Le lien, de Mathilde Levesque et Minh Nguyen, un album graphique drôle et tendre sur les liens prof-élèves
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Voilà un album rare sur ce qui se joue dans l’intimité des salles de classe. Sur ce que c’est qu’être professeur – en l’occurrence de français – dans un lycée de Seine-Saint-Denis mais aussi sur les liens qui se tissent avec des élèves dont l’ouvrage trace aussi en filigrane quelques portraits.
Dans Le Lien ( paru en septembre chez Payot), on retrouve la verve de Mathilde Levesque, enseignante à Aulnay-Sous-Bois, agrégée de lettres modernes et spécialiste de l’éloquence à laquelle elle a notamment consacré, chez Plon, un dictionnaire amoureux.
Et on découvre les talents de l’illustrateur autodidacte Minh Nguyen qui signe là sa première BD. « Ensemble, nous avons tenté d’ouvrir les portes d’un milieu très souvent tenu à l’abri des regards. La tension peut être palpable, le désespoir se dissimule, l’insolence guette parfois ; mais c’est le prix à payer pour le lien le plus fort de tous : celui de l’attachement », écrit l’autrice dans une note d’introduction à l’album.
Construite autour d’une année scolaire, cette bande dessinée se découpe en de nombreuses et brèves scènes du quotidien, qui, si elles peuvent être lues séparément, dessinent une trame en même temps profonde et légère. La grande réussite de cet album repose en effet sur sa capacité à allier humour et tendresse – exempt de niaiserie – sans pour autant masquer les difficultés et enjeux de la profession.
*Le lien par Mathilde Levesque et Minh Nguyen, Payot (septembre 2023), 21€.
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Autrices, ces grandes effacées qui ont fait la littérature, dirigé par Daphné Ticrizenis, le tome 2 de l’anthologie qui révèle le matrimoine littéraire
« J’ai la conviction que les autrices d’aujourd’hui ne pourront conserver de manière pérenne leur position dans le monde des lettres que si nous réhabilitons les autrices d’hier. La postérité littéraire ne s’acquiert qu’en se faisant une place dans l’histoire : or l’histoire de la littérature dont nous avons hérité et qui nous est toujours enseignée reste une histoire d’hommes » écrit l’autrice Daphné Ticrizenis, en introduction du deuxième tome de l’anthologie Autrices, ces grands effacées qui ont fait la littérature qu’elle a dirigé.
Un an après la parution du premier volet consacré à la période courant du Moyen Âge à la Renaissance, les éditions Hors d’atteinte poursuivent donc leur ambitieux projet de réveil de notre matrimoine littéraire.
Ce deuxième opus met en lumière plusieurs dizaines d’autrices du XVIIIème et XIXème siècle, révélant – sans prétendre à l’exhaustivité – la forêt qui se cache derrière Georges Sand ou Olympe de Gouges, rares rescapées de l’invisibilisation des femmes à travers les siècles. Emilie du Châtelet, Jeanne-Marie Leprince de Beaumont, Françoise de Graffigny, Constance de Salm, Claire de Duras, Louise Colet, Renée Vivien ou encore Germaine de Staël : leurs noms ne vous disent surement pas grand-chose mais certaines participèrent pourtant aux réflexions des grands bouleversements de cette période comme les révolutions de 1789 et 1848 ou la Commune. Et nourrir la richesse de notre histoire littéraire en publiant des romans, poèmes, livres pour la jeunesse, essais ou pièces de théâtre.
On découvre ainsi par exemple que Marie-Jeanne Riccoboni (1713-1792), autrice à succès de son époque, inspira Pierre Choderlos de Laclos pour l’écriture de ses célèbres Liaisons dangereuses. Comme à la lecture du premier volume, on reste surpris, au-delà de la beauté des textes, de la modernité qui se dégage de certains extraits et de la proximité émouvante qu’une lectrice d’aujourd’hui peut ressentir face à une autrice des siècles passés. Un must donc, qui connaîtra l’an prochain une suite avec la parution d’un troisième volet courant du XXème siècle à nos jours.
*Autrices, ces grandes effacées qui ont fait la littérature, Tome 2, dirigé par Daphné Ticrizenis, Editions Hors d’atteinte (septembre 2023), 27€.
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Désirer, un recueil de nouvelles érotiques au féminin
Voilà un recueil qui renouvelle résolument le genre de la littérature érotique. Alors que les femmes y sont traditionnellement de simples objets de désir, les six nouvelles de Désirer (L’Iconoclaste) les placent en meneuses de danse et actrices de leur plaisir.
On y lira Emma Becker, autrice notamment de La maison (Flammarion) et L’inconduite (Albin Michel) ; l’humoriste Marina Rollman, chroniqueuse sur France Inter qui s’essaye ici à l’écriture pour la première fois ; la grande Wendy Delorme, que l’on ne présente plus ; Emmanuelle Richard, dont le cinquième livre, Les abstinents (Flammarion), mettait enfin en lumière celles et ceux qui ne font plus l’amour ; mais aussi les primo romancières Laurine Thizy ( Les maisons vides, L’Olivier) et Joy Majdalani (Le goût des garçons, Grasset).
De leurs plumes, débarrassées des vestiges du male gaze, jaillit une exploration des multiples chemins sinueux des fantasmes. A deux ou trois, tendrement ou brutalement, avec ou sans amour… ; peu importe tant que le désir sert de boussole. Des textes brûlants et réjouissants qui sont extraits du podcast « Steamy » – réalisé par Louie Média – à découvrir, lui aussi, de toute urgence.
*Désirer, recueil collectif paru à L’iconoclaste (septembre 2023), 17€.
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