Les parents sont partout sur Internet. Ils n’ont peur de rien et ils sont organisés. Et comme je passe de plus en plus de temps sur les réseaux sociaux (c’est pas ma faute, y’a Covid), j’en croise plein qui partagent mes convictions, mais je tombe également sur des sacrés relous !
Parent relou n°1 : le serial-posteur
Bon, je commence par plaider coupable. Lorsque l’un de mes petits fait quelque chose que je juge adorable, j’oublie instantanément les hashtags #nofilter et #profiterdelavie dont j’adore me servir pour légender mes photos de coucher de soleil et de cookies trop cuits à moitié croqués et je dégaine le téléphone pour admirer l’action à travers mon écran HD.
Une fois le meilleur cliché capturé, je m’empresse de le poster sur mes réseaux. Certains considèrent que j’attente à la vie privée de ma douce progéniture en m’inventant paparazzi du premier âge. Il n’empêche que si je n’avais pas publié cette photo trop mignonne de mon fils en train de lécher ce joli champignon rouge et blanc, je n’aurais jamais reçu ces commentaires rabat-joie m’intimant de contacter le SAMU au plus vite, comme quoi l’exposition publique présente des avantages.
Relou n°2 : le parent à la vie parfaite
Je ne suis pas jalouse des parents influenceurs qui exhibent leur vie supposément parfaite sur Instagram. Je fréquente les bambins depuis suffisamment longtemps pour savoir que son slip peut être en soie ou en papier journal, rien ne l’empêchera de l’inonder copieusement à la moindre seconde d’inattention. Mer de champagne ou mer de larmes de sang, nous sommes tous dans la même galère. Enfin presque. Parce qu’il faut quand même qu’on m’explique quelque chose. COMMENT LES GENS SE DÉPATOUILLENT POUR OBTENIR DES CLICHÉS AUSSI PARFAITS ALORS QUE LA PHOTO COMPORTE UN BÉBÉ ET DES BAMBINS ?!
Même en faisant appel à un photographe professionnel, notre plus beau cliché familial inclura des doigts bien trop nombreux dans un nez bien trop petit, un bébé qui bave directement dans la bouche entrouverte de son papa et une maman encore très visiblement en gueule de bois du cocktail qu’elle a bu cinq jours plus tôt.
Parent relou n°3 : le donneur de leçons
Alors que je profite que ma fille regarde un dessin animé pour surfer sur la toile, je tombe nez à nez avec des messages qui me sont personnellement destinés. Je ne m’explique pas cette magie, mais : « Si t’as fait un enfant ce n’est pas pour choisir la facilité en le foutant devant la télévision et en le nourrissant de chips quand tu fais l’apéro » c’est forcément à moi que ça s’adresse, n’est-ce pas ?
Si j’arrive à rire de la situation, puisque rien n’est plus espiègle que ma fille de bientôt 4 ans qui fredonne à tue-tête le générique de Game of Thrones, mon sourire se fige lorsque je réalise que je suis malgré moi l’autrice de graves violences éducatives. Je pensais que proscrire les brimades et les fessées allait me permettre de passer sous les radars, mais certains commentaires m’apprennent que mes marques d’affection quotidiennes s’apparentent en fait à une manipulation mortifère et que je bousille durablement mon enfant lorsque je la félicite. Je n’ai pas bien compris pourquoi, mais d’après la horde de parents qui me tombe dessus, c’est très grave.
Relou n°4 : le parent vénère
Anticipant les commentaires que je relate dans le paragraphe ci-dessus, le parent vénère a construit un mécanisme de défense parfaitement rodé et se trouve bien dépourvu lorsque personne ne l’attaque. Alors, quand son arrière-arrière-arrière-grande-tante de 160 ans lui fait remarquer que de son temps, les couches jetables n’existaient pas, le parent vénère y voit la chance de sa vie de s’insurger publiquement contre cette pression intolérable qui pèse quotidiennement sur ses épaules meurtries.
Grisé par sa gloire soudaine et les 15 likes obtenus, le retour dans les abîmes de l’anonymat est insupportable. Le parent vénère doit d’urgence trouver une nouvelle cause à défendre, si possible un sujet dont « personne ne parle » et dont il se fera l’ambassadeur véhément. Il pourra ainsi prendre à partie des ennemis imaginaires qui auraient probablement quelque chose à redire à son style éducatif, si seulement ils ne s’en fichaient pas éperdument.
Relou n°5 : le parent no limit
J’ai accouché par deux fois dans un pays où l’on encourage fortement l’enfantement naturel. Derrière ce terme élégant se cache une réalité que j’ai trouvée pas si éloignée des séances d’écartèlement de l’époque médiévale. Si plus rien ne m’émeut désormais, je vous respecte trop pour partager avec vous certains détails troublants de ces expériences passées. Contrairement au parent no limit qui n’a aucun problème à dévoiler son intimité et celle de la chair de sa chair en image au tout-venant.
J’admets que les différents miasmes qui agitent les corps frêles de mes descendants prennent une place assez centrale dans mon quotidien. Il m’arrive même de m’égarer l’espace d’un instant et de mentionner le transit enfantin devant des non-initiés atterrés. Mais est-ce une raison pour encourager ce massacre et poster des photos de couches pleines sur Facebook et décrire publiquement ses propres déboires intestinaux ? Je ne pense pas.
Parent relou n°6 : le papa cool
Un jour, le papa cool a changé une couche et comme il n’en est pas mort, il s’est auto-proclamé allié féministe déconstruit. Anthropologue de tous les instants, le papa cool partage au quotidien ses constatations saisissantes avec un auditoire conquis : oui, les garçons ont le droit d’aimer le rose, on peut aussi se déguiser en princesse quand on est un papa, et les petites filles ne sont pas obligées de jouer à la poupée !
Je n’ai rien contre les pères qui se comportent normalement en présence d’êtres humains qu’ils ont sciemment mis au monde. Cela dit, moi quand je me targue de réflexions déconstruites, je suis immédiatement cataloguée comme une féministe aigrie, quand je partage un moment de tendre intimité familiale, je me fais taxer de mamoune et quand je dévoile un événement banal de mon quotidien maternel, personne ne s’extasie sur mes capacités parentales. Je ne suis peut-être pas jalouse du parent parfait, mais je ne peux pas en dire autant de ce faux jeton de papa cool.
Et vous ? Quel type de parent relou sur Internet êtes-vous ?
Crédit photo image de Une : Jonathan Borba from Pexels
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