On ne savait pas trop à quoi s’attendre avec cette nouvelle saison de la série qu’on adore regarder mais qu’on kiffe encore plus critiquer. Plaisir coupable, quand tu nous tiens ! Les thèmes (opportunistes ?) de Plan Cœur volume 3 faisaient en tout cas bien envie : féminisme et maternité. Chez Daronne, c’est clairement notre crédo.
Dans la saison 1, Elsa sortait avec un mec engagé par ses copines sans qu’elle le sache, qui se révélait être « un pute » [sic]. Une intrigue un peu naze mais qui permettait tout un tas de rebondissements. Le résultat était une comédie romantique en plein Paris plutôt sympathique, avec des trentenaires à la fois attachantes et très irritables (non, pas attachiantes, s’il vous plaît).
Elle n’était cependant pas dénuée d’aspects problématiques, comme des dialogues franchement maladroits et un effacement étonnant des origines des personnages racisés, comme le soulignait entre autres cet article de Biiinge.
En saison 2, Elsa, vexée par les manigances de ses amies et ayant fait semblant de partir à Buenos Aires, réapparaissait à Paris. Brouillée avec ses deux meilleures copines – Milou, qui découvrait la maternité et ses aléas et Charlotte, investie à fond dans sa start-up –, Elsa se réconciliait avec elles, puis se re-brouillait, puis se re-réconciliait… bref, une intrigue pas folichonne.
En saison 3 de Plan Cœur, un féminisme pas très subtil
Alors, que se passe-t-il dans Plan Cœur saison 3 ?
Eh bien Elsa et Julio, plus que jamais ensemble, essayent de faire un enfant. Milou et sa famille s’installent à la campagne et la décoratrice s’ennuie au milieu des vaches. Charlotte sort avec un mâle alpha très problématique et s’investit dans la campagne électorale de la mairie du 9e à Paris.
On sent la volonté un peu trop appuyée d’être dans l’air du temps, de cocher toutes les cases d’un bingo féministe – le harcèlement de rue, la nécessité du consentement, la stigmatisation des personnes en relation libre –, quitte à faire rentrer de force (avec un burin !) des idées dans des scènes qui deviennent des déclamations peu réalistes de messages.
Vous vous direz peut-être alors, toujours en train de se plaindre ces féministes ? Alors oui et non. L’intention est très bonne ; les moins sensibiliss entendront grâce à cette saison 3 un propos utile mais c’est dommage que cela se fasse au détriment de la qualité globale de la série.
De grosses maladresses sont également à noter comme le modèle parental proposé par Milou et son mec, qui ne travaille plus et s’occupe de tout à la maison. Il déclare alors :
« La charge mentale, c’est pas réservé aux femmes. »
La question se pose : a t-on vraiment besoin de voir ce cas très particulier mis en avant, comme pour ne pas froisser les hommes qui regardent et qui sont impliqués (bien sûr ça existe !), alors qu’aujourd’hui encore les femmes s’occupent de 70% des taches domestiques et parentales ? Eh oui, les statistiques sont effarantes…Sur le sujet si important du féminisme, j’estime qu’on mérite mieux.
La série pèche donc par excès de zèle et par maladresses. Et du côté de la mise en scène, ça tient la route ?
Une série à sketchs
Cette saison 3 de Plan Cœur est à nouveau un patchwork de petites scènes. Les personnages ne sont pas crédibles, les situations toujours plus loufoques… Il y a encore quoi pester contre cette mise en scène insuffisamment travaillée et son exagération constante, peu réjouissante.
En essayant de trouver du bon dans cela, on peut voir cette nouvelle saison non comme une série mais comme une sorte de Palmashow woke où de petits gags s’enchaînent à bonne allure.
Mais même en étant généreuses, face à cet enchaînement de saynettes sans transition, de dialogues souvent faussement subversifs marqués par un humour gras et hasardeux… force est de constater qu’on est toujours sur une série assez médiocre.
Cependant, certaines des thématiques abordées sont importantes et leur traitement plutôt intéressant. Le fil rouge est un questionnement récurrent chez beaucoup de trentenaires : ai-je envie ou non d’avoir des enfants ?
La série va certes aborder ce thème avec des gros sabots mais cela a le mérite de mettre les sujets sur le table et de proposer des modèles divers et variés aux toutes jeunes générations, nombreuses à regarder ce soap.
Un parcours de PMA entre rires et larmes
Il faut le dire : devant Plan Cœur saison 3, j’ai vu à l’écran quelque chose que je n’avais jamais vu. Une Française de ma génération qui galère pour être enceinte, et qui se met à faire tout et n’importe quoi dans l’espoir que ça marche ! Aux États-Unis, cela avait été traité dans Master of None, où l’épisode 4 de la saison 3 avait pour sujet un parcours de PMA.
Bien sûr, c’est une comédie, et c’est Plan Cœur donc le grotesque est poussé à l’extrême et certaines scènes ressemblent à des parodies mais clairement on sent le vécu.
C’est très agréable de pouvoir s’identifier à cela quand on a soi-même mis du temps à être enceinte, et de rire de ce qui peut tourner rapidement à l’obsession.
Elsa n’utilise plus que des produits naturels, mange végétarien et seulement des aliments qui favorisent la fécondité. Très écolo dans cette saison, elle se met en tête que des rituels de fécondité vont lui permettre d’être enceinte. Elle embauche une chamane de la fécondité, avec laquelle elle passe son temps au téléphone, organise fêtes et rituels de fertilité, enchaîne les tests d’ovulation, fait l’amour sous une statuette dédiée…
Elle accuse aussi sa mère de lui avoir servi de la junk food toute son enfance, de l’avoir fait baigner dans les phthalates et les perturbateurs endocriniens. Elle accuse la génération d’avant d’avoir fait n’importe quoi et d’avoir compromis la fertilité de la génération actuelle. C’est grossier mais on n’est pas tout à fait loin d’une certaine vérité tout de même…
Ce qui suit va spoiler Plan Cœur saison 3. Si vous n’avez pas vu cette saison, mieux vaut ne pas lire la fin de l’article.
Elsa, qui finit par recevoir un diagnostic d’infertilité partielle (puis de stérilité), fait ensuite une stimulation ovarienne, et comme elle le dit très bien :
« C’est la meuf qui se tape tout le boulot dans une FIV. »
Elle est en proie aux oscillations de moral et aux moments d’intense abattement.
C’est donc un aspect très bien rendu que cette quête obsessionnelle de la fécondité, rendue ici avec une exagération comique, mais qui montre bien l’aspect irrationnelle et ridicule qui peut survenir lorsqu’on le vit.
Être ou ne pas être mère, c’est la question
Cette saison, très axée sur la maternité, nous montre donc trois profils de femmes qui galèrent avec leur corps et qui ont intégré les pressions de la société concernant la maternité.
Elsa essaie donc d’être enceinte, se met une pression folle, et ça n’y coupe pas, quand elle ne boit plus d’alcool, quelqu’un pense que ça y est, elle est en cloque, et lui dit !
Milou, déjà mère d’un petit Eddy, tombe enceinte alors que ce n’est voulu, se force dans un premier temps à garder l’enfant. Elle pense toutes les conditions réunies l’obligent à mener à terme cette grossesse puis finit par avouer qu’elle ne veut pas de cet enfant.
Quand on a un seul enfant, les injonctions pour que l’on en ait un deuxième sont fréquentes, d’autant plus lorsque l’on coche toutes les cases de la stabilité. Milou se sent mal, culpabilise puis finit par déclarer :
« On ne peut pas galérer pour tout avec notre corps — quand on veut un bébé, quand on en veut pas… »
Charlotte, à laquelle on diagnostique un cancer du sein dans cette saison, ne veut pas d’enfant mais n’ose au début le dire qu’à demi-mots, ayant sans doute intégré le jugement qui pèse sur les personnes childfree, surtout quand elles sont de genre féminin.
Qu’elles aient envie d’avoir des enfants ou non, les femmes sont ici sujettes à des pressions de la société au sujet de la maternité et galèrent chacune à leur façon. Mais c’est l’amitié et la sororité qui les sauvent et leur permettent de relativiser, de faire leurs propres choix. Alors oui, c’est assez basique mais ça reste une belle leçon.
Plan Cœur aurait pu être LA série générationnelle française qu’on attendait, à l’instar de Girls ou de la plus actuelle Insecure aux États-Unis, mais elle se contente d’être un divertissement sympathique, quelque peu problématique à certains endroits — bien qu’elle a le grand mérite tout de même d’aborder des sujets, parfois de façon originale, que l’on ne voit nulle part ailleurs dans les fictions françaises.
C’était la dernière saison, et l’on n’éprouve pas trop de peine à quitter pour toujours ces trois amies. Bye Plan Cœur !
Plan Cœur saison 3 est sur Netflix
À lire aussi : Alléluia, la saison 3 de « Plan Cœur » sera la dernière !
Image en une : Plan Cœur (© Netflix)
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Les Commentaires
Et merci à Joséphine d’avoir payé son boule, sérieux je pense ne jamais avoir vu un vrai boule de meuf qui fait plus que du 34, avec de la cellulite à la tv.