Le Wyoming poursuit sa descente aux enfers. Après avoir interdit quelques jours plus tôt la pilule abortive (qui permet 54 % des avortements aux États-Unis), cet état de l’ouest du pays a promulgué une loi interdisant aux athlètes transgenres de jouer dans des équipes féminines. Cette loi s’applique aux tournois interscloraires, pour tous les élèves du CM1 à la Terminale.
Le Wyoming devient ainsi le 19ᵉ état à adopter ce type de mesure transphobe pour limiter la pratique sportive.
Le gouverneur laisse passer le projet de loi sans le signer
Le gouverneur républicain Mark Gordon a choisi de ne pas déposer de véto à l’encontre du projet de loi, déclarant qu’il soutenait l’« objectif global de maintenir une équité dans les sports féminins de compétition ». Ménageant la chèvre et le chou, il n’a pas non plus signé le texte, justifiant son choix dans une lettre officielle : « Cette interdiction est excessivement sévère, discriminatoire, ne prend pas assez en compte les facteurs individuels ou les circonstances atténuantes, et ignore les principes fondamentaux d’égalité », comme le rapportent nos confrères de El País. Rappelons tout de même que, la semaine dernière, ce même gouverneur appelait les législateurs du Wyoming à inscrire l’interdiction totale de l’avortement dans la constitution du Wyoming.
Une loi qui s’inscrit dans une croisade législative plus large contre les personnes trans aux États-Unis
La loi sur l’interdiction de jouer dans une équipe féminine prendra effet le 1ᵉʳ juillet et interdira aux « élèves de sexe masculin de participer à des compétitions au sein d’équipes de sport conçues pour les élèves de sexe féminin ». Cette loi s’inscrit dans la lignée d’une douzaine de propositions du genre, portées par des élus républicains à travers le pays, pour restreindre les droits des personnes trans. Dans le viseur des conservateurs, on retrouve notamment les drag shows, ou les toilettes, vestiaires et autres lieux genrés dont on interdit l’accès aux personnes trans.
L’ACLU (American Civil Liberties Union of Wyoming), un syndicat de protection des libertés civiques, s’est insurgé contre l’inconstitutionnalité de la loi, en violation du Civil Rights Act, sans indiquer pour autant si elle comptait engager des poursuites judiciaires. En parallèle, l’association pour les droits LGBTQIA+ Wyoming Equality a promis un procès et a dit avoir contacté plusieurs associations qui pourraient les rejoindre dans cette démarche.
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Des dispositions prévues dans la loi en cas de procès
Le texte de loi spécifie que dans l’éventualité où un procès serait intenté, la loi serait suspendue et une commission provisoire, composée de cinq représentants des activités scolaires de l’établissement concerné, serait mobilisée pour trancher au cas par cas sur l’éligibilité de ses élèves à rejoindre ou non des équipes genrées, qui ne « correspondraient pas au sexe assigné à l’étudiant à la naissance ».
L’Idaho, état voisin du Wyoming, a été le premier à exclure des athlètes de certains sports ou équipes en raison de leur transidentité en 2020. Une loi qui avait ouvert la voie à d’autres états conservateurs, comme la Floride, la Caroline du Sud, le Tennessee ou le Texas. Un élan qui ne faiblit pas, alors qu’au Kansas, la gouverneure démocrate Laura Kelly a posé un véto pour la troisième année consécutive sur un projet de loi similaire. Les législateurs prévoient d’outrepasser cette décision (ou en tout cas d’essayer) dans les semaines à venir, révélant, une fois de plus, l’urgente nécessité de mieux protéger les droits des personnes LGBTQIA+.
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Les Commentaires
Et @Horion merci infiniment pour tes messages dans lesquels tu fais preuve de pédagogie alors même que ça doit être extrêmement difficile pour toi.
J'espère que tu prends des pauses de temps en temps pour te préserver