Nous sommes nombreuses et nombreux à avoir grandi avec Lana Del Rey. Je l’ai confirmé à l’Olympia, au milieu des 2 824 spectateurs qui avaient obtenu une place, grâce à un coup chance miraculeux (dans la file d’attente de la billetterie dans laquelle on est placé aléatoirement, 420 000 personnes s’étaient connectées le 3 juillet à 10h) ou à l’aide de centaines, voire, de milliers d’euros.
Au milieu de la fosse, la jeune femme juste à côté de moi me raconte un bout de son périple pour trouver une place, après avoir raté l’épreuve fatidique de la file d’attente, malgré sa connexion depuis cinq appareils à l’ouverture de la billetterie :
« J’ai fait un virement de 500€ à un type qui vendait une place sur Twitter. Dix minutes après le virement, je lui ai demandé s’il avait envoyé la place. Il m’a répondu : « je te réponds après, je suis au Printemps. » Je lui ai demandé : « tu es en train de t’acheter un sac avec mon virement ? » »
Disons-le de but en blanc : nous attendions le concert de Lana Del Rey plus que tout, avec la ferme intention de faire tout ce qui est possible pour y participer. Autant dire que l’on s’attendait à ce que ce soit bien. En réalité, c’était bien plus que ça.
En 2023, douze ans après qu’elle a été révélée au monde, après neuf albums parfaits, Lana Del Rey m’a surprise.
Première révélation : Lana Del Rey a une voix (vraiment) extraordinaire
Changeante, instable, tantôt très grave, tantôt très aiguë, parfois puissante, parfois brisée… la voix de Lana Del Rey ne ressemble à aucune d’autre et demeure, depuis des années, presque impossible à cerner.
En découvrant en live ce son qui nous est pourtant si familier, on ne peut s’empêcher d’être surpris. C’est comme si on l’entendait pour la première fois. Comment est-ce possible d’avoir une voix si douce, unique et évanescente ?
L’étrangeté que l’on éprouve parfois en écoutant sa musique n’a pas été fabriquée en studios, avec des logiciels ou de l’auto-tune. Je l’ai compris en la découvrant sur scène : outre cette esthétique vintage, romantique et mélancolique dont elle est la reine, au-delà de la densité et la richesse inouïe de sa musique, renouvelée presque tous les ans avec un nouvel album meilleur que le précédent, Lana Del Rey est avant tout une voix d’une pureté extraordinaire.
Deuxième révélation : Lana Del Rey est incroyablement sincère
Et c’est un peu pour ça qu’elle n’a fait « que » l’Olympia…
Lors de l’annonce de son concert, de nombreuses voix se sont élevées pour demander pourquoi Lana Del Rey avait choisi l’Olympia, alors qu’elle avait de quoi remplir six fois le Stade de France. S’agissait-il d’une sorte de « caprice de diva » ? Une envie d’expérimenter un concert intimiste, comme une sorte de retour aux sources, alors même que ses fans se comptent par millions ?
Au concert, j’ai compris que ces réponses n’étaient que des contresens. De fait, Lana Del Rey tient beaucoup plus de la chanteuse de chorale que d’un monstre de scène, livrant des performance surhumaines comme l’a fait Beyoncé il y a quelques semaines au Stade de France (rien d’étonnant d’ailleurs, dans le fait que Lana Del Rey ait chanté dans des chorales à l’église tout au long de sa jeunesse).
Lana Del Rey chante souvent les yeux fermés, un petit sourire aux lèvres, comme si elle appréciait chaque instant de ce moment collectif. Sa voix fluette lorsqu’elle parle entre deux morceaux évoquant presque une petite fille, sa grande robe rappelant l’époque victorienne et ses très longs cheveux flottants autour d’elle font se demander si elle touche vraiment le sol, tant elle semble irréelle, évanescente, entre deux âges et deux époques.
Chez Lana Del Rey, le grandiose ne se situe pas dans des effets spectaculaires, mais plutôt dans une sensibilité artistique extrême et une impression de sincérité bouleversante.
Pendant le concert, pas de pause entre les morceaux, pas de temps morts : juste une générosité et une authenticité extraordinaires. Quand l’écran derrière elle diffuse des images d’océans ou d’astres et surtout, ressuscite 12 ans d’images de Lana Del Rey puisées dans ses clips, ne pas pleurer devient un exploit.
Lana Del Rey est très attentive à son public
Si vous faites un malaise, elle arrêtera tout jusqu’à ce qu’on s’occupe de vous.
Outre sa voix sublime ou sa présence si étrange, magnétique et bouleversante, la troisième surprise de ce concert a été le rapport de Lana Del Rey face à son public. En tant que diva, régnant aux côtés de quelques autres (Beyoncé, Taylor Swift, Ariana Grande…) sur le monde de la pop (bien qu’il soit impossible de l’astreindre à un style musical précis), on aurait pu s’attendre à ce que Lana Del Rey se contente d’être courtoise mais plutôt distante avec son public.
ll n’en était rien. Ce détail aura sûrement joué dans la nécessité de choisir une salle de spectacle à taille humaine : Lana Del Rey est extrêmement attentive à son public et à ce qui se passe dans la salle. Deux fois, elle a entamé un morceau puis l’a arrêté au bout de quelques secondes, remarquant qu’une personne faisait un malaise parmi les spectateurs. Elle ne recommençait à chanter qu’une fois que cette dernière était mise à l’abri de la foule par la sécurité.
Une autre fois, elle semblait très attendrie, et souriait en regardant un point précis dans la foule : en suivant ce regard, on comprenait qu’elle regardait une toute petite fille dans les bras de son père, habillée d’une jolie robe blanche, rappelant la sienne.
« Tu es une princesse », lui a-t-elle soufflé au micro avant de reprendre son chant.
On aimerait lui répondre qu’elle est une reine.
5 titres parmi les meilleurs de Lana Del Rey
En attendant le retour de Lana Del Rey en France (la date est fixée au 21 août 2024 à Rock-en-Seine, et évidemment qu’on a déjà nos places), voici cinq titres qui vont vous bercer. La liste est évidemment non exhaustive, et on a hâte que vous nous disiez en commentaires quels sont vos favoris, au fil de sa prolifique discographie.
A&W (Did you know that there’s a tunnel under Ocean Blvd, 2023)
White Mustang (Lust for Life, 2017)
Burning Desire (Chemtrails Over The Country Club, 2021)
Cinnamon Girl (Norman Fucking Rockwell, 2019)
Norman Fucking Rockwell (Norman Fucking Rockwell, 2019)
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