L’année dernière, Coy Mathis, une fille transgenre de 6 ans, avait dû être retirée de son école par ses parents. De sexe masculin, Coy s’est identifiée fille dès l’âge de 18 mois selon ses parents. À la maternelle, aucun problème puisqu’elle a pu être considérée comme une fille par ses instituteurs-trices et ses camarades.
En revanche quelques années plus tard, son école élémentaire lui a signifié qu’elle n’aurait plus le droit d’utiliser les toilettes des filles. Elle devrait soit utiliser les toilettes des garçons, soit ceux de l’infirmerie ou du personnel (toilettes neutres).
Le dilemme des jeunes transgenres face aux toilettes genrées à l’école : « être insulté-e » ou « être frappé-e ». Via lacigreen.tumblr.com
Coy a donc été retirée de l’école par ses parents, qui ont alors entamé une action en justice contre l’école, qu’ils accusent de ne pas respecter les droits civiques de leur enfant. Ça se passe au Colorado, et Coy a obtenu gain de cause en juin.
En effet, le règlement de l’école est contraire au Colorado Anti-Discrimination Act, qui interdit la discrimination des enfants transgenres. Or en considérant Coy comme un garçon alors qu’elle-même se considère une fille, la direction de l’école a eu un comportement discriminatoire à l’égard de Coy.
Reconnaître et accepter les identités de chacun-e
C’est bien plus qu’une histoire de toilettes qui est en jeu. Pour les personnes transgenres, ici, les enfants, il s’agit de faire reconnaître et accepter leur identité par la société.
Grâce à cette loi, en Californie, les enfants pourront notamment choisir s’ils veulent être avec les filles ou avec les garçons pour toutes les activités genrées organisées à l’école, notamment pour le sport.
Un jeune garçon transgenre avait témoigné en ce sens devant la commission d’éducation du Sénat, en préparation du projet de loi. Ashton Lee, 16 ans, avait déclaré :
« Je veux juste être traité comme les autres garçons, mais l’école me force à faire les cours d’éducation physique avec une classe de filles, et me demande d’être quelqu’un que je ne suis pas. Je ne peux pas apprendre et réussir à l’école lorsque chaque jour, je me sens seul et isolé en classe. »
« Les personnes qui peuvent définir votre genre et votre sexualité : vous-même ». Via lacigreen.tumblr.com
Pendant ce temps-là, en France…
En France, la route est encore longue. Alors qu’elles constituent un champs d’études universitaire reconnu outre-Atlantique, les études de genre peinent à acquérir leur légitimité en France.
Le thème du genre continue de cristalliser l’opposition de ceux qui manifestaient contre le mariage pour tous, qui n’y voient qu’une « théorie niant la réalité biologique ».
La véritable réalité qui est niée, c’est celle que vivent les personnes transgenres, tout ce qu’ils-elles doivent endurer au quotidien pour la reconnaissance et l’acceptation de leur identité.
A lire sur Rue69, ce poignant témoignage de Laurent, étudiant en journalisme. Attention, ça prend aux tripes. Extrait :
« Ma mère s’est avancée et m’a posé la question qui lui brûlait les lèvres depuis ma naissance : « Mais qui es-tu vraiment ? » C’était maintenant ou jamais. Dans un élan de courage, je lui ai tout simplement répondu que j’étais son fils. Je me rappellerai jusqu’à ma mort de son regard vide, triste, comme si le ciel lui tombait sur la tête, sans que cela ne la surprenne vraiment. »
— Extrait de Pas né dans le bon corps, j’ai passé mon adolescence à en changer
Le pronom adéquat est celui que la personne choisit. Via lacigreen.tumblr.com
La loi qui vient d’être adoptée en Californie constitue une véritable avancée pour les enfants transgenres, qui verront leur identité respectée dès leur plus jeune âge. En espérant que ce bon sens traversera rapidement l’Atlantique.
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Les Commentaires
Dans le cas de Coy, je pense qu'elle s'est sentie fille très jeune sans que cela n'ait de réel rapport avec les clichés féminins, mais qu'elle y a adhéré en réaction car elle savait inconsciemment que c'était ce qu'on attendait d'une fille. Mais je crois que ça reste de l'ordre de l'émotionnel.
Je crois aussi que les parents ont tendance à rechercher des signes dans le passé de l'enfant en s'appuyant sur des stéréotypes, mais ça c'est un autre problème.