Publié le 12 octobre 2019
L’année dernière, lors d’un échange universitaire en Inde, j’ai eu la chance de pouvoir participer à un trek dans l’Himalaya.
Bien sûr, aujourd’hui je parle de chance… mais sur le coup, pas franchement.
Si sur la photo qui illustre cet article j’ai l’air de dominer le monde, bien ancrée dans la terre avec mon bâton de Gandalf, en réalité, je cachais mes larmes de détresse derrière mes lunettes de soleil.
Se lancer dans un trek dans l’Himalaya avec le vertige
Avant d’entamer mon grand voyage vers l’imprévu et ce pays magique à double tranchant qu’est l’Inde, j’ai reçu un descriptif des cours que je pouvais suivre dans ma nouvelle université indienne.
Je suis tombée sur ce programme appelé HOP, qui proposait un un trek de 5 jours vers le sommet du Kedarkantha et en récompense… 8 crédits ECTS, qui me permettaient de prendre deux cours magistraux en moins.
Mon poil sur la main a soudain ressurgi, et je me suis dit qu’en validant ce trek, mes journées de liberté seraient plus nombreuses et me permettraient de barouder davantage.
Mon père m’a cependant rappelé un point assez juste avant que je ne coche la case :
« Tu as le vertige, Alix. »
En tant que grande angoissée de la vie, j’ai naturellement de nombreuses phobies irrationnelles et incontrôlables, dont le vertige.
Et pas un vertige de bébé, non, un vertige qui me fait tanguer dès que je franchis la barre des 50 centimètres au-dessus du sol.
Mon père était confiant, m’a dit que j’en étais capable, mais qu’il fallait simplement que j’améliore un peu ma condition physique pour me permettre de courir plus de 100 mètres sans me décoller un poumon.
Après quelques hésitations, je me suis dit que ce trek était un bon moyen de vaincre mes peurs, et j’ai coché la case.
En réalité, je n’avais juste VRAIMENT pas envie de prendre deux cours magistraux en plus. Oupsi.
Ma préparation pour le trek dans l’Himalaya
Pour suivre les conseils de mon père et du programme HOP, j’ai suivi un entraînement sportif digne d’un athlète de haut niveau : j’évitais l’ascenseur pour monter les escaliers jusqu’à ma chambre À PIEDS. L’exploit !
Ce fut ma première erreur : celle de croire que ça allait être facile.
Certes, les générations d’élèves qui y étaient passés avant moi m’avaient tous dit que ces cinq jours, c’était fingerinzenoz, des crédits ECTS dans une pochette surprise.
J’aurais peut-être prendre en compte le fait qu’ils savaient aussi courir des semi-marathons.
Et puis, en arrivant en Inde, j’avais autre chose en tête que me préparer à un effort physique. Je découvrais un pays incroyable, qui ne cessait de me surprendre, me prendre au dépourvu.
Ce n’est donc qu’une semaine avant la date du départ fatidique que je me suis rendu compte qu’il fallait au moins que je m’équipe, car j’allais passer de mes 35°C quotidiens à une température négative en quelques heures d’avions.
J’ai donc fait un petit aller-retour chez Décathlon, trois-quatre longueurs dans la piscine, et je me suis considérée : prête.
La désillusion de mon départ en trek dans l’Himalaya
Ce trek faisait partie intégrante de mon cursus scolaire d’école de commerce, et avait une portée éducative.
L’objectif du séjour était d’instaurer une dynamique de groupe en s’exerçant au vaste concept du leadership
.
Il ne s’agissait pas d’une promenade de santé donc, mais bien d’une course en équipe sur cinq jours, avec des épreuves qui nous permettaient de nous acheter plus ou moins de nourriture selon notre classement.
Perso, j’étais bof prête pour un Koh-Lanta perché à 3 000 mètres d’altitude, comme j’allais le découvrir assez vite.
Mais ma détermination restais intacte même quand nous sommes arrivés avec mon équipe à notre point de départ après 10h de bus sur des chemins vallonés : un village perdu avec vue sur un panorama déjà très spectaculaire.
Cette photo a été prise juste avant le départ de la grande course.
La première étape constituait à marcher, le plus rapidement possible, jusqu’à la première étape, 1 000 mètres plus haut.
Nous en avions pour environ 4h.
Bien sûr, en tant que grande compétitrice, j’ai commencé à courir avec mon équipe pour arriver les premiers.
Quelle ne fut pas ma surprise de me retrouver, à peine 1km plus loin, à bout de souffle.
Nous avons ralenti la cadence, mais cela n’a pas suffi.
Après quelques centaines de mètres de dénivelé, j’ai découvert cette atroce sensation de vertige, d’impossibilité à respirer, de crise de larmes incontrôlable appelé le mal des montagnes.
Heureusement, je n’en souffrais pas assez pour avoir à redescendre, mais j’ai réussi à bien ralentir toute mon équipe.
Affronter un trek dans l’Himalaya en équipe
Ce sont les membres de mon équipe ont tout simplement rendu ce trek possible.
J’aurais pu dire supportable, mais j’ai trop souffert pour oser affirmer que je l’ai supporté.
Ils m’ont attendue pendant ma crise de panique, accompagnée tout le reste de la montée à base de chants d’encouragements et de relais pour me tracter à l’aide de bâtons.
En arrivant au premier campement, j’ai cru que j’allais vomir toutes mes tripes, et ils sont chacun leur tour venus voir comment j’allais.
La nuit, sous la tente, bien emmitouflés dans nos duvets pour nous réchauffer, nous avons dormi ensemble.
Le matin, quand à 4h a sonné l’alarme de départ, nous avons dû faire preuve d’une grande coordination pour finir de plier les tentes avant les autres équipes.
Tous les jours, ils ont fait preuve d’une grande patience avec moi, qui étais clairement le maillon faible.
À cause de moi, nous n’arrivions jamais à franchir la ligne les premiers, et devions nous contenter de notre éternelle place de deuxièmes (c’était déjà pas mal !), mais ils ne me le reprochaient jamais.
Finalement, ce trek a vraiment été une expérience enrichissante du point de vue du leadership et du team building, et je ne les ai pas volés, ces crédits ECTS.
Moi qui pensais arnaquer le monde, c’est le monde qui m’a arnaquée, ce con.
L’épreuve finale de mon trek dans l’Himalaya : vaincre mon vertige
Le dernier jour de montée était le troisième, et j’ai dû affronter ma plus grande peur, celle du vide.
En voyant le pan de montagne raide comme ma bite qu’il me restait à franchir avant d’atteindre le sommet du Kedarkantha, à 3800 mètres d’altitude, j’ai failli tout arrêter.
Ma mon équipe, toujours derrière moi, m’a convaincue que je pouvais le faire.
Comme ils avaient tort !
Non non, je ne pouvais pas. Je suis d’ailleurs restée bien 45 minutes sur le flanc de la montagne, cramponnée à deux cailloux, hurlant à la mort que je n’y arriverais jamais, la morve me pendant au nez.
Je ne pouvais ni monter, ni descendre.
Mais les trois meufs de mon équipe qui étaient restées derrière pour m’accompagner ce jour-là ont tenu bon.
À force d’encouragements, elles m’ont hissée au sommet, et j’ai vu le plus beau panorama de ma vie.
Enfin, je l’avais fait !
Sur la photo, on dirait presque que je suis à l’aise. En réalité, je me pissais dessus, et une fois que j’avais fait le tour de ce gros caillou, je n’avais qu’une envie : QU’ON ME RAMÈNE SUR TERRE, BORDEL.
Mais ce qui est sûr, c’est que je suis bien entourée, malgré le fait que j’aie été la PIRE PERSONNE sur Terre.
Ce que j’ai tiré de mon trek dans l’Himalaya
Les deux jours suivants, nous les avons passés à redescendre tout ce que nous avions monté. J’avais l’impression d’avoir mis des heures à construire un circuit de dominos dans lequel j’étais venue mettre un grand coup de pied.
J’étais très énervée.
Je me suis plainte de tout : j’avais eu mal, j’avais eu froid, j’avais peu mangé car la bouffe indienne était trop épicée, j’avais eu peur, j’avais été ridicule.
Pire personne, je vous dis.
Bonus en arrivant en bas, tous les Français ont été frappés d’une crève foudroyante qui nous a fait vomir nos 10 derniers repas en quelques heures.
Je ne te raconte pas le voyage retour en bus, lectrice.
Bref, faire du trek ce n’est vraiment pas mon truc, et jamais je ne recommencerai.
Sur le coup, je me suis dit que je n’en avais pas tiré grand-chose, parce que je ne voudrais jamais le refaire.
Et puis finalement, en y réfléchissant, j’ai quand même gagné une sacrée team de vainqueurs (malgré notre seconde place).
J’ai de bons souvenirs du concours de cuisine, par lequel nous avons fait goûter aux Indiens les crêpes françaises.
Je n’oublierai jamais ma vision du ciel la nuit, sans bruit, ou pollution, dans lequel je discernais chaque étoiles plus clairement que jamais.
Je rigolerai toujours des discussions ouvertes que nous avions sur l’état de notre caca devant des paysages à couper le souffle.
Et puis, même si je n’ai pas très envie de le refaire, je peux dire avec fierté que malgré tout, je l’ai fait.
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