Le 19 août 2012, 9h58 — À lire aujourd’hui sur cafaitgenre.org, le blog de @A_C_Husson, présente dans notre liste des 50 comptes twitter à suivre, ce papier de @Mar_Lard qui décortique un « dossier », écrit par un certain Deez (@KBitterlin sur Twitter) paru dans Joystick sur le dernier Lara Croft.
On va pas discuter de la misogynie bien puante du dernier Tomb Raider ; d’abord parce que j’en ai déjà touché un mot à la fin de cet article et surtout parce que beaucoup l’ont fait mieux que moi.
Non, aujourd’hui on cause du climat toxique soigneusement perpétué par l’industrie, la presse et les communautés du jeu vidéo pour exclure nos vagins crados de leur joyeux petit club macho. Ce climat d’entre-couilles, qui considère des articles comme la bouse qu’on va étudier, ou celle-ci, parue la même semaine, comme acceptables et même hilarants.
— Lisez la suite par ici, mais avant ça, voici la bande-annonce pour savoir exactement de quoi on cause.
Mise à jour du 20 août 17h15 —
Joystick vient de poster sur sa page Facebook une réponse à « ce procès », que je vous livre ici dans son intégralité :
« Machisme puant », « incitation à la violence », « apologie du viol ». Voilà un condensé de ce que l’on a pu lire, principalement sur Twitter, au cours de ces derniers jours. À l’origine de ces accusations : notre dossier consacré à Tomb Raider dans le Joystick 8H (sorti le 3 juillet dernier). Si vous aimez le magazine, veuillez nous excuser, nous n’allons pas traiter cette affaire avec notre style décalé coutumier. Tout simplement parce que le procès est trop gros, les accusations trop graves, pour qu’on réagisse avec notre ton habituel. Nous allons donc être sérieux quelques minutes.
Par où commencer ? Déjà par rappeler qu’il n’y a pas de viol, ni de tentative de viol, ni même d’agression sexuelle dans Tomb Raider. Une évidence que nous sommes contraints de repréciser, après avoir lu quelques tweets invraisemblables. Par ailleurs, le mot « viol » n’est employé qu’une seule fois dans notre article, précisément dans une phrase expliquant qu’il n’y a pas de scène de viol dans le jeu. Il n’y a évidemment aucune « apologie du viol » dans notre article. Pas plus qu’il n’y a de citations telles que « le viol, c’est génial », phrase que l’on nous a prêtée de manière arbitraire et fausse.
Venons-en au passage particulièrement incriminé, celui où l’on ferait prétendument l’apologie du viol. Le voici : « Faire subir de tels supplices à l’une des figures les plus emblématiques du jeu vidéo, c’est tout simplement génial. Et si j’osais, je dirais même que c’est assez excitant. » En effet, l’adjectif « excitant » n’a pas sa place à ce moment-là de l’article, à cause du double-sens malheureux qu’il peut suggérer. Le but de ce paragraphe, qui agit comme une première conclusion au cœur du dossier, est de résumer notre enthousiasme, notre excitation, au sujet du parti pris narratif des développeurs. Que vous le croyiez ou non, sachez que c’est l’idée de briser un personnage emblématique pour mieux le reconstruire qui nous a séduits et emballés. De plus, nous tenons à préciser qu’à aucun moment le fait que ce personnage soit une femme n’est entré en ligne de compte pour orienter notre article. Quand le personnage de James Bond est sali, battu et humilié dans Casino Royale, nous trouvons également cela « génial ».
Voilà qui conclut cette mise au point visiblement nécessaire au sujet d’une polémique qui a pris des proportions inattendues. Nous adressons nos excuses aux personnes sincèrement heurtées par notre dossier. Nous en profitons aussi pour regretter que certaines personnes, y compris des confrères qui auraient aisément pu nous contacter, aient hurlé avec les loups (du retweet sauvage et incohérent, surtout) sans prendre la peine de vérifier si les accusations étaient fondées ou non. On met ça sur le compte de ce théâtre à double tranchant qu’est Twitter.
Voilà voilà. Je pense qu’on peut appeler ça un raté. Avant d’aller plus loin, je vous invite à lire ce com (en 2 parties) de Denis Colombi, auteur du blog Une heure de peine, qui résume avec brio et esprit de synthèse ce qu’on peut reprocher à cette réponse boiteuse.
Joystick, très ancré dans le papier et très peu présent sur les réseaux sociaux (300 J’aime sur FB avant cette polémique), est-il véritablement armé pour gérer une réponse sur Facebook à une polémique de cette ampleur ? Hummm pas sûr. Qui va répondre aux commentaires comme ceux de Denis Colombi qui ont suivi ce post environ 3 minutes après qu’elle ait été postée ? Qui va modérer les coms de ce genre (qui font horriblement tâche après une réponse « sérieuse ») et animer la discussion ?… Souvent, quand un magazine papier décide de sortir sur le web pour y gérer sa « communication de crise », ça s’est souvent soldé en grosse lose. On va voir et on vous tient au courant.
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Les Commentaires
J'ai pas vraiment compris le problème de cet article. Par contre je ne vois pas en quoi la dernière question qu'il pose est alternative, parce que je répondrais "oui" aux deux questions : oui cet article me dérange, et pourtant oui, je trouve ça acceptable de fantasmer sur un personnage.
Il y a des gens qui fantasment sur le viol, et même des filles qui fantasment sur le fait d'être violées (c'est d'ailleurs un fantasme courant), tant que ça reste un fantasme qu'on ne réalise pas, c'est tout à fait normal, les vidéos porno et tout ce qui est virtuel est là pour ça, donc je n'ai pas de problèmes avec le jeu en lui-même, surtout que ce jeu comme les vidéos porno sont normalement destinés à un public adulte qui (j'ose le croire) arrive à avoir le recul nécessaire pour faire la distinction pur fantasme/réalité.
Le problème de faire de ce fantasme un sujet d'article journalistique lu par des adolescents/un grand public.
A noter que j'ai entendu dire par certains amis gamers que la plupart des rédacteurs de ce genre de papiers n'étaient pas issus d'écoles mais des amateurs de jeux vidéos. Ca ne pardonne pas mais ça explique peut-être un peu.