L’été 2010 est marqué par le retour de la bande de jouets la plus célèbre au monde : celle de Toy Story. Sorti le 14 juillet, le troisième et dernier volet des aventures de Woody et Buzz est signé Lee Unkrich et Michael Ardnt (scénariste oscarisé pour Little Miss Sunshine). En plus de venir clore la saga, le film nous force à nous interroger sur le temps qui passe, le vieillissement, l’abandon et l’amitié. No Toy gets left behind.
Des visiteurs venus d'ailleurs !
Peter Pan, c’est juste des conneries : tous les enfants grandissent
Pas moins de 15 ans se sont écoulés entre la sortie du premier Toy Story et celle de Toy Story 3. Le temps pour tous les enfants de grandir et de troquer leurs joujoux et crayons de couleur contre ordi, caramail, MSN et puis, bien sûr, Facebook.
Andy en est la preuve : voilà bien longtemps qu’il a mieux à faire que de passer ses aprems avec Woody, Buzz, Jessy, Pil-Poil, Dr Cote de porc, Bart le Borgne, son chien à ressorts à champ magnétique intégré et son dinosaure qui mangent les chiens à ressorts à champ magnétique intégré. Et oui : Andy n’est plus un gamin et il a inévitablement fini par se lasser de ses jouets, même ceux qu’il aimait le plus. Aujourd’hui, à 17 ans, il s’apprête même à quitter sa famille pour commencer sa vie de jeune adulte à l’université.
Et comme à chaque départ de la maison familiale, il faut vider sa chambre et faire le tri. C’est bien connu. On commence donc par mettre les choses auxquelles on tient par-dessus tout dans un beau carton, qu’on s’empressera de déballer à peine arrivé dans son nouveau chez-soi. Et puis, ça se corse un peu : il y a des choses qu’on n’a ni envie d’emporter ni envie de jeter. Du coup, on choisit de les garder au grenier. En souvenir, pour nos enfants, ou seulement parce que c’est trop dur de s’en séparer. Et puis bien sûr, après ces choix CAPITAUX, il ne reste plus que des trucs miteux qui trainent sur la moquette : pour ceux-là, un grand sac poubelle fera l’affaire. Faut pas déconner, t’as plus 8 ans.
Nous avons tous, tôt ou tard, dû affronter le supplice du grand ménage de printemps, ou celui du méga tri avant un déménagement. On connaît donc les émotions que cela déclenche : vieux souvenirs qui se mélangent, séparation douloureuse, sourire mielleux, syndrome de Peter Pan… Et bien mes (grands) enfants, attendez vous à ce que Toy Story 3 vous fasse le même effet. Sauf qu’en plus de vivre le coup de vieux d’Andy, on se mange aussi celui de ses jouets qui se demandent bien comment ils vont finir…
Les jouets d’Andy n’ont apparemment pas cotisé assez pour une belle retraite
Désespérés de croupir au fond d’un vieux coffre, Woody, Buzz et les autres rescapés de l’adolescence d’Andy sont confrontés au départ de « LEUR » enfant. Et si le shérif a l’honneur d’avoir sa place dans le carton qui part pour l’université, les autres sont, eux, congédiés au grenier. Merci, c’était sympa, au revoir, à dans 10 ans. Manque de bol, suite à un petit malentendu, ils se retrouvent sur le trottoir à attendre le camion benne. Heureusement, Woody réussit à sauver tout le monde et la bande de jouets finit par débarquer dans une garderie aux airs de paradis. « Chic chic chic, on va de nouveau jouer avec nous ! » Le problème c’est qu’ils sont destinés à des gamins qui ressemblent plus à des monstres comme on en voit dans les TGV qu’à des petits anges issus de pubs pour lessive. Tous vont ainsi être confrontés à d’horribles niards et à leur folie destructrice. Tous, sauf un : Woody, qui comme à son habitude ne jure que par Andy et s’empresse d’essayer de le rejoindre. Du moins, jusqu’à ce qu’il apprenne que ses potes n’en ont plus pour très longtemps à vivre dans cette crèche infernale…
A partir de trois ans et demi, regardez ma boite ! A partir de trois ans et demi !
Prison Break, saison 1 bis
Après avoir fait face à l’arrivée d’un jouet high-tech dans Toy Story 1, affronté un kidnappeur déguisé en poulet dans Toy Story 2, Woody et ses amis vont cette fois-ci devoir s’échapper au plus vite de la crèche de Sunnyside sous peine de finir en morceaux dans les narines des gamins. Mais ce n’est pas une mince affaire : il y a eu le terrible Sid, l’affreux Papi Pépite, il y a aujourd’hui Lotso, un ours rose parfumé à la fraise qui n’a pas l’intention de les laisser filer… Sunnyside se transforme alors en une sorte de Fox River où Woody joue les Michael Scofield pour sauver sa bande.
Si on s'accrochait à des ballons, on s'envolerait, comme des oiseaux !
Un peu du 1, un peu du 2 et surtout beaucoup de génie
Un peu inquiétée par une éventuelle déception, j’étais ravie de constater que Toy Story 3 bénéficie des mêmes ingrédients que les deux premiers volets : des personnalités uniques (Woody le rabat-joie fidèle, Buzz le cosmonaute dévoué, Jessy la Calamity Jane, Rex le demeuré, Bayonne le sarcastique, M. Patate le râleur…), de l’action, des rebondissements, du rire, des sujets fétiches (rivalité, jalousie, solidarité, abandon, pérennité…), de nouveaux jouets (notamment les très célèbres Barbie et Ken !), des clins d’œil…
Mais la vraie force de Toy Story 3, c’est son histoire aussi mélancolique qu’émouvante, surtout dans la dernière partie du film qui a réussi à me faire verser plus d’une larme. Cet ultime volet de la saga Toy Story, dont je suis si fan, est à la fois plus noir (dans l’histoire comme dans la réalisation) et plus beau que les précédents. « Plus beau », parce que plus touchant (il y a cette fois-ci une véritable identification à Andy, l’humain, confronté aux mêmes épreuves que nous), mais aussi parce que visuellement parfait (des images de synthèse plus réalistes, un graphisme impeccable et même de la 3D !).
Avec des questions existentielles sur le temps qui passe et le vieillissement, Toy Story 3 est dans la lignée des films d’animation comme Wall-E et Là-haut : à la limite d’être plus pour les adultes que pour les enfants. Mais le public visé n’est-il pas ces gamins d’il y a 15 ans, aujourd’hui devenus grands ?
J'appelle pas ça voler ! J'appelle ça… tomber avec panache.
Nous vous devons une reconnaissance éternelle
Toy Story 3 vient clore une saga magnifique avec beaucoup de nostalgie, d’humour, de tendresse et d’espoir. Comme Andy, ses jouets et tous les mômes qui ont grandi avec eux, il est temps de tourner la page. Toy Story 3 est un de ces films qui parlent avec justesse du passage à l’âge adulte et du début d’une nouvelle ère : ce moment où, non sans peine et sans larmes, on se détache du passé, de son enfance, pour se lancer dans de nouvelles aventures. Vers l’infini, et au-delà.
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