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Source : Wikimedia Commons / librariemollat
Société

Toutes ces fois où Éric Dupond-Moretti a tenu des propos sexistes

Ouvertement antiféministe, le ministre de la Justice s’est illustré une fois de plus par son machisme, lundi 29 août, lors d’une conférence de presse où il s’en est pris aux femmes journalistes présentes ce jour-là. Mais le garde des Sceaux n’en est pas à son coup d’essai. Florilège de ses sorties sexistes.

En 2020, sa nomination avait été accueillie comme un affront par les associations féministes. Trois ans plus tard, Éric Dupond-Moretti est toujours en poste, et ses nombreuses sorties sexistes ont confirmé au fil des quinquennats sa misogynie décomplexée. Florilège.

Cette fois où il a dézingué le mouvement #MeToo

En 2019, le ministre de la Justice, farouche défenseur de la présomption d’innocence, s’en prend au mouvement #MeToo dans les colonnes de GQ : « Le mouvement #MeToo a permis de libérer la parole et c’est très bien. Mais il y a aussi des ‘follasses’ qui racontent des conneries et engagent l’honneur d’un mec qui ne peut pas se défendre car il est déjà crucifié sur les réseaux sociaux ».

Et il ne s’arrête pas là, livrant une masterclass en rhétoriques sexistes sur fond de « not all men » et de promotion canapé :

« Tous les hommes ne sont pas des prédateurs, même s’il y en a. L’emprise, ça existe. Mais il y a aussi des femmes que le pouvoir fait bander. La starlette qui va voir un producteur célèbre et lui dit ‘je veux devenir une star’, et l’autre lui répond ‘d’accord, mais tu couches’. Si elle couche, ce n’est pas un viol, c’est une promotion canapé. Et j’ajoute que ne pas considérer cela, c’est faire injure à toutes les femmes qui ont le courage de dire non ».

Éric Dupond-Moretti

L’abus de pouvoir et l’impunité permise par le statut de certains agresseurs n’entrent visiblement pas dans l’équation.

Cette fois où il a défendu le harcèlement de rue

En bon homme érudit, notre garde des Sceaux aime aussi parler pour les autres. Il en a fait la démonstration en 2018, lorsque Marlène Schiappa souhaitait faire inscrire l’infraction d’outrage sexiste dans la loi contre le harcèlement de rue.

Eric Dupond-Moretti avait alors affirmé que certaines femmes « regrettent de ne plus être sifflées » dans la rue, à l’instar d’une « très vieille dame » qu’il « adore ». Un argument bancal qui avait bien sûr provoqué un tollé.

Le ministre s’était alors positionné en grand défenseur de la liberté : « C’est ça l’hyper-réglementation. Est-ce que l’Etat a vocation à réglementer tous les comportements ? Moi je ne le crois pas ».

Cette fois où il a voulu séparer l’homme de l’artiste

2023 marque les 20 ans du féminicide de Marie Trintignant aux mains de son conjoint, Bertrand Cantat.

En 2018, ce dernier avait joui des soutiens de notre actuel garde des Sceaux, alors invité sur le plateau de C à Vous : « Cet homme a purgé sa peine, il est sorti, et il reprend son métier. Vous avez le droit de ne pas aller le voir, moi j’ai le droit d’aller le voir si j’ai envie. Où est le problème, je ne comprends pas », avait-il déclaré.

Face à Raphaëlle Rémy-Leleu de l’association Osez le féminisme !, le ministre avait dénoncé une chasse aux sorcières (« C’est du maccarthysme ! ») et appelé à faire la part des choses : « Il ne se produit pas en tant que meurtrier et auteur de coups mortels, il se produit en tant qu’artiste ».

Ces fois où il a dénigré la parole de victimes présumées de violences sexuelles

Avant d’être nommé ministre de la Justice en 2020, Éric Dupond-Moretti a fait carrière en tant qu’avocat pénaliste. Parmi ses clients, Georges Tron, ex-secrétaire d’État accusé d’agressions sexuelles par deux de ses anciennes employées, que le futur ministre était parvenu à faire acquitter lors de son procès pour « viol en réunion ».

Comme le retracent nos consœurs de Femme Actuelle, Éric Dupond-Moretti s’était adressé aux plaignantes à l’issue du procès, saluant la patience de son client : « À [sa] place, je vous sauterai à la gorge ».

Avant d’ajouter élégamment dans les colonnes de GQ, un an plus tard : « L’une d’entre elles raconte qu’elle était amoureuse de lui. Elle accepte une relation sexuelle, puis elle dit non du jour au lendemain mais y retourne 25 fois. Quand on est violée et quand on y retourne 25 fois, c’est 24 fois de trop ».

Le ministre a un long historique quand il s’agit de discréditer les victimes présumées de violences sexistes et sexuelles : en 2015, alors qu’il défend l’entrepreneur David Roquet, impliqué dans l’affaire DSK, il dénonçait déjà « le retour du puritanisme le plus abject », estimant, auprès du JDD, qu’il ne s’agissait au fond que « d’une affaire de copains qui s’offrent du bon temps ». Ambiance.

Cette fois où il s’en est pris aux femmes journalistes

Dernière sortie sexiste en date, le garde des sceaux s’est fendu d’un commentaire « inapproprié » adressé aux femmes journalistes lors d’une conférence de presse lundi 28 août 2023 :

« Je constate que parmi les journalistes femmes qui m’ont interrogé, personne n’était devant moi les seins nus, hein. Il ne faisait pas assez chaud ? ».

Le ministre était en déplacement suite à la manifestation de soutien à Marina, interpellée seins nus dans la commune d’Aurillac la semaine dernière et poursuivie pour exhibition sexuelle. Cette dernière avait refusé de se couvrir, évoquant son droit « comme la moitié des hommes », à ne pas porter de tee-shirts sous cette chaleur étouffante.

Faisant montre de la grande délicatesse qui le caractérise, le garde des sceaux n’a pu s’empêcher de faire cette réflexion désobligeante, s’attirant, à juste titre, les foudres des sociétés de journalistes de BFMTV et TF1, présents sur place.


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