Ryland a cinq ans, et c’est un petit garçon épanoui. Mais les premières années de son enfance ont été difficiles.
Ryland est transgenre : il est né « fille », c’est à dire dans un corps féminin. Vers trois ans, il a commencé à exprimer du dégoût envers tout ce qui était trop marqué « féminin » : vêtements, jouets, activités…
Ses parents ont cru à une « phase », et considéré que Ryland était un « garçon manqué ». Après tout, on n’est pas obligé d’aimer les jupes et les poupées (moi-même, à cet âge, ça me laissait hautement indifférente) !
Mais le temps passant, cette « phase » s’est accentuée. L’enfant supportait de moins en moins d’être considéré comme une fille, il n’était pas à l’aise dans son propre corps.
Certaines phrases prononcées par Ryland ont profondément interpellé ses parents :
« Quand toute la famille sera morte, je me couperai les cheveux pour pouvoir être un garçon. »
« Pourquoi est-ce que Dieu m’a fait comme ça ? »
Alors qu’il avait 4-5 ans. Personnellement, au même âge, je me vexais quand les gens me demandaient si j’étais une fille ou un garçon. Comme si ça se voyait pas, tsé.
« Dès qu’il a pu parler, Ryland criait « Je suis un garçon ! » », racontent ses parents.
Ils ont été interpellés par le comportement de leur enfant, se sont renseignés sur la transidentité et ont cherché l’aide de spécialistes. Ils ont découvert que 41% des personnes transgenres commettent une tentative de suicide, en raison du manque d’acceptation sociale de la transidentité.
Un risque intolérable pour ces parents qui aiment profondément leur enfant, peu importe son genre.
Ils ont pris la décision de l’accompagner dans sa transition : ils lui ont coupé les cheveux, ont pris l’habitude d’utiliser des pronoms masculins pour parler de lui. Ils ont redécoré sa chambre. Et Ryland est heureux !
Une vidéo pour sensibiliser le plus grand nombre
Ses parents ont réalisé une vidéo pour retracer l’histoire de leur fils, et pour aider et inspirer les autres parents. Ils ont envoyé une lettre à tous les proches pour expliquer leur décision d’accompagner la transition de Ryland, et précisent qu’ils « en ont perdus quelques-uns en route » : il y a donc des personnes dans l’entourage de Ryland qui l’aimaient comme petite fille, mais ne veulent plus rien avoir à faire avec lui maintenant qu’il est un garçon.
J’espère pour ces personnes que la vidéo de la famille Whittington pourra les aider à comprendre que Ryland est heureux comme ça, et que c’est tout ce qui compte :
La famille Whittington a reçu un prix, décerné par le Centre LGBTQ de San Diego, en Californie (on voit Ryland faire une partie du discours de remerciement à la fin de la vidéo).
Les personnes transgenres toujours victimes de violences
Cette histoire redonne foi en l’humanité, surtout après qu’un autre fait-divers a circulé la semaine dernière : dans le métro d’Atlanta, deux femmes ont été insultées et agressées. L’un des agresseurs en a déshabillé une, pendant que des gens filmaient, et que certains l’encourageaient…
Pourquoi ? Parce que les femmes étaient transgenres et les agresseurs voulaient « voir si elles étaient « des vraies » femmes ». L’une d’elles a témoigné :
« Personne n’a essayé de nous venir en aide. Tout le monde était debout sur les sièges, en train de filmer. C’est comme ça que la vidéo s’est retrouvée sur tant de sites Internet. […]
J’ai raconté ce qui s’était passé à l’un des officiers qui nous accompagnait à la sortie. Il se comportait comme s’il ne voulait rien n’avoir à faire avec nous. Il n’a pas rédigé de procès-verbal, ni rien. »
Les agresseurs ont finalement été interpellés. Pour en savoir plus, je vous invite à lire le résumé des faits sur GaVoice.
Qu’y a-t-il de si compliqué dans le concept de la transidentité, qu’y a-t-il de si terrible qui pousse des gens à en agresser d’autres, qui conduisent les témoins à filmer et encourager les agresseurs plutôt qu’à intervenir pour porter assistance aux victimes ?
La vidéo sur l’histoire de Ryland cumule déjà plus de trois millions de vues. Espérons que cet exemple heureux serve à montrer que l’acceptation sociale de la transidentité est indispensable, et que ce n’est vraiment pas la mer à boire…
Pour aller plus loin :
- L’article de Jezebel sur la famille Whittington
- « The Identity Project » : les LGBTQ définissent leur genre
- Le genre non-binaire, au-delà de l’« homme » et de la « femme »
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Les Commentaires
Ça répond à quelques questions que l'on se pose dans ces commentaires.
Et c'est beau.