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Culture

Trois îles que vous n’aurez jamais envie de visiter

Belle-Île en Mer, Marie-Galante, tout ça, oubliez : voici trois îles sur lesquelles vous feriez mieux de ne JAMAIS poser un orteil.

Comme tous les ans, lorsque les températures commencent à redescendre et nous poussent à rajouter toujours plus de couches de vêtements pour éviter l’hypothermie, on s’imagine partir au soleil sur une île déserte pour se cramer sur le cul sur une plage au sable brûlant.

Et plutôt que d’alimenter ce fantasme et de vous aider à vous faire du mal inutilement, je vais vous présenter trois îles que vous pourrez ajouter à votre liste noire d’endroits à ne jamais, jamais, JAMAIS visiter — même si on vous offre le voyage ou qu’on vous paye carrément pour passer y passer 24 heures (si on vous file de la thune pour aller quelque part, c’est déjà pas mal mauvais signe, en général).

La Pyramide de Ball — Australie

Située au large de l’Australie (TIENS COMME C’EST ÉTRANGE ÇA ALORS J’AURAIS JAMAIS CRU), la Pyramide de Ball est une île en forme de — vous l’aurez deviné, parce que vous êtes plus futées que les Castors Junior — pyramide.

En géologie, ces grands reliefs volcaniques en forme de pointe s’appellent des « necks » (comme des cous, oui, parce que c’est haut et élancé, et que les gens se cassent pas toujours le cul pour nommer les reliefs volcaniques). Ce sont de vieilles cheminées volcaniques solidifiées après une éruption puis sculptées par l’érosion, et c’est plutôt classe comme caillou.

Et la Pyramide de Ball, elle ressemble à peu près à ça :

ball

Bon, alors certes, c’est classe, mais deux questions s’imposent :

  1. Pourquoi vous auriez envie d’aller visiter un gros caillou pointu au milieu de la mer ?
  2. Pourquoi cette île, d’apparence plutôt inoffensive, figure-t-elle dans une liste d’îles à ne jamais-jamais-JAMAIS visiter ?

Je suis cool, je vous réponds :

  • Faites preuve d’un peu d’ouverture d’esprit, nom de dieu. C’est exotique, c’est loin, c’est l’oeuvre d’un putain de volcan, y a sûrement moyen de faire un peu de grimpette, ça peut être marrant.
  • Mais évitez quand même, préférez le mur d’escalade du gymnase du coin, c’est moins dangereux. Sauf si vous avez une passion secrète pour les phasmes géants qu’on surnomme « saucisses à pattes » ou « homards de terre ».

Et je vous vois venir, avec vos « non mais ça vaaaaaa, les phasmes c’est pas flippant, faut arrêter deux minutes, on dirait des petites brindilles, c’est marrant ».

Ouais, c’est super marrant ouais.

Et ça c’est marrant p’têt ?

sausage2

Via Wikipedia

C’est bien ce que je pensais.

Le Dryococelus australis peut mesurer jusqu’à 15 centimètres de long (soit environ 15 centimètres de trop) et, s’il ne possède pas d’ailes, est capable de courir très très vite (jusque dans ton sac de couchage, voire ton slip, voire dans tes oreilles).

Si ça peut vous rassurer, sachez qu’il s’agit d’un des insectes les plus rares de la Terre, et qu’il n’est présent que sur ce petit caillou de 562 mètres d’altitude qu’est la Pyramide de Ball. Il a été redécouvert en 2001 alors qu’on le croyait disparu pour toujours (ZUT ALORS, QUEL DOMMAGE), et maintenant tout le monde est bien soulagé d’apprendre qu’il est toujours parmi nous. Mais loin.

Très loin.

(En vrai, seuls 24 spécimens ont été comptés sur l’île, ce qui en fait une menace assez minime, mais quand même, j’aime pas leur gueule).

Poveglia — Italie

On laisse les saucisses à pattes se reproduire gentiment dans leur coin et on va faire un tour en Italie, dans la lagune de Venise plus précisément, où se situe la jolie Poveglia.

Si vous aimez les lieux chargés d’histoire, alors c’est sûr, Poveglia devrait vous plaire.

Tout a à peu près bien commencé sur l’île, puisqu’à l’époque de l’Empire Romain, elle était utilisée pour stocker tous les malades de la peste (histoire qu’ils arrêtent de contaminer les copains).

En 421, les habitants de Padoue et d’Este s’y sont réfugiés pour échapper aux barbares qui commençaient à envahir l’Italie. Au cours des siècles suivants, la population de l’île s’est développée, les gens se sont installés, bien pépèrement, jusqu’à ce que des guerres éclatent au IXème siècle — parce que les barbares avaient décidé qu’il n’y avait pas de raison pour que les habitants de Poveglia leur échappent, finalement. Alors ouais, ils ont p’têt mis 400 ans pour réagir, mais ils avaient des trucs à faire avant aussi, c’est bon là.

pov

Les habitants de l’île ont remporté plusieurs de ces guerres, mais en 1379, l’armée génoise est tombée sur Venise et a décidé de relocaliser tous les habitants de Poveglia sur une île voisine, Giudecca.

Après ça, l’île est restée inhabitée pendant de nombreuses années, jusqu’à ce qu’elle se retrouve transformée en zone de quarantaine pour les malades de la peste entre le XVIIIème et le XIXème siècle.

Et en 1922, les bâtiments de l’île ont été transformés en un gros asile psychiatrique, parce que bon, les guerres et les malades de la peste ça faisait pas encore assez de points pour accéder au statut d’île « hantée pour toujours jusqu’à la fin des temps et qui a vu plus de morts que de vivants au cours de son existence ». L’hôpital a fermé en 1968 et l’île est restée complètement inhabitée depuis.

Ah, et attendez, j’ai mieux : la légende raconte qu’un des médecins de l’asile était légèrement dérangé, au point de s’amuser à torturer, tuer et même manger ses patients, PARCE QUE C’EST RIGOLO (et qu’on se fait un peu chier sur une île avec des vieux séniles, des malades mentaux et des fantômes de pestiférés). Et comme il s’est suicidé après avoir lui-même pété un boulon, ça fait un fantôme sympa de plus à rajouter à la liste, tant qu’à faire.

On raconte qu’environ 160 000 personnes sont décédées sur ce petit bout de terre. Ça fait un paquet d’âmes torturées.

Et si tout ça ne vous dissuade pas d’aller faire un tour au milieu des spectres, sachez que l’île n’est pas ouverte aux touristes, et n’est utilisée que pour l’agriculture (principalement la viticulture, ce qui veut dire que vous avez peut-être déjà siroté du vin issu de trucs qui ont poussé dans des morts et des restes de bubons, c’est rock’n’roll comme breuvage).

L’Île de Clipperton — France (mais loin)

En parlant de territoires inhabités et hantés, quelque chose me dit qu’il y a moyen que l’île de Clipperton soit elle aussi peuplée d’âmes en peine.

Cette île de 11 km² est située au milieu de l’Océan Pacifique, à 1300km du Mexique, et a été découverte par deux Français, Mathieu Martin de Chassiron et Michel Dubocage, qui ont décidé de la baptiser « Île de la Passion » — probablement en souvenir des bons moments qu’ils ont passé ensemble lorsqu’ils l’exploraient en amoureux (malheureusement, rien dans l’histoire ne confirme ma théorie).

Pourquoi Île de Clipperton, alors ? Soit parce que les compagnes de Mathieu et Michel ont moyennement apprécié le clin d’oeil à la « passion » de leurs époux, soit en hommage au pirate John Clipperton, qui y aurait traîné ses bottes au XVIIIème siècle (et peut-être enterré un trésor, ouuuuh). Là encore, rien ne confirme le passage de Clipperton sur cette île, mais le nom est resté, parce que ça fait un peu plus cool que Île de la Passion.

clipperton

Bon, tout ça c’est cool, mais c’est un peu chiant. On fait une petite avance rapide jusqu’en 1897 où, suite à la découverte de larges quantités de guano (du caca d’oiseau donc, hein), le Mexique décide de s’approprier l’île et d’en exploiter tranquillement les ressources. En 1906, le gouvernement décide d’envoyer cent hommes, femmes et enfants sur l’île afin de faire fleurir le business du guano tranquillement : les hommes allaient travailler dans les mines, et les femmes faisaient leur boulot de femme, sur une île pleine de fiente, parce que la vie au début du XXème siècle était une vraie grosse partie de rigolade.

Tous les deux mois, un gros bateau venait approvisionner la colonie, et tout était super cool, si on fait abstraction de l’élément « on vit au milieu de l’océan sur une montagne de merdes d’oiseaux ». Sauf que pendant ce temps là, les révolutions faisaient rage au Mexique, et le gouvernement était légèrement débordé, oubliant alors d’aller rendre visite aux expatriés de Clipperton. Les habitants de l’île, livrés à eux-mêmes, ont naturellement finit par décéder, et en 1917, il ne restait qu’un seul homme vivant, accompagné de quinze femmes et enfants.

Le dernier survivant, le gardien de phare Victoriano Alvarez, a donc fait ce que tout homme aurait fait dans sa situation : il s’est auto-proclamé roi de l’île et décida d’organiser une maxi-orgie mêlant viols et meurtre avec ses sujets.

Une des survivantes, Tirza Rendon, a finalement décidé que c’était pas très très marrant comme situation et que ça commençait à bien faire deux minutes les conneries mais que bon, déjà l’isolement, c’est relou, le caca d’oiseau, c’est pas mieux, mais alors les viols et les meurtres là, c’est bon, RAS LE CUL. Sa solution fut aussi simple qu’efficace : tuer Victoriano, histoire de bien lui calmer sa grosse race.

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Les survivants au complet

Peu après, les ultimes gagnants de la pire édition de Koh Lanta, quatre femmes et sept enfants, furent secourus par un navire américain. Bizarrement, aucune autre tentative de colonisation n’a été orchestrée depuis.

Depuis 1931, et à l’initiative du roi d’Italie, l’Île de Clipperton est à nouveau un territoire français, mais il reste complètement inhabité, et on est super contents d’avoir un gros territoire plein de guano et de fantômes de Mexicains oubliés et un peu vénères et d’un roi sanguinaire pété du casque rien qu’à nous, voilà.

Alors, on est pas mieux à se peler le cul sur le bitume, sans déconner ?


Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.

Les Commentaires

25
Avatar de Klorayn
1 juillet 2017 à 14h07
Klorayn
Y'a plus qu'à y inviter Leonardo Dicaprio en vacances, et on peut s'faire un ptit remake de Shutter Island dites donc !
0
Voir les 25 commentaires

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