J’ai toujours été amoureuse. J’ai toujours aimé les garçons.
J’ai toujours tout raconté à mes proches, par envie de partager et sûrement aussi par peur d’oublier tous ces petits détails qui sont si marrants et émouvants après coup (surtout dans le cas d’un échec monumental).
Aimer une fille sans s’y attendre
Et puis un jour, il y a un an, j’ai eu le coeur et la tête occupés par quelqu’un et pourtant je n’en ai parlé à personne.
Il y a un an, je suis tombée amoureuse d’une fille et ce n’était pas la même chose que d’habitude. Nulle question de honte, je ne savais juste pas quoi raconter car les mots ont mis longtemps à me venir tels que je les écris aujourd’hui : je suis tombée amoureuse d’une fille.
À lire aussi : La première fille dont je suis tombée amoureuse, son rejet et mes regrets
« Si elle était un mec, tu lui sauterais dessus. »
Je l’avais croisée plusieurs fois à des soirées et des cafés car elle faisait ses études avec une amie proche. Celle-ci me l’avait décrite comme une fille avec qui je m’entendrais à merveille car on avait beaucoup de choses en commun.
Elle avait même rajouté : « Si elle était un mec, tu lui sauterais dessus direct ». Un point pour le mammouth.
Le déclic est arrivé quelques mois plus tard, à une soirée chez ladite amie. À peine arrivée, elle me branchait avec un mec qui remplissait parfaitement mes critères : drôle, malin, passionné par la musique, plutôt joli, il avait même un beau costume (et Dieu sait que ce n’est pas une tâche facile).
Moi, amoureuse d’une femme ?
On a beaucoup discuté mais j’avais la tête ailleurs. Et pour cause : elle était là, dans sa robe noire toute simple qui lui rendait pourtant bien justice… On a passé la soirée à danser et à se marrer, parce qu’en plus elle est drôle la sagouine. Je suis rentrée chez moi avec le sourire, sans pour autant avoir ces foutus mots en tête.
L’état de mon cerveau à ce moment-là.
À lire aussi : Trois idées de playlists pour ambiancer vos soirées
Amie ou amoureuse d’une fille ?
Par la suite, on a été amenées à se revoir plusieurs fois et à chaque fois avec le même sentiment partagé.
Quelques jours avant je me surprenais à prévoir la soirée, à imaginer ma tenue, comme je l’aurais fait avec un mec qui me plaisait. Et pourtant, une fois la soirée démarrée j’étais partagée entre l’envie de lui parler et d’être près d’elle, chaque centimètre de distance me paraissant comme une souffrance, et une espèce de peur d’assumer ce que je pensais réellement.
Encore aujourd’hui le terme d’« amoureuse » me semble fort car, par le passé, j’ai eu du mal à le définir avec d’autres personnes — j’entends des garçons.
Aimer une fille pas comme une amie
Ce qui est sûr, d’autant plus aujourd’hui avec du recul, c’est qu’elle me plaisait. Beaucoup. Pas comme une amie, mais comme une amoureuse.
Quand on se voyait, j’évitais pourtant soigneusement les sujets qui fâchent et qui auraient pu m’amener à des questions plus précises : avais-je envie d’être en couple avec elle ? De l’embrasser ? De coucher avec elle ?
Avais-je vraiment envie qu’elle sache qu’elle me plaisait ou est-ce que je préférais laisser une zone de flou autour de tout ça ?
Est-ce que je ne préférais pas qu’elle reste dans une dimension onirique qui occupait mes pensées, loin du réel et des soucis qu’il engendre ?
Faut avouer que dans la vraie vie, ça se finit pas toujours comme ça.
Ignorer mon amour pour une femme
J’ai choisi la deuxième solution, et malgré une rapide période de regrets par la suite, je pense que c’était le bon choix.
Tout d’abord parce que j’étais personnellement, et pas seulement amoureusement, dans une période de questionnement et de transition.
Dans ce genre de moment, rien de pire que de se précipiter dans une histoire et possiblement faire du mal à tout le monde… C’était aussi parce que je me posais beaucoup trop de questions.
À lire aussi : Comment survivre à une période de transition – Hippie Jack
Aimer une fille, ça fait de moi une homosexuelle ?
À la suite de cette période de doute, j’ai réalisé que j’avais du mal à définir ce qui m’était arrivé.
J’avais du mal à mettre un nom sur notre relation et j’ai surtout eu du mal à me définir moi.
Je ne vous apprends rien en vous disant que la grande mode est aujourd’hui de mettre les gens dans des cases, à commencer par les personnes riches et célèbres : si telle actrice sort avec une femme, on considère soit que c’est une phase, soit qu’elle est homosexuelle et que ses précédentes relations ont échoué car elle rêvait probablement d’une paire de seins sur lesquels s’installer la nuit venue.
Pour certains médias, être bisexuelle ça n’existe pas : c’est comme le monstre du Loch Ness.
À lire aussi : Ellen Page fait son coming-out dans un discours plein d’émotions
Je ne peux pas me ranger dans une case
Un an plus tard, je n’ai toujours pas réussi à trouver une case qui me convient et tant mieux. Depuis, j’ai eu quelques histoires avec des garçons, je suis allée faire un tour du côté de mes ex et j’ai chassé de la chair fraîche.
Aujourd’hui, j’ai un copain depuis peu et je sens que ça pourrait être une histoire qui vaut le coup.
À aucun moment je ne me suis dit que j’allais me rassurer, m’assurer que j’étais bien hétéro et que tout cela n’était qu’une erreur : ma vie amoureuse a juste suivi son cours de cette façon-là.
Car non, mes sentiments et mes relations ne sont pas un rangement Ikea.
À lire aussi : Suis-je hétéro par défaut ? (Mise à jour)
J’ai aimé une fille, oui
Cette fille m’a plu, c’est évident et ça serait con de me mentir à moi-même sur ce sujet. Pourtant, je n’ai jamais eu réellement envie d’être avec elle. De l’embrasser, de la prendre dans mes bras, certainement… mais l’idée d’être en couple avec elle ne m’a jamais vraiment occupé l’esprit.
Par peur d’être mise dans une case ? Très possible. Peur de l’inconnu, d’une espèce de retour à la case départ de la vie amoureuse, de l’avis des autres, de la confrontation à une réalité qui n’est pas drôle même en 2015 ? Certainement.
Amoureuse d’une femme : faire le bilan
Pendant un an, je me suis posé des millions de questions sur ma vie amoureuse et sexuelle qui n’était déjà pas bien simple.
J’en ai parlé à des proches qui m’ont conseillé d’arrêter de me prendre la tête, j’y ai réfléchi et j’ai lu des choses intelligentes comme cet excellent article de Jill Layton qui explique sa relation avec une femme en toute simplicité et sans prise de tête.
Après avoir essayé plusieurs étiquettes sans trouver celle qui me colle bien à la peau, j’ai décidé, pour une fois dans ma vie de control-freak, de laisser la place à l’inconnu. On verra. On avisera. YOLO.
À lire aussi : L’amour, le courage et les conseils parfaits d’Amy Poehler
Pour témoigner sur Madmoizelle, écrivez-nous à :
[email protected]
On a hâte de vous lire !
Ajoutez Madmoizelle à vos favoris sur Google News pour ne rater aucun de nos articles !
Les Commentaires
Et je ne connais pas gynéphile, je vais aller me renseigner !