C’est simple, pour me présenter, je pourrais dire « Bonjour, je m’appelle Almira, j’ai des coudes, des narines, un humour de merde, et j’ai faim ».
J’ai faim même pendant que je mange, ce qui fait de moi une personne extrêmement flippante à avoir à côté de soi à table : je mange comme si ma vie en dépendait. Mes yeux s’injectent de sang au fur et à mesure que ma bouche se remplit de bouffe : plus je mange vite, plus vite je pourrai me resservir, plus je pourrai manger, plus vite j’aurai le bide en vrac. Parce qu’évidemment, je mange comme une truie, et dès que le repas est fini, je soupire à me déchirer l’âme que j’ai mal au ventre, que j’ai trop mangé et trop vite.
Pendant que je mange, mon cerveau passe dans un tout autre level. Tous mes sens sont en éveil. Le goût, évidemment, mais pas seulement. Mon ouïe guette des messages type « ouh là là, je crois que j’en peux plus, tu veux finir mon assiette ? » (qui m’emplissent de joie) ou « oh ça a l’air bon ce que tu manges, je peux goûter ? »
(qui eux m’emplissent de terreur et entraînent la mise en place d’un complexe mécanisme de défense à base de postillons).
Le toucher me sert à savoir si ce que je m’apprête à manger n’est pas trop chaud, même si la plupart du temps, je m’en contrefiche, ce qui fait que mon palais n’est qu’une cloque en perpétuelle cicatrisation. J’ai l’odorat du requin capable de repérer une goutte de sang à des kilomètres à la ronde : je détecte un rôti qui dore au four à 200m. Mon tarin est un radar à bouffe. La vue, elle, me permet de voir si mes voisins de table n’ont pas eu une assiette plus remplie que la mienne, ou s’ils n’ont pas l’intention de finir le plat avant moi.
Quand j’analyse mon comportement face à la nourriture, je réalise qu’à l’état sauvage, en plus d’être très poilue, je serais un putain de prédateur sanguinaire, prêt à tout pour un plateau de Marennes d’Oléron.
Oui, parce que si j’ai tout le temps faim, et que mes pulsions sont par définition dévorantes, je garde tout de même quelques exigences en terme de qualité. Manger tout le temps oui, mais pas n’importe quoi.
Par exemple, j’ai beaucoup de mal avec la junk food. Je ne mange que très rarement au MacDo, jamais au Quick, je préférerais aller en club échangiste avec mon père que de manger au KFC et depuis que j’ai entendu cette rumeur que tout le monde connaît sur la sauce blanche, je n’ai plus jamais mis les pieds dans un kebab. C’était en 2004.
La bouffe, ça se doit d’être noble, même si je l’aspire sans état d’âme. Et même si je pourrais vendre mes reins pour des spaghettis beurre-gruyère. La bouffe, c’est du risotto, c’est de la soupe maison, c’est des terrines fabriquées de mes blanches mains, c’est du pain au levain, c’est du fromage artisanal, du saucisson de la ferme, des légumes de l’AMAP, du poulet de Bresse, les oeufs de ma mamie, le basilic du jardin, le cheesecake que je cuisinerai demain, de la crème d’Issigny, les cèpes que j’ai ramassés toute seule, des frites au couteau, le burger du boucher, du foie gras de canard du Gers, et me voilà qui bave sur mon clavier.
Je sais que je vais trop loin, et que je suis pas normale. Alors des fois, pour me rassurer et me lancer des défis, j’essaie de sauter un repas, pour rigoler. Et bien quand j’y arrive (pas souvent), je suis sûre d’éprouver ce que ressent un sportif qui réussirait un marathon pour la première fois, et par conséquent, je m’octroie le droit à double ration au repas suivant en guise de récompense.
Un jour, l’amoureux a voulu me faire plaisir. Il m’a cuisiné des tagliatelles à la carbonara. Ah, ça, on peut dire que ça m’a fait plaisir. Je me suis ruée sur mon assiette comme le chômage sur un jeune diplômé. Lui par contre, il a moins aimé : il a voulu me piquer un lardon dans mon assiette. J’ai poussé un grognement terrible, et je lui ai planté la fourchette dans la main. Là il a hurlé : « Mais t’es complètement tarée ma pauvre fille ! On te nourrissait pas quand t’étais petite ? ».
S’il est indéniable que je sois effectivement finie au pipi, je ne me rappelle cependant pas avoir sauté le moindre repas étant enfant. Au contraire, même si je n’ai jamais été plus épaisse qu’un coup de trique, on peut pas dire que j’ai manqué de bouffe. J’étais de ces enfants qu’il vaut mieux voir en photo qu’à table.
Mais dans ce cas là, il vient d’où, cet insatiable appétit pour tout ce qui se digère ? Pourquoi est-ce que je ressens sans cesse le besoin de me remplir jusqu’à la glotte de bouffe ? Pourquoi est-ce que je m’obstine à manger comme si le repas que j’étais en train de prendre serait le dernier ?
Voilà une question à laquelle je n’ai malheureusement pas trouvé de réponse. Et comme j’ai la flemme d’aller chez le psy, je suis allée la chercher sur Doctissimo. Conclusion : je suis très stressée, je dors pas assez, j’ai énormément de cholestérol, des problèmes de glycémie, une mauvaise alimentation, et BIEN ÉVIDEMMENT, le ver solitaire. Avec tout ça, si les Mayas se sont gourés pour la fin du monde, je pourrai jamais le savoir, vu que j’aurai passé l’arme à gauche bien avant.
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Les Commentaires
Quand mon grand frére en avait plus dans l'assiette j'etais jalouse!
Malgrés tout j'ai toujours pu me venter de manger ce que je voulais sans grossir. EN faite sa c'est avere faux quand j'ai enmenagé avec mon copain, la encore peur de manqué amour de la bonne la bonne bouffe et le fait detre a deux encourage le concotage de bon ptit plat, lasagne qui dure deux jours, une poel a deux de risotto au saumon, 8 crépes au nutella... a ce moment la j'ai pris 10 kilos en l'espace de 4 petit mois, et c'est la que la theorie de je mange ce que je veux je grossis pas c'est effacé. Puis je me suis calme ce qui ma permit de virer 5 kilos, malgré tout je suis toujours gloutonne apaisé d'avoir bien mangé, heureuse de gouter a plein de bonne chose, contente d'en avoir un peu plus dans mon assiette. par contre j'ai un probléme c'est le ventre qui gargouille et qui fait mal a 11h, j'ai tellement honte du bruit qu'il fait que je m'empresse d'aller m'acheter quelque chose a manger. En conclusion j'ai decide de lutter contre ma nature de grosse mangeuse et de peur de manqué en apprenant a m'arreter quand j'ai plus faim et surtout a en mettre moins dans mon assiette que dans celle de mon copain. c'est dure mais en 4 semaine j'ai perdu un peu plus de 3 kilos.