— Article initialement publié le 17 juin 2016
Présenté en ouverture du Festival d’Annecy, La Tortue rouge est un OVNI (mais un bel OVNI) intrigant de par ses origines : il a été réalisé par le Néerlandais Michaël Dudok De Wit, et co-produit par Wild Bunch et… les Studios Ghibli.
D’ailleurs, l’un des deux créateurs des Studios Ghibli, Isao Takahata (l’autre étant Hayao Miyazaki) avait déjà bien marqué nos petits esprits d’enfants avec son film Le Tombeau des lucioles.
Que donne un mélange de talents aussi hétéroclites ? Un film magnifique.
Un homme apparemment rescapé d’un naufrage se retrouve ballotté par l’océan jusqu’à une île sauvage, dont les seuls habitants sont de petits crabes, des tortues et des oiseaux. Comme toute personne normalement constituée, il se construit un radeau pour s’enfuir… sauf qu’une grosse tortue (rouge oui, petit•e malin•e) détruit son bateau de fortune.
À chaque fois qu’il tente de réitérer l’expérience, la tortue refait son apparition, comme par hasard, jusqu’à ce que… (suspense) et si, finalement, il n’était pas le seul habitant de l’île ?
La bande-annonce est très belle mais révèle pas mal le récit. Je lui préfère cet extrait :
Sinon, la bande-annonce est disponible ici
La Tortue rouge, beau pour les yeux et les oreilles
La Tortue rouge a une particularité : il n’y a aucun dialogue tout au long du film, la communication se fait par le corps, les expressions faciales ou bien les cris, puisque les personnages ne sont pas muets pour autant.
Qui dit absence de dialogues dit bonne bande-originale pour compenser. Et la musique du film toujours présente sans être envahissante est d’une beauté et d’une douceur à fondre, j’attends d’ailleurs avec impatience qu’elle soit disponible pour me l’écouter en boucle.
La musique est d’une beauté et d’une douceur à fondre.
Quant aux dessins, ils sont beaux. Voilà. Salut.
Bon, je trouve que les personnages sont un peu minimalistes avec leurs petits yeux noirs, mais les dessins des paysages sont époustouflants et très poétiques la plupart du temps.
Dans cette plongée aux couleurs pastel, rien ne détonne ni ne dépasse. J’ai eu l’impression de reconnaître le soin apporté à tous les dessins animés des studios Ghibli, à l’esthétique peaufinée.
Le rythme est lui aussi paisible, sans pour autant être soporifique, bien au contraire. On se laisse entraîner dans l’histoire comme une barque sur le courant d’une rivière, au fil des péripéties du personnage principal, parfois intense et parfois subtiles, mais toujours fascinantes.
La vie réduite à sa plus simple expression
Tout au long de l’intrigue, c’est avant tout l’histoire personnelle d’un homme que l’on suit, ses choix, ses doutes, ses bonheurs et les dangers qu’ils affrontent.
On assiste à l’histoire personnelle d’un homme, ses choix, ses bonheurs et ses doutes.
Autour de lui, la nature est à la fois un cocon et un lieu paisible, mais aussi parfois frustrante et dangereuse. Elle n’est pas un personnage à part entière mais offre un vrai cadre, neutre en quelque sorte, aux personnages pour qu’ils évoluent et interagissent.
J’ai aussi beaucoup aimé le traitement desdits personnages, en particulier avec les rêves et cauchemars qui sont représentés de façon assez juste. C’est aussi une jolie façon de parler des angoisses et désirs des personnages sans dialogues.
Mais surtout, c’est un beau parcours initiatique, qui s’attarde autant sur les bonnes choses que sur les mauvaises, et est ponctué de passages étonnants ou franchement marrants, comme lorsque l’un des personnages tente de nager autour d’une tortue mais celle-ci ne cesse de se tourner pour lui faire face, rendant les choses un peu cocasses (et tiré d’une expérience personnelle du réalisateur).
Alors oui, je pourrais chercher des défauts au film et dire que les sauts temporels sont un peu brutaux ou que les dessins paraissent parfois un peu fades, mais ce serait vraiment chercher la petite bête à cette jolie fable, qui se regarde volontiers et laisse rêveur.
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