C’est un des enjeux qui est revenu à maintes reprises pendant le débat sur la loi de bioéthique. Un des arguments brandis par l’opposition à l’extension de la procréation médicalement assistée : en permettant aux couples de femmes et aux femmes célibataires d’avoir recours à la PMA, on allait forcément accroître le manque de gamètes déjà existant.
La loi enfin passée, l’Agence de biomédecine lance une nouvelle campagne pour inciter à faire don de ses ovocytes ou de ses spermatozoïdes, en rappelant l’évolution récente de la PMA pour les nouvelles bénéficiaires, mais aussi la possibilité pour les futurs enfants nés de dons d’avoir accès à leurs origines.
Au programme, plusieurs clips, de l’affichage, et des informations en ligne, notamment via des sites dédiés au don d’ovocytes et au don de sperme pour avoir toutes les cartes en main pour envisager le don.
Un manque de donneurs criants
Pour nous donner un ordre d’idée, l’Agence de biomédecine a rappelé les chiffres les plus récents en matière de dons : en 2019, 317 hommes ont donné leur sperme, contre 836 femmes pour leurs ovocytes.
Le déséquilibre est impressionnant… et il l’est d’autant plus quand on connaît d’un peu plus près les conditions d’un don d’ovocytes : les traitements hormonaux, les examens contraignants, la ponction sous anesthésie qui nécessite donc une journée d’hospitalisation…
Donner ses ovocytes est un engagement qui s’étale sur plusieurs semaines, tandis que donner son sperme est largement moins invasif et chronophage.
Si le nombre de dons a augmenté, cela a toujours été ainsi : en 2015, on comptait 540 donneuses d’ovocytes contre 255 donneurs de spermatozoïdes. En 2013, on était à 456 dons d’ovocytes contre 268 dons de sperme.
La procréation, encore une affaire qui incombe aux femmes ? La question du don et de l’aide médicale à la procréation est-elle elle aussi imprégnée par certains stéréotypes de genre ?
Donner pour aider d’autres personnes à devenir parents
En nous montrant des personnes en couple ou célibataires passant du désespoir à la joie en découvrant qu’elles attendent un bébé, et brandissant un test de grossesse où figure un « merci », le clip joue sur la corde altruiste : faire don de ses gamètes, c’est aider des personnes à réaliser leur projet de famille.
C’est aussi autour de l’accès aux origines que l’Agence de biomédecine a tenu à communiquer, un moyen aussi de rappeler qu’un donneur ou une donneuse ne sera jamais un parent :
Quel sera l’impact de l’accès aux origines pour les enfants nés de dons sur le nombre de donneurs et de donneuses ? Il est évidemment trop tôt pour le savoir pour le moment, mais concernant le don d’ovocytes, on a déjà quelques éléments de réponse.
« Enfin une campagne qui tient compte des multiples phénotypes, c’est une demande que nous avions auprès de l’agence depuis 2013 ! », a souligné le collectif BAMP !, qui regroupent des personnes bénéficiaires de l’aide médicale à la procréation.
En effet, l’Agence de biomédecine commence enfin – bien que timidement – à communiquer sur cet enjeu :
À l’heure actuelle les délais pour les personnes qui ont recours à un don de gamètes en France sont très longs. C’est encore plus flagrant en ce qui concerne les femmes noires infertiles qui, quand elles ont besoin de recourir à un don d’ovocytes, font face à des délais pouvant aller jusqu’à quatre ans, comme le montrait notre enquête.
Et vous ? Envisagez-vous de faire un don ?
À lire aussi : Découvre comment ça se passe lorsqu’on fait un don d’ovocytes
Les Commentaires
Beaucoup de spécialistes se demandent si le stock sera suffisant pour toutes les nouvelles demandes et dans de nombreuses villes le temps d'attente pour obtenir un don de sperme dépasse un an (ça va dépendre fortement des villes - peut-être que chez vous il y a un manque).
Alors c'est moins compliqué que pour un don d'ovocytes bien sûr mais c'est utile (article du Monde qui parle de ça)