Il parait que l’arrivée du deuxième enfant se vit plus sereinement. Je confirme. Si pour ma fille, j’étais en sueur du matin au soir, pour mon fils une chose est sûre : je me prends beaucoup moins la tête, et tant mieux ! En vieille routarde experte ès couches pleines, j’ai noté pour vous toutes les différences de comportement entre mon premier et mon deuxième bébé.
Habiller son premier enfant VS couvrir son deuxième bébé
Enfant numéro 1 : L’hypothèse de Rieman serait le problème mathématique le plus difficile de l’histoire. A décrété quelqu’un qui n’a jamais dû composer le trousseau d’un nouveau-né.
Comment prévoir efficacement ses tenues quand on ne connaît ni la taille de l’individu, ni sa carnation, ni ses goûts en matière de mode et qu’on ignore la température ambiante qu’il fera au moment M, sachant qu’elle sera fondamentalement variable ? Dans le doute, j’ai investi dans une trentaine d’exemplaires de chaque pièce, on n’est jamais trop prudent, je n’allais tout de même pas prendre le risque de me trouver à court de chaussettes en pleine nuit.
Enfant numéro 2 : Environ deux semaines avant l’accouchement, je me dis que même si cet enfant va probablement faire comme tous les enfants avant lui et utiliser ma peau nue comme matelas chauffant et couverture de survie, la bienséance m’impose de lui dénicher quelques frusques. Je me traîne difficilement jusqu’au grenier et je retrouve trois bodys et deux pyjamas en relativement bon état.
Ce petit trousseau frugal est bien suffisant. Au bout de deux changes intégraux tous deux réalisés avant neuf heures du matin (un nourrisson ça fuit énormément), je capitule : l’enfant restera en couche, enveloppé dans un plaid. Pratique, mais aussi psychiquement salvateur puisque de douloureux souvenirs communs affluent chaque fois que mon petit amour coince son gros crâne chauve dans l’encolure étroite de son body.
Cuisiner pour son premier enfant VS nourrir son deuxième bébé
Enfant numéro 1 : À quatre mois et une minute, monsieur papa et moi agitions sous le nez de notre première-née une cuillère de purée maison aux carottes pochées et aux airelles bio. Numéro un a tiré la langue avant de se mettre à hurler, visiblement persuadée que sa propre mère essayait de l’empoisonner.
Le monde s’est écroulé, mon engeance n’était pas gastronome. J’ai informé mon mari en pleurant que la maternité avait remplacé notre enfant par un avatar de seconde zone et que notre véritable descendance était probablement coincée quelque part au sein d’une famille maltraitante qui… qui… la nourrissait de petits pots tout faits.
Enfant numéro 2 : Mon mari me dit que notre fils va bientôt avoir six mois. Je m’insurge : « Quoi, déjà ? Arrête, ça se peut pas ! ». Je vais dans la cuisine, et j’ouvre mon placard. Comme quoi, décider de suivre les préceptes DME (Diversification Menée par l’Enfant), ça tient à peu de choses, en l’occurrence au quignon de pain et au demi-melon qui restent du repas de midi.
Pendant ma courte absence, mon héritière numéro 1 a fourré de grosses cuillerées de sa compote industrielle préférée saveur framboise, paillettes et chocolat dans la bouche du bébé. Je la houspille et exige qu’elle cesse immédiatement d’embêter son frère. Coup d’œil rapide vers le frère en question, dont les piaillements enthousiastes ne traduisent pas le moins du monde l’embêtement.
La chambre du premier enfant VS l’espace dédié au second bébé
Enfant numéro 1 : Comme un nombre assez élevé de mes pairs, puisque le motif était à la mode en 2017, j’avais décidé de préparer à ma fille une chambre au thème animalier. Le plan était simple : donner au bébé âgé de quelques semaines l’envie de séjourner dans sa pièce dédiée.
Pour compléter le décor, j’avais fait confectionner un tapis sur-mesure en forme d’attrape rêve géant, même si je me suis rapidement rendu compte qu’il attrapait surtout la poussière et les acariens. J’avais également punaisé une carte mappemonde et animaux au mur, feignant de ne pas remarquer que le topographe en charge de la conception de l’affiche avait purement et simplement occulté l’existence de l’Océanie.
Enfant numéro 2 : Les semaines qui précèdent la naissance, monsieur papa et moi passons nos nuits à nous regarder en nous tenant la main. Cette pratique épuisante présente deux avantages : celle de nous préparer aux nuits blanches à venir et celle de profiter une dernière fois de notre intimité de couple avant que celle-ci n’embarque pour un long voyage lointain qui durera plusieurs mois.
Cette fois, je n’ai pas investi d’effort particulier dans la chambre du nouveau venu puisqu’il n’en a pas. Je sais que quand l’enfant se sentira disposé à quitter le centre du matelas parental qu’il squatte à la manière d’une étoile de mer mignonne, mais dont le gabarit géant ferait frémir d’horreur le capitaine Nemo, il aura 15 ans et il migrera directement dans le grenier.
Le manque d’estime de soi VS la confiance absolue
Enfant numéro 1 : Lorsque j’étais plus jeune, je n’étais ni fan d’Escape Game ni de Livres dont vous êtes le héros, et c’est bien dommage, car ça m’aurait permis de me préparer à vivre au quotidien dans le livre Le choix de Sophie. Au moins dans ma tête, vu mon anxiété permanente d’alors :
Votre bébé a les petons un peu froids. 1- Vous décidez de lui mettre des chaussettes, rendez-vous page 12. 2- Vous décidez de la laisser pieds nus, rendez-vous page 15.
Page 12 : Durant votre demi-seconde d’inattention journalière, votre fille, forte d’une nouvelle acquisition que vous ignoriez malheureusement, retire sa chaussette, la met à la bouche et s’étouffe avec. Game over. Pour rejouer, rendez-vous à la page 5.
Page 15 : Le froid mordant de ce début septembre provoque des engelures qui gangrènent peu à peu le corps fragile de votre progéniture. Lorsque vous vous en apercevez, il est trop tard, et même une amputation totale des membres inférieurs ne pourra la sauver. Game over. Pour rejouer, rendez-vous à la page 5.
Enfant numéro 2 : Soit mon ainée a survécu à mon incompétence crasse, soit je vis dans une réalité parallèle et tout ceci n’a de toute façon pas la moindre espèce d’importance. À l’heure où je vous parle, mon fils de huit mois mâchonne avec gourmandise un vieux raisin sec qu’il vient de déterrer de derrière le radiateur.
Son petit body hebdomadaire déjà maculé de traces de Nutella et de fromage au lait cru est dorénavant recouvert d’une épaisse couche de poussière noirâtre qui fait éternuer l’adorable créature. Rapide coup d’œil au radiateur, le dépoussiérage lui a fait du bien et il a retrouvé sa couleur d’origine. Je suis satisfaite. S’occuper de deux enfants, c’est du sport alors, je ne vais pas cracher sur un peu d’aide au ménage.
À lire aussi : Qui a dit qu’une deuxième grossesse était sans surprises ?
Crédit photo : Keira Burton / Pexels
Les Commentaires