Quand je faisais des études en audiovisuel, je m’imaginais déjà en réalisatrice torturée. Dans mes rêves, je me voyais manager toute une équipe pour faire du cinéma avec un grand C. Rassurez-vous, mes chevilles se portaient très bien, et ce pour une excellente raison : je n’ai finalement jamais bossé pour le septième art.
Non, j’ai bossé à la radio et pour une chaîne télé (très) regardée. J’ai connu le chômage, l’intermittence, les jobs alimentaires. Lassée, j’ai cherché à me poser dans un contrat plus rassurant. C’est là que j’ai vu passer cette annonce pour un CDD dans la technique d’une chaîne d’information consacrée aux célébrité•es.
Une semaine après l’entretien, je débutais… Si cette expérience n’a pas été la plus intellectuelle de ma vie, j’ai passé 7 mois à découvrir tout plein de choses sur le milieu, la vie, et bien plus encore.
Quand tu bosses dans le people… Il faut connaître les célébrités
L’une des choses qui m’ont marquée au début est à quel point je ne connaissais pas cet univers. Moi qui me gargarisais autrefois de ma culture générale, je me trouvais incapable de savoir de qui il était question dans la moitié des reportages.
Le problème, c’est que j’étais chargée de vérifier les bandeaux affichant le nom des gens qui parlent en bas de l’écran. Parfois, je devais même les faire moi-même. Pas le droit à l’erreur sinon ça se voyait à la télé.
C’est comme ça que j’ai rapidement dû apprendre à reconnaître chacun•es des Kardashian, mais aussi toute la royauté européenne ou les starlettes françaises dont je n’avais jamais entendu parler… Mine de rien, ça en fait des informations à apprendre !
Au passage, j’ai également appris ainsi la règle numéro un à ce genre de poste : N’AYEZ JAMAIS CONFIANCE EN VOS COPIER/COLLERS. C’est comme ça qu’un jour, j’ai mis le nom de Kanye West sous un discours de la reine d’Angleterre. C’était cocasse.
Ce n’est pas parce que tu bosses dans le people que tu n’es pas pro
Un autre constat qui m’a étonnée au début était à quel point le ton était sérieux pour ces informations que je voyais comme superficielles. Le ou la présentateur•ice annonçait la fin d’un couple d’Hollywood sur le même ton qu’on aurait pu utiliser pour annoncer un nouveau projet de loi.
Mes collègues se disaient que quitte à être là, autant bien faire le job !
Je trouvais ça presque comique. J’ai rapidement compris que je dénigrais en fait mes collègues. La plupart des gens que je côtoyais étaient comme moi, ils n’avaient pas fait ce choix de carrière par vocation… Ils se disaient surtout que quitte à être là, autant bien faire le job. Et même si leur présence était un choix, grand bien leur fasse !
C’est ainsi que l’on s’est retrouvé tou•tes sous tension quand Kate Middleton a atteint son neuvième mois de grossesse. Pas un jour ne passait sans que l’on se demande quand est-ce que le Royal Baby
allait naître. On savait d’avance que ça allait être un événement important dont découlerait un suivi conséquent.
Quand tu bosses dans le people, tu rencontres des people… enfin presque
Jusque là, j’avais croisé plusieurs personnalités publiques, principalement politiques dans les autres médias plus sérieux.
La chaîne où je me retrouvais à travailler proposait également des émissions avec interview. Alors oui, j’ai croisé Francis Lalanne, mais j’ai surtout vu défiler Moundir, de très jeunes youtubeurs ou des participants de télé-réalité made in NRJ12.
Quand tu bosses dans le people, tes conversations deviennent… Différentes
En soirée, j’ai fait un petit exposé d’un quart d’heure sur la famille Kardashian.
Quelques semaines après mon arrivée, je me suis retrouvée à une soirée où quelqu’un a balancé une information sur une Kardashian. Sauf que c’était faux. J’ai décidé de la corriger en en profitant pour faire un petit exposé sur la fameuse famille. Ça a duré environ un quart d’heure, conclu par le regard médusés de mes potes me demandant ce que j’étais devenue.
D’une manière générale, au fil du temps je me suis rendue compte que mes sujets de conversations tournaient de plus en plus autour de l’actualité des célébrité•es. Être baignée 8 heures par jour dans les news de ces célébrités, ça finit par marquer.
Quand tu bosses dans le people, les gens te jugent
Jusque là, j’avais travaillé dans de grands groupes (mon entourage trouvait ça chouette) et j’avais eu des jobs alimentaires (mon entourage comprenait). Mais là, l’idée que je bosse dans le people provoquait comme une incompréhension générale. Un truc entre le mépris et la peine pour moi.
Souvent on me demandait sans bienveillance ni tact pourquoi j’avais atterri là ou si je comptais y faire carrière. Moi ça me faisait rire mais ça me peinait un peu. Je faisais un vrai travail et ne valait ni plus ni moins qu’avant !
Ce petit jugement permanent s’est ressenti jusqu’à mon annonce de départ. J’ai décidé de ne pas renouveler mon contrat ce qui n’a semblé déranger personne. Les gens m’ont beaucoup moins demandé de compte en comparaison à l’année précédente, quand je leur avais annoncé ne pas vouloir continuer dans un autre job vu comme plus prestigieux.
Quand tu bosses dans le people, c’est finalement un peu un travail comme les autres
Finalement, ce travail avait tout ce qu’il y a de plus normal à la longue : des qualités et des défauts, des tâches répétitives et parfois des gros moments de rush, des collègues que j’aimais et d’autres moins…
La routine s’est installée. Au fil des mois, tout•es ces anecdotes que je vous ai contées n’étaient plus des surprises mais mon quotidien. Plus grand choses ne m’étonnait et c’est d’ailleurs la raison pour laquelle j’ai décidé de mettre les voiles vers de nouvelles aventures.
De ces sept mois à travailler dans ce milieu, je garde quelques connaissances pour me la péter en société, beaucoup trop de comptes people dans ma timeline twitter et surtout plein de bons souvenirs.
Je vous quitte avec ce fabuleux reportage où l’on m’entend doubler la voix d’Eve Angeli. Parce que je ne pouvais pas le laisser secret après un tel article.
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Les Commentaires
@Castor Lapon Non, jamais. On m'a fait plusieurs fois des remarques sur madmoiZelle (trop ou pas suffisamment féministe, c'est selon les gens :cretin mais c'est minoritaire et surtout ça n'a jamais été en comparaison avec mes expériences précédentes.