Ce 26 octobre, nous commémorons le premier rassemblement public intersexe devant l’American Academy of Pediatrics, en 1996. Cette date se célèbre depuis 2003 comme la Journée Internationale de Visibilité Intersexe (Intersex Awareness Day). Tandis que le 8 novembre fait référence à la naissance d’Herculine Barbin, plus ancienne personne intersexe dont on ait retrouvé les mémoires en 1838. Son anniversaire sert de Journée de la Mémoire Intersexe depuis 2005.
Si l’on commence à mieux comprendre les vécus et expériences des personnes trans, ceux des personnes intersexes peuvent sembler encore nébuleux pour beaucoup de personnes.
Les personnes intersexes représentent aujourd’hui dans le monde environ 1,7 % à 3 % de la population — il s’agit d’estimation car c’est rarement écrit noir sur blanc dans leur carnet de santé. Plusieurs appellations différentes peuvent également servir à désigner les multiples variations possibles.
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Que signifie être intersexe ?
En fait, les personnes intersexes sont nées avec des caractéristiques sexuelles (chromosomes, hormones, organes génitaux internes et/ou externes, etc) qui ne correspondent pas aux définitions typiques d’une anatomie dite masculine ou féminine.
En plus de nombreuses ressources claires et synthétiques, l’association française de référence par et pour les personnes intersexes Collectif Intersexe et Allié·e·s donne cette définition de l’intersexuation :
« L’intersexuation désigne la situation sociale des personnes nées avec des caractéristiques sexuelles primaires et/ou secondaires considérées comme ne correspondant pas aux définitions sociales et médicales typiques du féminin et du masculin. »
Les personnes intersexes, encore victimes de violences physiques, sexuelles et psychologiques.
Ces particularités physiques font partie de la diversité du vivant ; dans l’écrasante majorité des cas, ces variations du développement sexuel ne posent pas de problème de santé.
Pourtant, le corps médical a tendance à vouloir modifier, parfois dès la naissance, par des traitements et des opérations invasives — voire violentes — les corps des personnes intersexes afin de les conformer aux normes sociales du masculin et du féminin. La France a notamment été condamnée à trois reprises en 2016 par l’ONU pour ce type de mutilations sur enfants intersexes, par exemple.
Au-delà de la dimension anatomique, il importe donc de prendre en compte les dimensions médicales, sociales, et légales des expériences de vie des personnes intersexes. Voici quelques podcasts que vous pouvez écouter et partager, en cette quinzaine de visibilité des personnes intersexes et de luttes pour leurs droits !
Camille, épisode 08 — Médecine, la fabrique des corps
Dans son podcast Camille (autour de la communauté LGBTI+, ses luttes, ses droits, et ses cultures), la journaliste Camille Regache interviewe à l’occasion du huitième épisode la sociologue Michal Raz, autrice d’une thèse sur La production des évidences sur l’intersexuation.
Cet épisode permet de mieux comprendre les dimensions et conséquences sociales de l’assignation des sexes masculin et féminin, et des violences qui peuvent aller avec en cas de non conformité :
« Tout corps qui ne rentrerait ni dans l’une, ni dans l’autre de ces cases est considéré comme anormal, voire malade. Cette conception binaire de la médecine ignore que nos corps et nos identités sont avant tout affaire de variations et de degrés. »
Écouter l’épisode 08 de Camille sur Apple Podcasts – Spotify – Deezer – Youtube
Extimité, épisode 30 — Mischa
Dans cet épisode du podcast intersectionnel de témoignages Extimité (dont je suis le co-auteur avec Douce Dibondo), Mischa se raconte.
Mischa est intersexe, artiste, et militant du Collectif Intersexe et Allié·e·s. Il évoque notamment son enfance rythmée par les opérations normatives et correctrices répétées, et leurs conséquences sur sa santé mentale et ses capacités à relationner. Le militant y définit notamment les personnes intersexes :
« Une personne dont le corps ne correspond pas aux définitions traditionnelles d’une anatomie dite masculine ou féminine. Elle se situe dans le spectre qui existe entre les deux. On compte une quarantaine de variations du développement sexuel.
Au-delà de l’approche anatomique, ce sont surtout des personnes qui ont vécu une invalidation médicale et sociale de leur corps. »
Écouter Mischa dans Extimité sur Apple Podcasts – Spotify – Deezer
Attention, contenu sensible : Cet épisode traite notamment de violences médicales, de mutilations sexuelles, et de pédocriminalité.
Extimité, épisode 36 – Morphine
Dans cet autre épisode d’Extimité, Morphine, personne intersexe et artiste drag, prend aussi la parole :
« C’est difficile de grandir intersexe car ce n’est pas marqué formellement dans ton carnet de santé, aucun parcours ne se ressemble, donc tu peux ne jamais te sentir légitime, ne jamais oser en parler. »
Morphine y évoque notamment son parcours d’errance médicale, ses différents traitements hormonaux, et comment le drag lui permet de questionner et jouer avec son identité et expression de genre, alors que l’intersexophobie en avait fait des terrains minés pour elle.
Écouter Morphine dans Extimité sur Apple Podcasts – Spotify – Deezer
Aujourd’hui encore, les personnes intersexes et leurs alliées exigent « la fin des mutilations, stérilisations, traitements hormonaux non consentis sur des personnes intersexes quel que soit leur âge ». Vous pouvez les soutenir à travers le site de l’asso Collectif Intersexes et Allié·e·s qui présente des liens vers des pétitions, des mobilisations, ainsi que des modes de dons.
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Crédit photo de Une : pexels-anna-shvets-4611972
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