Ha Noël… son cortège de cadeaux et de chocolats. Ses téléfilms thématiques sirupeux et ses interminables repas de familles où se côtoient des êtres chers, mais parfois, et c’est un euphémisme, pénibles.
Désapprobations diverses et variées sur les orientations sexuelles, pressions sur le fait de faire ou non des enfants, clichés usés jusqu’à la corde, mais qui font toujours leur effet – « tu es hystérique, tu as tes règles ou quoi ? » ou « on sait qui porte la culotte ici » – , mais aussi des remarques sur cette époque où « on ne peut plus rien dire » et où les féministes sont bien trop radicales, particulièrement avec de pauvres hommes dont il est évidemment prouvé scientifiquement qu’ils ont des pulsions à assouvir…
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Les possibilités de tensions (et de dérapages) sont nombreuses et, sur le coup, on est parfois démuni, incapable d’user de notre sens de la répartie pour renverser la discussion et faire entendre notre point de vue. Ce qui engendre d’ailleurs souvent dans les jours qui suivent de très agaçantes séances de ruminations furieuses à coup de « si j’avais dit ça » ou « j’aurais dû ». Pour vous préparer dans la bonne humeur à ce genre de situations, vous trouverez dans cette sélection des armes redoutables permettant de démonter – avec humour, classe, pédagogie et / ou érudition – les arguments et clichés que l’on nous assène.
3 livres féministes pour survivre aux fêtes de fin d’année
« Précis de culture féministe pour briller en société patriarcale » de Sabrina Erin Gin
Savez-vous qu’en 195 avant notre ère, les femmes manifestaient déjà pour avoir le droit de s’habiller comme elles l’entendaient ? Qu’en 2020, en France, une femme qui refusait à son époux des relations sexuelles, a vu des juges versaillais prononcer un divorce pour faute à cause de cette absence de partage charnel ? Ou que l’on doit à Ada Lovelace (1815-1852) le tout premier programme informatique sans qui l’ordinateur n’aurait jamais vu le jour ? Avec son Précis de culture féministe pour briller en société patriarcale (Leduc éditions), Sabrina Erin Gin nous offre une galerie d’histoires peu connues qui ont forgé la grande histoire du féminisme. L’autrice continue ici le travail de vulgarisation autour des droits des femmes qu’elle mène sur son compte Instagram, très suivi, @olympereve. Construit en trente chapitres brefs, pouvant se lire séparément, ce livre est une mine d’anecdotes parfois farfelues qui, tout en brossant le portrait de la misogynie, nous donne des armes pour le contrer avec brio. On dit bravo !
*Précis de culture féministe pour briller en société patriarcale, de Sabrina Erin Gin, Leduc éditions, 208 pages, 17€
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« Survivre au sexisme ordinaire », ouvrage collectif
Ce sont des petites phrases que l’on connaît bien. « On sait qui porte la culotte » (dit souvent avec un rire gras) ; « T’as tes règles ou quoi ? » ; « On ne peut plus prendre l’ascenseur avec une femme » ; « Mais qu’est-ce qu’elles veulent à la fin ? » ; « Féminazies ! » ; ou encore le classique « Hystérique ». S’emparant de ces punchlines sexistes qui ont le don de nous mettre hors de nous – et donc de perdre, parfois, notre légendaire sens de la répartie – dix-huit personnalités féministes proposent leurs analyses et conseils pour les mettre KO dans un super petit livre, Survivre au sexisme ordinaire. Publié chez Librio l’année dernière, au prix très raisonnable de 5 euros, c’est un véritable guide de combat mixant humour et impertinence. On y retrouve les écrits ou illustrations d’Evie, Marie Kirschen, Valérie Rey-Robert, Lauren Malka, Ovidie, Kiyémis ou encore Pauline Harmange. On aime tout particulièrement sa participation avec une histoire de vinaigrette autour du fameux « Attends, je vais t’expliquer comment on fait… ». On vous en livre d’ailleurs un petit extrait, tant il est aussi drôle que bien senti : « J’ai plaqué un sourire glacial sur mon visage de marbre et j’ai répondu: « Ça va, je pense que je sais faire, merci. » Malheureuse! Cette politesse froide, ce petit je pense et ce merci: que de portes ouvertes où l’homme condescendant s’est empressé de s’engouffrer! Les hommes savent très bien ignorer le sarcasme quand ça les arrange. « Il faut que tu mélanges fort, mais n’oublie pas la moutarde, sinon ça ne fera pas d’émulsion », a-t-il ajouté avec bonhomie. Mon prof de physique-chimie en PLS sous sa paillasse. L’actrice aux quatre Oscars qui sommeille en moi se réveille. Je me tape le front et éclate d’un rire niais. Ah ah ah ! Mille mercis ! Heureusement que tu es là, mon ami, j’ai failli remplacer la moutarde par des graviers ! Fioulala, on a eu chaud, quel soulagement ! ».
*Survivre au sexisme ordinaire, ouvrage collectif, Librio, 96 P., 5€.
« Nos mutineries, réponses imparables aux idées reçues sur le féminisme », d’Eve Cambreleng et Blanche Sabbah
D’elle, on avait déjà beaucoup aimé le percutant A corps et à cris : la révolution féministe des corps (Albin Michel) dont le ton engagé, punchy et décomplexé fait écho aux publications de son compte Instagram, @aboutevie. Après s’être attaquée aux injonctions sans fin sur les corps des femmes, l’illustratrice s’attèle cette fois à déconstruire les idées reçues autour du féminisme (mais pas que !) dans une bande dessinée réjouissante. Signée à quatre mains avec la dessinatrice Blanche Sabbah, Nos mutineries, réponses imparables aux idées reçues sur le féminisme (Mango), réunit de multiples histoires dessinées autour des clichés qui nous sont souvent jetés au visage, en mode « un point c’est tout ». « C’est à la mode d’être LGBT+ », « Les hommes ont des pulsions », « Je ne suis pas féministe, je suis humaniste », « On ne peut plus rien dire »… En décortiquant ces phrases toutes prêtes et en mettant à nu les ressorts qui les sous-tendent, les autrices amènent des pistes de réflexion, mais surtout des explications qui permettront de rabattre le caquet à ceux qui nous les assènent. On aime d’autant plus cette très belle bande dessinée qu’elle arrive à évoquer avec justesse des sujets brûlants, et il faut bien l’avouer un peu casse figure, comme la compatibilité entre le féminisme et la religion ou la question de la séparation de l’homme et de l’artiste. Une prouesse.
*Nos mutineries, réponses imparables aux idées reçues sur le féminisme, d’Eve Cambreleng et Blanche Sabbah, Mango, 17€95.
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Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
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