On ne peut pas dire que je sois quelqu’un de très porté sur les commérages. Bien entendu, il m’est m’arrivé de dire du mal des gens, de chercher à en savoir plus sur des petits secrets… Mais dans l’ensemble, je suis plus l’amie à l’Ouest sur les nouvelles des autres que la première sur l’info. Bref, je ne pense pas avoir le profil qu’on imagine d’une grosse stalkeuse.
Si vous vous demandez, j’ai un air de jeune première
Et puis Facebook a débarqué. J’ai commencé à utiliser le réseau à l’âge de 15 ans, et je crois que ce n’est que l’année suivante que je m’y suis vraiment adonnée. C’est-à-dire que j’ai commencé à regarder au-delà du contenu qui m’était proposé dans mon fil d’actualité. J’allais chercher un peu plus sur les profils ce que les gens avaient posté dans le passé, je regardais en boucle les photos de mon crush de l’époque…
La première personne que j’ai vraiment stalkée, c’est moi-même.
Rien de bien méchant, finalement. Je n’ai jamais vraiment culpabilisé de cette pratique. Elle était d’ailleurs dans l’ensemble plutôt faible. Je crois que la première personne que j’ai vraiment stalkée… C’était moi-même !
J’ai ainsi découvert qu’en tapant mon nom et mon prénom sur Google, on tombe sur des résultats de natation datant de mes 11 ans. Je pense avec un sourire à ce temps où je pensais tout découvrir en ne tapant qu’un prénom-nom sur un moteur de recherche…
La découverte du stalkage : une enquête dans la vraie vie
La première fois que j’ai utilisé Internet pour faire une véritable enquête sur quelqu’un, j’avais 18 ans. J’avais rencontré un type à une soirée, on a fini chez lui. Il roulait en Porsche, vivait dans un hôtel particulier en face d’une ambassade à Paris. Son métier ? Il ne voulait pas le dire. Pas moyen non plus de choper une seule information sur sa famille…
Au début je n’ai rien trouvé… Et puis je suis tombée sur une information.
Bien entendu, ça me titillait : tout cela ne semblait pas normal. Alors de retour chez moi, j’ai pris mon ordinateur et tapé les rares informations que j’avais sur lui : son nom, prénom, son adresse et le nom de sa mère, que j’avais vu noté en dessous d’un cadre photo.
Au début je n’ai rien trouvé. Et puis à force de recherches je suis tombée sur une information. Puis une autre. Puis d’autres encore.
C’était jouissif. À la fin, j’ai fini par tout compiler dans un SMS à l’attention de mon meilleur ami :
« Tu sais le mec de l’autre soir ? Eh bien c’est un avocat hyper connu. Ses parents dirigent [une grande entreprise internationale]. Sa soeur sort avec [un célèbre homme politique]. »
J’étais super fière de moi et à peine quelque minutes plus tard j’ai reçu un SMS :
« Bravo, je ne sais pas comment tu as fait tes recherches, mais tu es très douée pour ça. »
Je m’étais trompée de destinataire et j’avais envoyé ce message au mec en question…
Le stalkage, c’est plein de petites techniques à assimiler
C’est donc ainsi que j’ai compris la première leçon du stalkage : tant que personne ne l’apprend, ça va. Sinon, en une seconde à peine, tu peux devenir aux yeux des autres la personne la plus creepy de la Terre. Apprendre cela ne m’a cependant pas empêchée de continuer…
Je voyais ça comme un jeu. Une quête, des énigmes à résoudre et souvent de bonnes surprises à la clé. Surtout, plus on stalke plus on obtient de compétences. J’ai affûté ma technique.
J’ai appris que Google était souvent insuffisant, qu’il fallait jongler entre les différents réseaux sociaux : Facebook, Twitter, LinkedIn… Que ce dernier est une mine d’or d’informations, mais qu’il faut toujours penser à se déconnecter quand on visite un profil. Souvenir de cette fois où après deux semaines de couple, j’ai reçu une notification me signalant que la mère de mon ex avait visité ma page !
Chaque information devenait une nouvelle porte vers des renseignements supplémentaires. Un hobby, un ami en commun ou parfois un ancien pseudo : c’est comme une toile d’araignée, tout finit par être lié.
Le stalkage, un plaisir culpabilisant
Au fil du temps, faire des recherches sur les gens est devenu presque automatique. J’ai stalké mes futurs employeurs, mes crushs, et régulièrement, j’ai été celle que les potes appellent à l’aide pour retrouver une personne en ligne. Je suis devenue une pro en la matière mais je n’ai jamais arrêté de culpabiliser.
Stalker, c’est plus du vol que du partage.
Je me dis toujours que si les gens ont laissé en ligne toutes ces données, en 2016, ils ont conscience que quelqu’un peut tomber dessus. D’un autre côté, je sais que c’est un peu me mentir à moi-même : je dis ça uniquement dans le but de me sentir mieux.
Ces données, j’y accède plus dans une action de vol que dans un véritable partage.
Kikoo c’est moi
Il y a quelques semaines, je suis allée passer une semaine chez une copine. Comme moi, c’est une reine du stalkage. En la regardant mener son enquête sur ce mec qu’elle avait vaguement croisé dans un bar la veille, je me suis vue en elle et j’ai trouvé ça terriblement flippant.
Égoïstement, je crois que j’ai pensé à moi. Ma pratique pas tip top en terme d’éthique, et puis aussi la possibilité que d’autres me stalkent…
Si je stalke, d’autres me stalkent aussi
Je sais très bien qu’on peut choper tout un pan de ma vie en faisant des recherches sur moi. J’ai un LinkedIn, un Facebook où on me voit vaguement en vacances au milieu de photos de groupes, un Twitter à l’abandon. Bref, la trace d’une vie d’une jeune adulte comme on en croise plein sur Internet.
Je ne pense pas vivre dans un déni total. Je sais ce qui est visible. J’avance avec une devise : ne publier que des choses que je pourrais assumer en public. Je suis tout à fait stalkable, quoi.
Il m’a envoyé un message sur mon mail pro me disant que je lui manquais
Un jour j’ai proposé à un mec à qui je parlais sur Tinder un concours de stalkage. Il avait l’air plutôt doué et mon but numéro un était de voir jusqu’où quelqu’un de dégourdi pouvait trouver des informations sur moi. On avait chacun le prénom de l’autre et vaguement son travail.
C’était plutôt drôle et il n’a trouvé que des informations que je savais être en ligne. Et puis, deux jours après le premier rencard, il m’a envoyé sur mon mail professionnel un message me disant que je lui manquais beaucoup… J’ai flippé, on ne s’est jamais revus.
Le stalkage : une addiction qui ne sert à (presque) rien
J’aimerais bien vous vanter les mérites du stalkage, mais je n’ai pour cela qu’une sombre anecdote.
Un jour, je parlais bien avec un mec sur un site de rencontre, il m’a proposé que l’on se voit et j’ai décidé de faire au préalable des petites recherches sur lui. De fil en aiguille, je suis tombée sur un compte Instagram où il postait tous les jours un selfie de lui avec une fille différente. Il commentait bizarrement les photos à base de « Plus sympa que celle d’hier ;) » ou « Moins jolie qu’en photo… ».
J’ai préféré annuler.
Tant que je n’aurai pas de véritable déclic, je continuerai.
Le stalkage, je vois plus ça comme un mauvais réflexe que j’ai pris. Un jeu qui n’en est plus un. J’aimerais bien dire que je vais arrêter de stalker, mais je pense que dire ça c’est un peu comme dire « j’arrête les bonbons ».
Tant que je n’aurais pas de véritable déclic, je continuerai. Entre culpabilisation et curiosité mal placée, je ne sais pas à quel point je suis étrange.
J’ai l’impression qu’aujourd’hui, stalker c’est un peu comme mater du porno. Une majorité de gens le font mais ça reste profondément tabou. Quelque part, je me dis que c’est tant mieux pour le stalkage, parce que ça veut dire que ça continue à déranger… Ce qui est plutôt sain au fond.
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