Une capitale étant une capitale, on pourrait croire que le métro parisien est identique à celui de Tokyo : tentaculaire, onéreux et bondé (avec une petite odeur d’aisselles). Certes. J’ajoute que certaines lignes japonaises sont sur voie unique (les trains se croisent dans les gares), que le train haute vitesse ne peut rouler que sur des voies spécifique, que le confort à bord du métro est moyen, et le kilomètre ultra cher. Mais ce n’est pas le Japon pour rien ! Du coup, comme le reste du pays, métro et trains sont fiables et étudiés pour rendre la vie facile.
Propre, ponctuel, pratique
Le touriste qui débarque à Tokyo ne peut pas faire l’impasse sur le métro ; c’est le moyen le plus efficace pour traverser la ville de quartier en quartier. L’affichage est plurilingue : japonais (kanjis et kanas) et alphabet latin, et l’anglais au minimum, sur les quais comme dans les rames de métro. Certains trains proposent également une version en chinois et coréen. Chaque ligne est associée à un code couleur, chaque station a son chiffre sur la ligne : bien utile pour se repérer dans les gares qui superposent souvent plusieurs lignes de métro et de train. Parfois, des tracés au sol indiquent le chemin à suivre pour trouver certains quais. En haut, en bas ou sur les murs, il y a forcément de l’information quelque part ! Les habitués savent même déchiffrer les schémas qui indiquent où monter dans le train pour sortir juste devant l’escalator à la station voulue.
Dans le train, Japan Railway (JR) pense à ton confort : tout le monde voyage dans le sens de la marche. Les sièges pivotent deux par deux, permettant de créer à volonté des carrés, si difficiles à dégoter dans les Corails hexagonaux. Le contrôleur a une tablette, sur laquelle il visualise tous les sièges réservés. Il ne contrôle que les personnes assises sur des places non réservées. De toute façon, l’accès au train est protégé par un portique – sans titre de transport, ça ne marche pas. D’ailleurs, pour gagner du temps, les portiques sont ouverts par défaut. Fluidité maximale ! Les portes se ferment si on ne présente pas de ticket ou de carte à puce.
En huit mois, je n’ai jamais été confrontée à un retard de train. Le shinkansen, l’équivalent du TGV, proclame régulièrement son record de ponctualité (retard moyen d’une vingtaine de secondes), et le retard moyen se situe en-dessous de la minute pour l’ensemble du réseau JR qui comprend du métro, des trains de banlieue, des express. Bref, les trains sont à l’heure.
Pour arriver à ce que même les toilettes du métro (avec espace make-up) soient propres, évidemment, il faut soit des usager-e-s très respectueu-x-ses, soit une armada d’employé-e-s. Au Japon, il semble qu’il y ait les deux.
Les transports en commun et leurs usagers
Fréquenter le métro en période de rush est le meilleur moyen de faire mentir cet article. À part ces moments précis où tout est permis, mains au panier comprises,
les usager-e-s japonais-es se distinguent par leur discrétion. Même le salaryman bien chiffon se contente de marcher de traviole. Trois comportements phare dans le métro : dormir tête baissée ou appuyée contre son voisin, pianoter des mails ou mater une série/la télé/un anime sur son téléphone portable. Deux attitudes non violentes et surtout très silencieuses – un calme qui surprend au début mais qu’on apprécie avec le temps !
Des affiches dans les gares et les rames détaillent les bonnes manières : laisser vacantes les places dédiées aux personnes âgées et aux femmes enceintes ; mettre son smartphone sur vibreur, ne pas téléphoner, ne pas bloquer la porte, ne pas courir. Au Japon, les gens font la queue pour monter dans les wagons.
Beaucoup d’employé-e-s contribuent à faire des transports ferroviaires un service agréable : agent à chaque rangée de portiques, guichetier, chefs de gare, conducteurs, agents de nettoyage mais aussi le monsieur qui remplit les distributeurs à boissons, la dame de l’accueil au début des quais des trains express, ceux qui changent la protection de l’appuie-tête dans les shinkansen, qui tournent les sièges dans le bon sens, qui réparent illico les escalators, qui nettoient soigneusement les rambardes ou qui grattent les résidus de chewing-gum…
Uniforme de rigueur pour tous et gestes particuliers pour chacun. Le contrôleur fait une courbette en entrant et en sortant de chaque voiture, le chef de gare dessine en l’air la trajectoire du train entrant dans la gare (un geste de vérification, systématique, effectué avec le sérieux qui sied à la fonction). Quant aux « pousseurs », ces hommes censés entasser les gens dans les métros aux heures de pointe, je les ai surtout vus indiquer aux passager-e-s d’attendre le suivant, et éviter que les gens bloquent la porte. Mais pousser, jamais. Ils portent, comme les autres, des gants blancs – un accessoire prisé aussi des taxis et des chauffeurs de bus.
Le Japon, passion wagon
Le shinkansen fait la fierté de tout le pays. Rapide, confortable, ergonomique, son succès a été immédiat. Son design étonnant – la locomotive a un nez profilé ou long, plat et épaté selon les modèles – en fait un sujet incontournable. La seule fois où je l’ai pris (une période de départ chargée), une dizaine de personnes, caméra ou appareil photo à la main, attendaient de pied ferme l’entrée en gare.
Les Japonais-es auraient-ils l’âme de collectionneurs ? Chaque station de la Japan Railways, dans tout le Japon, possède son tampon exclusif, représentant un monument, un paysage, un objet typique du quartier ou de la ville. Tampon et encre sont à disposition, pour remplir le carnet des voyageurs fidèles (et obsessionnels ?). Après tout, on édite bien des « médailles souvenir » dans tous les lieux historico-touristiques de France…
Le train est aussi le sujet de nombreux magazines : histoire, photos, industrie, tous les angles sont possibles. On le trouve décliné, bien sûr, sur tous les produits dérivés possibles, du jouet pour enfant à la poterie, en ballon gonflable, en maquette carton. La JR édite également des trousses, des boîtiers métal, des porte-clés aux couleurs de leur affichage dans les stations. Un engouement populaire étonnant, pour nous qui sommes plutôt habitués à râler !
Et toi, que manque-t-il à tes trajets en métro ou en train ? Les pousseurs du métro tokyoïte sont-ils une légende urbaine ?
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Les Commentaires
Après je pense qu'on a déjà bien assez à faire chez nous pour le moment, et que la culture japonaise est complexe... D'ailleurs, je n'ai aucune idée du visage du féminisme dans de tels pays, ce serait bien de faire une série d'articles dessus, j'aimerais comprendre.