Des figures longilignes, des visages irréguliers, des créatures fantasmagoriques… Le travail de la sculptrice Germaine Richier est aussi divers qu’envoûtant. Celle qui joue avec les matériaux, alternant tantôt entre la majestuosité du bronze et la fantaisie du plâtre coloré, est mise à l’honneur pendant plus de trois mois au musée Beaubourg. L’exposition prendra ensuite le chemin de Montpellier, pour investir le Musée Fabre du 12 juillet au 5 novembre 2023. Voici trois bonnes raisons de découvrir son travail.
Pour lui redonner sa juste place dans l’histoire de la sculpture
Son nom ne vous dit rien ? Pourtant, fort est à parier que vous connaissez ses mentors, Rodin et Bourdelle. Ou ses contemporains, comme Giacometti. Germaine Richier fait partie de ces artistes femmes qui ont néanmoins marqué leur époque. Le critique d’art britannique David Sylvester dira d’elle que « Personne, peut-être, n’occupe une place aussi centrale, aussi cruciale, dans la sculpture contemporaine que Germaine Richier. » Son art et son enseignement ont eu un impact décisif sur toute une jeune génération d’artistes, comme le sculpteur César. Comment expliquer, alors, que son nom résonne moins ? Ariane Coulondre, commissaire de l’exposition, l’analyse ainsi :
Elle demeure bien moins connue que nombre de ses contemporains, en particulier ses homologues masculins tel Giacometti. Celui-ci imposera d’ailleurs au marchand Aimé Maeght de choisir entre lui et Richier, laquelle restera de fait longtemps sans galeriste. La mort précoce de la sculptrice en 1959 et son statut d’artiste femme ont pu contribuer entre autres à creuser cet écart.
Ariane Coulondre commissaire de l’exposition, service des collections modernes, Musée national d’art moderne
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Pour renouer avec la nature
L’œuvre de Germaine Richier est empreinte de sa fascination pour les plantes, animaux et insectes qu’elle collecte. L’artiste crée des hybridations surréelles et poétiques : femme-araignée, homme-chauve-souris, sauterelle aux traits humains… Elle y célèbre une certaine image de l’osmose que nous pourrions avoir avec le monde animal, végétal et minéral. Elle nous invite, peut-être, à mieux nous ancrer dans notre environnement. L’exposition est enrichie d’objets qui l’ont inspirée : des débris ramassés, des morceaux de bois flotté, des galets, des fossiles… Ses œuvres prennent tout leur sens dans un contexte où nous tentons vainement de nous reconnecter à la nature, où la prise de conscience écologique se fait plus tangible et où les catastrophes naturelles se multiplient.
Pour appréhender le mouvement différemment
Qu’est-ce qu’un corps en mouvement ? Cette question se pose tout au long de l’exposition. Ses personnages défient les lois de l’équilibre, se contorsionnent et se révèlent dans leur manière de se mouvoir dans l’espace. Tantôt, des silhouettes déchiquetées donnent l’impression de fondre et de disparaître. D’autres fois, elles paraissent presque vivantes, animées et prêtes à bondir. Germaine Richier interroge notre perspective, nous prive parfois de voir ce qui se cache derrière les corps, en créant des fonds devant lesquels ses figurines sont figées. Une manière ingénieuse d’anticiper et d’aiguiller le regard des spectateurs.
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