Entourée de gens ouverts, aimants et ma foi fort sympathiques, j’ai eu la chance de vivre un coming out plutôt chill.
Mais malgré tous leurs efforts et leurs petites attentions, je sens bien que certains aspects de ma vie échappent totalement aux personnes qui gravitent autour de moi.
Pour ce mois des fiertés, j’ai donc décidé de tenter l’exploit d’expliquer la Pride à mon entourage (et à tous ceux qui n’y comprennent rien) !
La Pride, une célébration ancrée dans l’histoire
À l’évocation de la Pride (ou Marche des Fiertés), beaucoup se représentent une cohorte de jeunes (et moins jeunes) plus ou moins (surtout moins) vêtus, se trémoussant sur du Britney et agitant des drapeaux multicolores.
Ces personnes n’ont pas tout à fait tort, mais passent à côté de l’essentiel : l’histoire de la Pride, et sa signification. Car derrière cette fête se trouvent 50 ans, au moins, de lutte de la communauté LGBT.
Si « tout » ne commence pas en 1969, c’est cependant à cette date que la police new-yorkaise perquisitionne le Stonewall Inn, un bar fréquenté par des personnes LGBT. Las de cet acharnement policier, certaines résistent.
À cette nuit s’ajoutent 5 autres durant lesquelles la communauté LGBT va manifester pour ses droits : c’est l’origine de la marche des fiertés telle qu’elle est connue aujourd’hui.
Survenues dans un contexte extrêmement LGBTphobe (il est interdit de servir des boissons alcoolisées aux homosexuels, de danser entre hommes, de se travestir..), les émeutes de Stonewall marquent le début du militantisme LGBT.
Je ne suis pas du genre à jeter des fleurs à Google, mais pour célébrer le 50ème anniversaire de ce qui est considéré comme la naissance de la Pride, la multinationale a créé Stonewall Forever.
Si ça t’intéresse d’en savoir plus sur cet évènement, l’expérience réunit des histoires, photos, messages, témoignages et même un mini-docu sur la communauté LGBT !
Pourquoi la Pride ?
Si le cas des trois idiots militants conservateurs qui souhaitent organiser une straight pride à Boston a bien prouvé quelque chose, c’est qu’aujourd’hui encore le but et l’intérêt de la Pride ne sont pas compris par tous.
« Ils nous répètent sans cesse que ce n’est pas un choix, mais moi j’ai pas choisi d’être hétéro et pourtant j’en suis fier, alors pourquoi je n’aurais pas le droit à une Straight Pride ? »
Jean-Mich, personnage fictif aux cheveux blancs bien peignés.
Mais c’est tout simple Jean-Mich !
Parce que toi, homme cisgenre et hétéro, tu n’as jamais été discriminé en raison de ton orientation sexuelle ou de ton identité de genre.
Tu peux chouiner tout autant que tu le souhaites, mais tu ne comprendras jamais ce qu’a traversé et traverse encore la communauté LGBT !
D’ailleurs, la Pride ne se limite pas qu’à une fête colorée et bruyante : c’est aussi un moyen de lutte et d’expression contre l’oppression !
Les hommes « trop exubérants » à la Pride
« Non mais ok, aller manifester pour ses droits je comprends. C’est juste dommage qu’il y ait des « folles » qui discréditent le mouvement… »
Ah ! Cette réflexion je l’ai entendue maintes fois, côté hétéro comme LGBT… et j’avoue l’avoir déjà eue moi-même.
Je garde de ma première Marche des Fiertés un souvenir amer. J’étais complètement déconnectée des gens qui m’entouraient, déçue de ne pas vraiment me retrouver dans cette communauté bruyante et flamboyante.
Voir un mec dans un petit slip en cuir, les tétons percés et une plume de paon lui sortant du slibard… c’était assez décontenançant pour moi, dont le moyen d’expression de ma sexualité se trouve à des années-lumières de là.
J’avais tellement intégré le cliché d’une orientation sexuelle « discrète » pour être la plus « normale » possible que toute cette agitation colorée venait chambouler mon petit monde pour la première fois.
Avec le temps, en en apprenant plus sur moi-même, l’histoire de la communauté LGBT et sur la Pride, j’ai compris plusieurs choses.
Cette Marche des Fiertés, cette lutte pour mes droits en tant que femme aimant les femmes, c’est à ces personnes bruyantes et flamboyantes que je les dois.
Sans leurs voix, sans leurs corps d’éclats, sans leur étincelle, la grande majorité des homos, bi, trans, et lesbiennes serait encore dans le placard.
« Pourquoi ils se sentent obligés d’afficher leur sexualité aux yeux du monde comme ça, roooh »
Marie-Émilie, personnage fictif à qui un homme a appris à coudraaanh
Eh bien, Marie-Émilie, parce qu’afficher leur sexualité de manière aussi ouverte et ostentatoire tient non seulement de l’engagement politique mais résulte aussi d’un droit qu’ils se sont battus pour obtenir !
C’est pas pour rien que cette manifestation est appelée la Marche des Fiertés et que parmi les slogans tu peux entendre « Be proud, Be loud » (soyez fiers, faites du bruit) !
La Pride, une célébration politique, toujours d’actualité
« Oui mais bon ça va, en France et dans les pays occidentaux vous êtes pas les plus à plaindre, les choses ont quand même bien changé… »
Absolument, et je félicite tous ceux, toutes celles qui ont œuvré dans ce sens !
Le gouvernement vient d’ailleurs d’annoncer que l’extension de la PMA à toutes les femmes sera examinée à l’Assemblée fin septembre. Formidable nouvelle, si tant est qu’elle ne soit pas repoussée une énième fois…
Mais le gouvernement se serait-il intéressé à la question sans le militantisme des associations LGBT ?
Et surtout, pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? Pourquoi penser que puisque c’est « mieux ici » il n’y a plus aucun progrès à faire ?
Surtout que la route vers l’égalité est encore longue !
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L’homophobie et la transphobie existent toujours
L’association SOS Homophobie soulignait dans son rapport 2019 : « 2018 a été une année noire ». Les témoignages de cas LGBTphobes ont augmenté de 15% comparés à l’année précédente.
Bien sûr, ces chiffres sont à prendre avec des pincettes : ils n’indiquent pas forcément que les agressions ont augmenté de 15%, mais que plus de personnes ont témoigné après avoir été agressées.
SOS Homophobie note également une « hausse alarmante [66%] des signalements d’agressions physiques, pour l’essentiel des coups et blessures ».
Au dernier trimestre 2018, une personne par jour a été agressée physiquement à cause de son orientation sexuelle en France…
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Quoi que Marie-Émilie, Jean-Mich et tous les homophobes du coin puissent en penser : la Pride demeure aussi pertinente aujourd’hui qu’au premier jour !
Qui peut aller à la Pride ?
Je suis passée par tous les stades pour répondre à cette question.
Comme je te l’expliquais, à une époque je pensais ne pas avoir ma place à la Marche des Fiertés.
Il y a deux ans, j’étais convaincue que mes potes hétéro n’y venaient que pour profiter de l’ambiance et faire la fête, ce qui m’avait rendue plutôt furax…
Aujourd’hui je dirais que la Pride est faite pour tous ceux et toutes celles qui s’y sentent à l’aise.
Tu peux faire partie de la communauté LGBT mais ne surtout pas vouloir mettre un pied dans ce show exubérant, comme être hétéro jusqu’à la moelle et venir pour soutenir tes amis, ta famille ou la cause en général.
L’important c’est que tu saches pourquoi tu viens. Et que tu passes un bon moment !
La Pride est un éventail de diversité où chacun est le ou la bienvenue pour s’amuser tout en passant un message politique.
Une célébration et un acte de militantisme. Et je trouve ça beau.
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Les Commentaires
Je pose ça là Contenu spoiler caché.