À 20 minutes en voiture de chez mes parents, il y avait ce complexe ciné qui faisait rêver toute la jeunesse lilloise. Tous les films y passaient, sur des écrans aussi grands que des stades de foot (non, je n’exagère jamais). Le complexe ciné présentait d’ailleurs l’avantage de se situer près d’un bowling et d’un énorme Pizza Hut.
Autant vous dire que mes potes adoraient y passer des après-midis et des après-midis entières. Le combo quilles-American Pie-Pizza 3 fromages quoi, vous savez.
Eh bien moi, je détestais aller dans ce complexe ciné. Pourquoi ? Parce qu’en grand temple du divertissement de masse que c’était, les films ne passaient qu’en VF. Et comme y’a rien de pire qu’un film mal doublé, c’est le moment de ma vie où j’ai décrété que je ne regarderai plus que des films en VO. J’avais donc « créé » une contre-équipe de potes, ceux qui snobaient le multiplexe pour des séances « films à la maison ».
Voilà monsieur le recruteur, sachez donc que comme beaucoup de jeunes, je tiens mes connaissances en langue de Shakespeare moins de l’école que des films et des séries que je regarde. Et en plus, ça me fait connaître des mots en slang, ceux-là même que les cours classiques d’anglais de l’Éducation Nationale ne nous apprennent jamais.
J’ai grandi à Lille
Comprendre : Je suis docteur ès houblon, je m’y connais excessivement bien en bières, et avec moi dans votre équipe, il n’y aura pas que de la Kro dans les pots que vous organisez.
Comment faire la fête pas cher et couleur locale quand on est un ado à Lille ? Dévaliser le rayon bières de Carrefour et se poser avec des potes dans un parc. Voilà comment, au lycée, j’ai décidé de me faire une idée de tout le patrimoine houblonnesque du Nord et de la Belgique.
À l’époque, j’avais même un carnet dans lequel je faisais des reviews de mes meilleures trouvailles. Y’avait des notes sur 10 et des qualificatifs dignes du vocabulaire d’un CM2 (« bon », « sucré », « bizarre ») mais c’était cool. Voilà. J’aurais pu devenir biérologue (l’équivalent de oenologue mais pour le houbon), oui je sais.
Et vous, quelles sont les attributs que vous aimeriez mettre en avant ?
À lire aussi : 6 erreurs que j’ai commises quand je cherchais un emploi (et comment les éviter)
Les Commentaires
AH OK JE DÉMÉNAGE EN BELGIQUE !
Au moins j'aurais peut-être plus de chances de trouver du travail...
Dans mon CV, j'ai mis que je voyageais beaucoup toute seule, je me suis dit que ça pouvait faire comprendre que je sais me débrouiller seule, que je suis autonome et que je m'adapte mais... Je me demande si ça fait pas peur, du genre "merde elle va se barrer n'importe quand" (oui. mais chut. d'abord j'ai besoin d'argent :mur
J'aimerais bien mettre des trucs comme "je suis fan de séries" "j'ai un sens inné pour la décoration intérieure" mais vu que je suis photographe... pas très utile
J'aimerais bien pouvoir mettre "je fume des joints" aussi (on sait jamais des fois que l'employeur me propose un pétard après le taf... ça peut détendre l'ambiance de la boite, non? )