C’est fou ce que le cycle féminin peut être fascinant. Toutes ces hormones, toutes ces ovules, tout ce sang… C’est vraiment génial. (?)
Blagues à part, je suis typiquement le genre de personne qui médite parfois sur la vie en se disant à quel point la nature est bien faite.
Mais je suis également le genre de personne qui médite sur la vie en se disant à quel point la nature est une sale race.
Aujourd’hui, c’est plutôt du deuxième point de vue que je vais aborder le sujet des « TDPM » ou « Troubles Dysphoriques Prémenstruels ».
Encore trop peu connus du grand public, c’est pourtant un fardeau pour toutes les femmes qui en souffrent, ainsi que celles qui n’ont même pas conscience d’en être atteintes.
Pour remédier à cela, voici une explication de ce dont il s’agit et comment ça fonctionne.
Troubles Dysphoriques Prémenstruels, ça se mange ?
La première fois que j’ai entendu parler des Troubles Dysphoriques Prémenstruels, le simple nom m’a donné la migraine.C’est long, c’est moche, c’est lourd (prenons quelques secondes pour éviter une blague beauf et évidente — merci. Reprenons.) Bien sûr, pour avoir eu vent de ce trouble, il faut avoir été mis•e en circonstances.
C’est assez rare d’entendre quelqu’un s’écrier en plein milieu d’une plancha en terrasse : « Diagnostic et stratégie thérapeutique en vue d’un trouble dysphorique prémenstruel ! » comme ça, sans raisons.
Ou peut-être que si. Tout est possible. Personne ne juge, ici.
Pour en revenir à nos menstrues, je me suis donc penchée sur le sujet il y a de ça 5 ou 6 mois. Sans rentrer dans les détails, j’étais à une phase de ma vie un peu particulière où je tenais une forme mortelle.
Pas mortelle dans le sens « patron, un autre mojito ! », mortelle dans le sens : « mortelle ».
À l’approche de la période bénie que sont <3 les règles <3, j’ai commencé à ressentir une euphorie intense, une joie considérable et une envie de courir trois marathons.
C’est faux.
À part si euphorie signifie « désespoir », « joie » -> « avoir envie de s’enterrer vivant•e » et « courir trois marathons » -> « mdr le seul marathon que je vais faire aujourd’hui c’est dans mon lit et sur Netflix », rien de ce que je viens de dire n’est vrai.
Quand subir ses règles passe au stade supérieur
Être de nature hypersensible impose parfois d’être confronté•e à quelques états d’âme un peu compliqués à gérer.
Je ne m’étais donc jamais vraiment questionnée quant aux conséquences de mon cycle hormonal sur mes humeurs, ce qui semble totalement débile de ma part quand on y pense.
Il faut dire aussi que pendant longtemps, je n’avais pas à m’en plaindre comparé aux autres nénettes qui autour de moi avaient l’air de vivre un enfer tous les mois.
Mes règles étaient tout ce qu’il y avait de plus normal, voire mes douleurs n’étaient pas excessives et je trouvais que je m’en sortais plutôt bien côté sentiment lunatique.
À lire aussi : Comment j’ai maîtrisé mes douleurs de règles en 4 étapes
Mais il faut savoir que le Trouble Dysphorique Prémenstruel ne survient pas forcément dès le début de ses premières règles.
Les choses se sont donc gâtées. Au fur et à mesure que les années passaient, je rejoignais le cercle privé (et à la fois pas si privé que ça) de la team « Mauvaise-Semaine-Je-Suis-En-PLS. »
Les reins en miettes OK, le bas du ventre martelé OK, jusque là rien de bien anormal, mais un certain panel de nouveaux symptômes inconnus n’allaient pas tarder à s’ouvrir à moi.
Migraines, nausées importantes, envies dévorantes de nourriture qui déjà qu’amplifiées pendant les règles frôlaient carrément l’hyperphagie mais surtout : un profond, profond sentiment de mal-être.
Dit comme ça, beaucoup vont penser « La base quoi. » Oui, mais non.
Un trouble difficile à déceler
Si chaque femme est différente, ce trouble survient généralement au début de la phase lutéale du cycle menstruel (après l’ovulation quoi) et prend fin lorsque vos menstrues débutent.
Selon le docteur Dr. Uriel M. Halbreich ayant rédigé The diagnosis of premenstrual syndromes and premenstrual dysphoric disorder (Le diagnostic de syndromes prémenstruels et de trouble dysphorique prémenstruel en Français), il concerne 3 à 8% de la population féminine.
Or, comme il est difficile de faire la distinction entre un simple SPM et un TDPM, beaucoup ne savent pas qu’elles en souffrent.
En réalité, le problème provient surtout du manque d’informations crucial à ce sujet. Pas étonnant quand on sait que les règles sont encore un sujet tabou…
Comment savoir si on est concernée, alors ?
Voici une liste de symptômes provenant directement de revmed (Revue Médicale Suisse) :
Psychologiques d’abord :
- Sentiment de profond désespoir ou de tristesse, pensées de suicide possibles
- Sentiment de tension ou d’anxiété
- Crises de panique
- Irritabilité ou agressivité durable, forts conflits relationnels
- Apathie ou désintérêt des activités et relations journalières
- Appétit exacerbé/hyperphagie
- Forte sensibilité au rejet et aux critiques
- Intensification ou diminution du désir sexuel
- Insomnie ou hypersomnie
- Humeur changeante, pleurs
- Sentiment d’être débordé/pertes de contrôle
- Difficultés de concentration
Physiques ensuite :
- Gonflement des seins
- Acné
- Troubles du sommeil
- Troubles du transit
- Maux de tête
- Douleurs musculaires
Vous l’aurez compris, il s’agit en gros des symptômes SPM traditionnels auxquels chacune peut s’identifier mais en version x1000. La bonne grosse amplification des familles, quoi.
Comment le soigner ?
Tout comme pour n’importe quel cycle, il n’existe pas vraiment de « recette miracle ».
La source étant avant tout hormonale et psychologique (les femmes atteintes de bipolarité sont par exemple plus susceptibles d’être touchées), il est difficile d’établir un traitement concret.
Les antidépresseurs sont une solution si les tendances dépressives sont trop importantes, mais il existe des solutions préventives plus naturelles comme éviter la caféine, faire de l’exercice pour contrer l’anxiété ou manger beaucoup de fruits et légumes.
Revoir son hygiène de vie, même si OUI ce conseil est insupportable à force d’être rabâché à tout bout de champ. Mais il est capital.
Le simple fait de réduire le sel, le sucre ou l’alcool peut déjà s’avérer très bénéfique et des activités cardio sont reconnues comme étant des sources de bien-être pour le corps et le moral.
Même si elles n’en ont pas toujours l’air, je vous l’accorde.
Enfin, la meilleure manière de non pas guérir du syndrome, mais de se soulager l’âme est d’avoir pleinement conscience de sa situation.
Nombreuses sont celles qui en plus de souffrir du trouble, souffrent de l’incompréhension de ce qu’elles traversent.
Honte d’en parler, repli sur soi, sensation d’exagérer (comme évoqué plus tôt, il est difficile de s’expliquer et d’appuyer l’aspect « grave » de la chose sans avoir la sensation que finalement toutes les femmes ressentent ça)…
Être informé•e, c’est un pas vers la connaissance de soi et ça, c’est une aide précieuse. De plus, cela évite le sentiment de solitude.
Et vous, vous aviez déjà entendu parler de ce trouble ? N’hésitez surtout pas à raconter vos histoires !
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