Comme bon nombre de jeunes, j’ai atterri au McDo à cause d’un concours de circonstances tout bête : la nécessité de gagner de l’argent, le fait de n’avoir rien trouvé d’autre, et la facilité d’accès aux jobs proposés par Ronald. Il suffit de savoir parler correctement, d’être disponible sur des plages horaires assez larges et généralement, c’est dans la poche. J’ai donc passé mon été derrière le comptoir du haut de mon mètre 55, avec un joli polo marron.
L’enfer, c’est les touristes
J’ai été embauchée dans un des restaurants Mc Donald’s les plus fréquentés en France, situé à Paris dans un lieu très fréquenté par les touristes en été. Nous servions donc, en plein mois de juillet, quasi 90% de touristes, avec beaucoup d’étrangers dans le lot. Rapidement, le speech classique du McDo était tout simplement remplacé par une proposition de Big Mac, LE truc qu’on essaye systématiquement de servir à ceux qui n’y connaissent pas grand chose. Rentabilité du temps passé à la commande oblige.
CONTEEEENT
J’ai donc, après quelques jours de travail, établi une certaine typologie des touristes relous.
- Le moins casse-couilles, c’est le touriste de base qui te demande juste un menu best-of, il est entouré de ses gamins tout excités à l’idée d’aller tremper du nugget à Paris, et la commande se passe généralement sans souci.
- Vient ensuite le touriste qui te parle dans sa langue sans aucun effort, (autrement dit il te parle hollandais) avec l’intime conviction que ton devoir est de parler néerlandais. Quand tu commences à montrer les burgers un à un pour savoir lequel lui satisferait le gosier, il te répond le plus simplement du monde : en hollandais. Ce touriste est bien entendu un bon prétexte pour une tendance American Psycho, mais il n’est rien à côté du touriste number one sur l’échelle du pète burnes : le touriste gros connard.
- La plupart des touristes gros connards de mon McDo cumulaient plusieurs tares : parler dans leur langue d’origine sans penser une seule seconde que la personne derrière le comptoir ne la parle pas, vous donne un billet de 50€ pour acheter un hamburger à 1€ (dans ce cas vous répondez que vous n’avez pas de monnaie et que ce serait méga cool de faire une carte bleue, ce qu’il refuse catégoriquement pour des raisons obscures), et finit par vous insulter ou hurler comme un vieille oie parce que le service n’est pas assez rapide ou autre.
En gros, le touriste chez macdo se croit comme dans un quatre étoiles et réclame un service hyper luxe. Problème : je n’étais pas polyglotte, et parfois quand le burger n’est pas prêt, bah il ne l’est pas. C’est ainsi que je me suis fait un jour copieusement traiter de tous les noms en italien par une famille alors que je répétais en anglais, en vain, de patienter car les frites n’étaient pas encore cuites. Ou bien ce couple de québecois qui m’a traité d’incapable car j’avais servi leurs glaces en même temps que leurs cafés, chose qui leur paraissait inconcevable….
Vol au dessus d’un nid de nuggets
Autre particularité du fait de bosser au macdo : ça tape vite sur les nerfs. Grande stressée devant l’éternel, j’appréhendais un peu de bosser au contact des clients, avec des managers bien relous.
Allez hop on y va en route pour l’aventureee
Et bien en réalité, bosser chez macdo, c’est surtout une gestion du stress bien particulière. Il faut savoir que vous n’avez pas le droit d’être inactif une seule minute pendant votre « shift » (votre service). S’il n’y a absolument personne dans le restaurant, que tout est propre… Il faut quand même trouver une activité.
Vous vous dévouez donc à trier des sauces (vous savez, les petits sachets de pommes frites sauce et de ketchup ? Ils sont en réalité triés dans des petits casiers que l’on place près des caisses), passer un coup de chiffon humide sur la caisse (même si ça fait la quatrième fois)…. Quand vous êtes désigné au « lobby » (autrement dit, c’est vous qui nettoyez la salle, les plateaux, les poubelles…), c’est presque impossible d’être inactif, mais autrement plus stressant.
Une poubelle qui déborde ? C’est la galère pour ensuite tenter de la fermer, puisque le client lambda n’a que ça à foutre de venir remettre des déchets par dessus (sans penser une seule seconde que laisser le plateau plein sur la table, c’est encore la meilleure option).
Vous vous plaignez qu’un jeune vient passer le balai sous vos pieds pendant que vous mangez ? Sachez qu’on est obligés de le faire sous peine de se prendre un léger savon par le manager. Passer la mop (la serpillère), c’est la vie. J’ai donc passé mes deux mois de boulot à rêver de macdo toutes les nuits, incapable de trouver le sommeil. Comme je finissais à la « close » (plus de 23h), je ne pouvais rejoindre mon lit qu’aux petites heures du matin, incapable de relâcher la pression qu’on m’avait collé toute la journée (bip divers et variés, rush infernaux…).
Super size me
Bosser au macdo, souvent, c’est aussi manger au macdo. Selon les restaurants, la politique sur les repas des employés n’est pas la même. Au restaurant où je travaillais, ils étaient plutôt détendus du gland puisque j’ai mangé macdo non stop pendant deux mois.
Super Size Me, à côté, c’est de la branlette de châton. Malgré tous les hamburgers que je pouvais m’enfiler plus ceux que je ramenais le soir (à la fermeture, les sandwichs non vendus pouvaient être repris par les employés, j’avais donc un frigo rempli d’hamburgers), McDo en jetait quand même des sacrés kilos.
Après deux mois passés au régime coca potatoes frites frappé Mc Chicken, j’ai non seulement testé toute la carte, mais aussi eu l’impression d’encrasser mon organisme pour les 15 ans à venir. De plus, effet pervers, il arrive qu’on devienne accro au macdo… Il m’est arrivé pendant cette période de littéralement fantasmer sur le goût des potatoes, au point de m’en enfiler un paquet à 16h, au goûter (NDFab : Annelise continue de s’envoyer des cheeseburger au goûter à la rédac).
Histoire de Love
Au macdo, il y a des employés qui sont là depuis de nombreuses années. Beaucoup vont et viennent, mais il reste presque toujours un noyau d’anciens, qui ont dépassé le simple job d’été.
Très vite, on s’aperçoit que tout le monde a forniqué avec les autres. Il faut dire que le système macdo est assez pernicieux : non seulement on est trop crevé pour aller rencontrer d’autres gens, mais en plus macdo offre des avantages aux couples.
De une : macdo organise souvent des grosses soirées avec open bar, où bien sûr ça se finit forcément en forniquage rapide dans les vestiaires. Si deux employés McDo se marient, ils ont quelques avantages (pour les congés notamment).
Ha bah oui, faudra pas venir se plaindre après…
Au final, chez macdo, il y a forcément quelques histoires de pécho, où toute nouvelle personne est analysée pour savoir si elle est potentiellement motocultable. J’ai personnellement été cataloguée « meuf frigide », où un jeune connard de 18 ans m’a dit « tu n’as pas l’habitude d’aller avec des garçons, je le sens »… Mon copain depuis trois ans est donc ravi de savoir que j’ai l’air d’une jouvencelle en goguette.
Drames du quotidien
Ce qui nous fait friser l’apoplexie plus que les touristes, c’est le client de base. Quand tu en vois défiler des centaines par jour, tu tombes forcément sur des sacrés frappadingues.
Best-of : un type qui venait tous les jours nous demander un big mac sans sauce et qui, TOUS LES JOURS, au bout de deux minutes d’attente, se mettait à gueuler « vous êtes en train de tuer la vache pour que ce soit si long ? ». J’avais à chaque fois envie de lui dire « C’est bon mec on a compris ta vanne, tu revis chaque jour les mêmes scènes ou quoi ? T’es bloqué dans l’espace temps ? Tu te crois dans Un jour sans fin ? ».
Il y avait aussi le client strip-teaseur dans un bar du coin qui venait nous demander un maxi best-of quotidien avec moult allusions sexuelles : il m’a proposé un jour une fessée, m’a appelé mi amor… toutes les serveuses y avaient droit, y compris les serveurs. Il y a ensuite les clients de passage un peu spéciaux comme des prostituées qui avaient mis l’argent pour leurs burgers dans leur soutif, des gays qui m’ont demandé une réduction « spéciale pédés », une femme qui m’a demandé 15 fois de suite si j’avais mis des glaçons dans son coca…
Et je me souviens encore du jour où les managers ont appris que j’étais malentendante, et le moment où on m’a expliqué que mon « problème » pouvait affecter ma rentabilité, et donc le bon bénéfice du macdo. Tout ça dans la bouche d’un mec qui m’apprendra plus tard que l’eau « s’évaporise », ça donne des envies de fistage au gros sel de guérande.
N’empêche, le macdo, ça marque à vie : l’argent gagné, on l’a vraiment mérité, et on espère vite se sortir de là. A côté de Ronald, Fab est un bonbon fourré au miel. Et les lectrices, un sacré bonus par rapport aux clients…
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Les Commentaires
Mais même si ce n'est pas le boulot le plus passionnant qui soit, je n'ai pas non plus eu l'impression d'être traitée en esclave... Au contraire, pour la première fois de ma vie j'ai eu l'impression de faire un VRAI travail et d'être considérée comme un EMPLOYER. Ça fait 3 ans que je travaille en freelance, et là oui, c'est de l'esclavagisme pur et dur, et on a pas les avantages du boulot salarié en CDI qu'on a au Mcdo. Quand j'ai commencé je me suis comme sentie revivre, après 3 ans à bosser dans des conditions atroces, enfermée chez moi en ermite, pour des cons qui dénigrent ton travail et le temps que tu passes dessus, à être payé au mieux 6 mois après avoir rendu le travail, au mieux 1 mois après, et aucune aide de l'Etat quand tu te retrouves sans rien. Donc honnêtement, le travail dans le stress, dans la rapidité, et supporter sans rien dire des imbéciles qui te prennent pour de la merde parce qu'au final c'est quand même eux qui te jettent une pièce pour acheter des pâtes, je le faisais déjà depuis 3 ans et le Mcdo ne m'a rien fait découvrir là-dessus. Et encore comme je dis, à coté de ce que j'ai supporté pendant 3 ans, le Mcdo c'est le paradis, littéralement.
Ensuite je voudrais rebondir sur un message précédent, certes un peu ancien...
Chez nous on a pas de masque, donc l'odeur on se la prend à chaque fois, et j'avoue que c'est pas super agréable surtout quand tu cuis des steaks sur le grill d'à coté (j'ai toujours peur qu'il y aie des projections sur le grill d'à coté). Concernant les gants, pour rajouter une protection en plus, je mets en dessous les gants bleus qu'on utilise pour prendre la viande congelée, ça permet quand même de se protéger un peu plus de la chaleur et en plus de se protéger les mains pour des raisons d'hygiène.
Et puis je sais pas comment tu t'y prends pour nettoyer ton grill, mais moi ça me prend 20 minutes à tout casser, 30 minutes si vraiment il y a rien d'autre à faire et que je peux prendre mon temps.
Par contre, les croque je reconnais que c'est chiant à faire. lol Et chez nous c'est très fréquent d'avoir des clients qui nous commandent des croque sans jambon. Et moi aussi j'ai explosé mon record de brûlures en 4 semaines, au point que j'ai dû investir dans une crème... lol