Plus jeune, j’ai vécu le collège et le lycée comme une épreuve. Une jungle dans laquelle chaque geste semblait disséqué, chaque rayure sur mes mi-bas interprétée, chaque mot sur les copies doubles corrigé… Ce fut une période éprouvante pour moi, mais aussi l’une des meilleures de ma vie.
Si j’oublie le jour où mon prof de maths m’a humiliée au tableau parce que je comptais sur mes doigts, et ma première pelle baveuse devant la porte du CDI, elle était pas si mal, cette époque où nos sacs à dos pesaient sur nos coccyx !
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Baladeur MP3 dans la poche et khôl sur la muqueuse, rendons-lui sa gloire d’antan ! Voici sept emblèmes mythiques de ce bon vieux collège, et je conseille au ministère du Travail de se pencher très sérieusement dessus.
La permanence
La salle de perm’ était ce fabuleux endroit, fruit de l’union entre une salle de classe et une cour à la sonnerie de 10h02. C’était là que tu donnais rendez-vous à ton crew quand il neigeait dehors ou quand tu n’avais pas d’autre choix (car tes parents avaient coché la mauvaise case dans ton carnet de liaison) (pas de bol).
Surveillée par un•e « pion•ne » à l’œil hagard, la pièce était, dans la majeure partie des cas, peuplée d’élèves fort affairés à terminer leurs acrostiches et d’un individu viré du cours de techno pour avoir confondu le fil d’étain avec le bras du voisin.
Faut toujours qu’il y ait une balance, c’est fou ça.
En général, poser une fesse ou deux sur les chaises de la perm’ était signe que la journée se passait bien. Soit c’était bientôt l’heure de prendre le bus, soit un•e prof avait eu l’excellente idée d’attraper une rhino.
J’ai été collée une seule fois dans ma vie. Au lycée, j’avais profité d’une heure entre deux cours pour acheter un débardeur chez Mim deux rues plus loin. Or, seul•es les terminales avaient le droit à ce traitement de faveur… En plus, après seulement un lavage, le débardeur a rétréci et s’est transformé en crop top fort peu assorti à mon sarouel en lin bio.
Conclusion : j’aurais mieux fait de jouer au morpion avec mon voisin pendant une heure, au lieu de passer mon mercredi après-midi à placer les fleuves allemands sur une carte, le nombril à la vue de tous.
- Pourquoi militer pour sa réintégration ?
Imagine : une salle calme et studieuse, dans laquelle aucun collègue n’est en droit de te demander de lui passer le scotch, des heures réservées à l’avancement de ton travail du lendemain sans empiéter sur ton goûter et un inspecteur des travaux (pas trop finis) le nez dans son magazine. Voilà.
Les cours de sport
Montées de genoux, talons-fesses, roulades arrière et coups de crosse de hockey dans les tibias… Le sport au collège c’était obligatoire. Que tu aimes ça ou non, plusieurs heures de ton emploi du temps étaient dédiées au renforcement de ton esprit d’équipe et à l’évacuation des calories du rab d’omelette à la cantine.
- Pourquoi militer pour leur réintégration ?
Depuis que tu as quitté le milieu scolaire, la simple vue d’un vestiaire collectif te donne des plaques sur les cuisses. Tu te souviens des débardeurs puants de l’armoire du fond et de tes prières si peu souvent exaucées pour faire partie des « sans-maillot » lors des tournois de foot.
Le sport ça n’a jamais été ton truc et, depuis que tu travailles, tu n’as pas le temps ni l’argent pour pédaler dans l’eau ou faire des squats en justaucorps.
Imagine maintenant que ton boss décide de réserver quatre heures de ton emploi du temps à des exercices physiques et sportifs (genre, toucher tes pieds avec tes mains, les jambes tendues). Rester en forme tout en créant des liens forts un enchaînement de pyramides humaines sur un remix d’Eye of the Tiger avec tes collègues : en voilà un beau business plan !
L’appel
Au collège, c’était pas comme à la fac : impossible de faire la morte. Tous les cours commençaient par un cérémonial qui te laissait le temps de préparer ton excuse ou de recopier vite fait l’exercice du jour sur ta voisine.
Pendant plusieurs minutes, le/la prof appelait les noms des différentes personnes de la classe pour s’assurer que tout le monde était bien là (on sait jamais, y’a de quoi se perdre dans les méandres du bâtiment d’un étage à l’autre).
- Pourquoi militer pour sa réintégration ?
Parce que, malheureusement, il n’est plus coutume de plier une copie simple avec son nom inscrit au marqueur fluo sur le bord de sa table. Et qu’il faut vraiment que tu arrêtes de croire que Bruneau est un admirateur secret qui t’envoie des agrafeuses gratos.
L’infirmerie
En général, tu ne passais pas tant de temps que ça à l’infirmerie. Pourtant, chacune de tes virées derrière cette porte qui sentait le désinfectant se transformait en aventure spectaculaire.
Repense à cette fois où tu as dû accompagner Nicolas qui s’était planté une écharde dans l’index : tu avais été si fier•e d’avoir été désigné•e responsable que tu hésites encore à l’ajouter à tes expériences sur LinkedIn !
- Pourquoi militer pour sa réintégration ?
Une petite sieste OKLM ? Une douleur passagère de la voûte plantaire ? Une envie soudaine d’en savoir un peu plus sur les maladies vénériennes ? Tu lèves le doigt, informes ton/ta supérieur•e que tu quittes la pièce et c’est parti pour une heure allongé•e dans la pénombre. Elle est pas belle la vie ?
Les cours de musique
Je me rappelle de mon prof de musique. Son truc, c’était d’enregistrer secrètement notre arrivée dans la salle pour nous prouver qu’on faisait quand même un sacré bordel. Il arrivait souvent à nous faire rire… mais pas toujours.
Parfois, il désignait un élève au hasard en promenant son doigt sur le trombinoscope et le forçait à chanter un karaoké. C’était noté, alors, heureusement, on avait le droit de choisir la chanson !
Si ce passage obligé terrifiait tout le monde, ce cours avait quand même pour avantage de nous aider à nous forger une culture musicale qui se situait jusqu’alors dans un précipice entre Sum 41 et Anne Sylvestre. Finalement je ne sais pas qui des deux avait le plus de courage : l’élève au micro dans sa main moite ou le prof à la voix de velours.
« Lettre au front — Kenza Farah », reprise libre.
- Pourquoi militer pour leur réintégration ?
Laisse Jérôme au fond du bureau à droite réaliser la playlist du pot de remerciement aux investisseurs et tu risques de vite comprendre.
La sonnerie
La sonnerie était la digne succèsseuse du claquement de main de la maîtresse. Toutes les heures, elle indiquait le début du cours, sa fin, ou la moitié du temps prévu pour ton interro de lecture sur les Pensées de Pascal — signe, donc, que tu devais te grouiller de finir ou continuer de pleurer en silence.
« Cinq ! Quatre ! Trois ! Deux !… »
- Pourquoi militer pour sa réintégration ?
Parce que la pause syndicale a beau être fortement conseillée, tu as souvent du mal à t’extirper de ton travail pour t’humidifier la truffe. D’ailleurs, ton patron pense qu’il est toujours de bon ton de te demander un rapport sur les statistiques au moment où l’écran de ton ordinateur vient enfin de s’éteindre. Mais il paraît que c’est pas de sa faute, faut le comprendre, il a pas la notion du temps. Pauvre garçon.
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La récréation
À vrai dire, la seule et unique raison qui te poussait à monter dans un bus à 7h30 tous les matins de la semaine, c’était les cinq minutes de marche qui reliaient la gare routière à ton collège, la cantine… et la récré. Pas de prof pour te dire quelle couleur d’intercalaire choisir ni de crampes dans le poignet.
Tu étais enfin libre. C’était le moment de vaquer à de nombreuses occupations comme vider ton sac dans ton casier ou lire un SMS discrétos en cachant ton LG Chocolate sous une grosse écharpe.
- Pourquoi militer pour sa réintégration ?
Parce que quand tu travailles en collectivité, tout le monde est au courant quand tu pars faire caca.
« Hé, j’ai un truc à demander à Josée. » « Elle est plus sur sa chaise ! » « Ni à la machine à soupes lyophilisées ! » « Bin merde elle est où Josée ? » « Josée ? Héé, Josée ! »
Et toi, quels sont les trucs du collège et du lycée que tu aimerais voir réapparaître dans ta vie d’adulte ?
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Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.
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