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Grossesse

Tout a commencé par des démangeaisons pendant ma grossesse…

Charlotte a développé une cholestase gravidique pendant sa grossesse, une maladie dont les symptômes caractéristiques n’ont pas alerté son gynécologue.

Article publié initialement le 4 décembre 2019

Aujourd’hui, j’ai décidé de partager mon expérience de la cholestase gravidique, une pathologie de grossesse plutôt rare, mais qui peut avoir des conséquences graves si elle n’est pas prise en charge à temps.

La choléstase gravidique est une maladie du foie qui survient quand les cellules de ce dernier (les hépatocytes) laissent passer les acides biliaires dans le sang plutôt que de les concentrer dans la bile.

Elle comporte peu de risques pour la mère mais peut être dangereuse pour le bébé : au fur et à mesure que la maladie progresse, le fœtus se retrouve comme empoisonné par le taux de plus en plus élevé des acides biliaires.

Cette intoxication peut provoquer un accouchement prématuré, une baisse du rythme cardiaque du fœtus et même, dans de rares cas, sa mort in utero.

Difficile à diagnostiquer, cette maladie n’a qu’un seul symptôme, les démangeaisons. Des démangeaisons très fortes, qui empirent la nuit, et sans signe extérieur qui pourrait faire penser à un problème de peau.

Seulement, les démangeaisons, quasiment toutes les femmes enceintes en souffrent, et particulièrement au troisième trimestre, à cause de l’étirement de la peau, alors elle n’est pas facile à détecter.

Des démangeaisons à en perdre le sommeil

Dans mon cas, les premières démangeaisons sont apparues à mon sixième mois de grossesse. J’attendais des jumeaux pour l’été 2019. Elles ont commencé par se manifester dans la paume de mes mains et sur la plante de mes pieds, puis se sont progressivement étendues aux poignets et aux chevilles avant d’envahir mes avant-bras et mes mollets.

Au bout de quelques semaines, c’était l’enfer : je me grattais tout le temps et les démangeaisons étaient tellement fortes qu’elles m’empêchaient de dormir la nuit.

J’en ai parlé à des copines qui avaient été enceintes avant moi et toutes m’ont dit la même chose : des démangeaisons, oui, elles en avaient eu, mais jamais au point d’en perdre le sommeil. Elle m’ont toutes conseillé d’en parler à mon gynéco.

« Oh ce n’est rien, on se revoit dans un mois ! »

C’est donc ce que j’ai fait, et la conversation avec ce médecin n’a pas été à la hauteur de mes attentes :

– Docteur, je ne sais pas si c’est lié à la grossesse, mais j’ai des démangeaisons assez fortes dans les mains et les pieds, surtout la nuit. Ça commence à devenir pas mal dérangeant…

– Oui oui, on va d’abord faire l’échographie, hein.

Une fois l’échographie terminée, le médecin me parle des prochains rendez-vous à prendre, puis :

– Bon, ben on se revoit le mois prochain, bonne continuation !

– Ah ? Mais, attendez, et pour cette histoire de démangeaisons ?

– Oh, c’est rien. Allez, au revoir !

En sortant de son cabinet, je me suis dit que j’allais laisser tomber : si mon gynécologue ne s’inquiète pas, ça veut bien dire que je me fais du souci pour rien, non ? Après tout, c’est lui le spécialiste !

Une prise de sang et un départ pour les urgences

Les démangeaisons ont continué à empirer et à s’étendre, si bien qu’une semaine après ma consultation, je me grattais sur quasiment l’ensemble du corps.

Sur les conseils de mon conjoint, j’ai fait du forcing et ai exigé un second rendez-vous chez ce gynéco. Pour une meuf comme moi qui n’arrive pas à demander un deuxième sachet de ketchup au McDo, ça m’a demandé un gros effort.

Je suis donc retournée voir le docteur, qui très clairement s’en battait complètement de mes problèmes, et m’a conseillé de prendre un rendez-vous chez un dermatologue pour mes problèmes de peau sèche.

Sachant que je passais mes journées et mes nuits à m’enduire de crème hydratante pour soulager les démangeaisons (j’étais luisante en permanence et ma peau miroitait comme celle d’un dauphin), ce n’était clairement pas un problème de peau sèche.

A contrecœur, le gynéco m’a quand même prescrit un bilan sanguin, et, deux jours plus tard, j’ai reçu un coup de fil de son assistante :

« On a reçu les résultats de votre prise de sang, et je ne veux pas vous alarmer, mais il faut vous présenter aux urgences dès que possible. »

Aux urgences, on m’a expliqué que j’avais une cholestase gravidique, et j’ai immédiatement été hospitalisée : les médecins ne voulaient pas risquer de me laisser partir tant que mes acides biliaires n’avaient pas diminué. Pour référence, le taux normal des acides biliaires dans le sang doit être inférieur à 10 µmoles par litre. Moi, j’étais à 101 !

Une fin de grossesse sous surveillance rapprochée

Je suis restée deux semaines à l’hôpital, sous surveillance rapprochée, le temps que mes acides biliaires descendent suffisamment bas pour qu’on me laisse rentrer à la maison. Trois fois par jour, je devais passer un monitoring pour vérifier que le rythme cardiaque de mes jumeaux était bon, et s’assurer que je n’avais pas de contractions.

Lors de mon séjour, on m’a également injecté des corticoïdes pour aider les poumons des bébés à maturer plus vite, au cas où l’accouchement se déclencherait prématurément.

J’ai eu la chance d’être en contact avec une équipe médicale au top, super sympa et à l’écoute, et qui même a organisé une visite du service de néonatalogie pour que je puisse me faire une idée de ce qu’il se passerait en cas de prématurité de mes enfants.

Les médecins m’ont également informé qu’au vu des risques en fin de grossesse (assortis au fait que j’attends des jumeaux), mon accouchement serait provoqué à la 37è semaine, s’il ne s’était pas déclenché tout seul d’ici là.

Et mon gynéco, dans tout ça ? Eh bien, il est passé me voir 5 mn lors de mon hospitalisation, et m’a dit :

« Eh bien, heureusement qu’on l’a chopée à temps, cette cholestase ! »

Un accouchement sans complication et des bébés en pleine forme

Comme prévu, j’ai été déclenchée à la 37è semaine, et j’ai accouché de deux petits garçons en pleine forme. Ils n’ont pas eu besoin de passer par la case néonat et j’ai pu sortir de la maternité après seulement 5 jours. Mes bébés ont maintenant 4 mois, sont toujours en super forme et me comblent de bonheur !

La fin de ma grossesse s’est très bien passée et j’ai pu arrêter mes médicaments tout de suite après l’accouchement, mes hormones s’étant normalisées très rapidement.

Evidemment, j’ai changé de gynéco et je suis maintenant suivie par la sage-femme qui m’avait donné les cours de préparation à l’accouchement (c’est également elle qui s’est chargée de la rééducation de mon périnée) et elle est tip top!

On ne dérange jamais son médecin « pour rien »

La grossesse, surtout quand c’est la première fois, c’est effrayant. Moi-même, qui ne suis pourtant pas du genre à m’inquiéter, je me suis retrouvée plusieurs fois à rechercher le moindre symptôme qui me semblait étrange sur Google (ou pire, sur Doctissimo) et à me faire du mouron pour ce qui n’était finalement rien du tout

Cependant, si mon expérience devait être résumée en un conseil pour mes consœurs parturientes, ce serait ceci : écoutez votre corps. Si vous pensez que quelque chose ne tourne pas rond et qu’un médecin balaye vos craintes d’un simple « c’est rien » sans aller plus loin, ne vous arrêtez pas là ! Exigez un examen, allez voir un autre spécialiste ou passez aux urgences s’il le faut.

Si vous pensez que « c’est probablement moi qui suis parano », ou alors que vous ne voulez pas déranger votre médecin ou votre sage-femme « pour rien », dites-vous qu’il vaut toujours mieux faire un examen qui s’avère inutile que d’ignorer quelque chose de potentiellement dangereux.

À lire aussi : Vous ressassez encore votre accouchement ? Vous n’êtes pas seule

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Les Commentaires

2
Avatar de Bananou
14 août 2021 à 10h08
Bananou
Je rejoins ma VDD ! D'autant plus qu'apparemment, il suffit d'une simple prise de sang pour la détecter. C'est pas comme s'il fallait sortir l'artillerie lourde, à grands coups d'examens au choix imprécis, coûteux et/ou potentiellement dangereux par le bébé...
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Voir les 2 commentaires

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