J’avais 10 ans à la sortie du premier Tomb Raider, en 1996. À l’époque joueur PC, je me fichais pas mal d’incarner une femme fatale en quête de trésors perdus. J’étais simplement content de pouvoir plomber un tyrannosaure, un pistolet dans chaque main (génie). Puis vint la puberté, à peu près en même temps que Tomb Raider II. Le troisième opus sortait enfin que j’essayais encore toutes les légendes urbaines afin de déshabiller Lara (se perdre dans le jardin du manoir, sauter sur la statue de l’entrée, etc.). En vain. Il y eu les films avec Angelina Jolie, les déclinaisons portable et surtout le déclin des opus sur consoles. Quand le développeur Crystal Dynamics a repris la série en main dans les années 2000, plus personne n’avait envie de jouer à Tomb Raider. Les jeux, à l’ancienne, étaient redevenus bons, mais qui s’en souciait, à part les fans purs et durs ?
D’où le reboot sorti ce mois-ci sur PC, Xbox 360 et Playstation 3. Sobrement intitulé Tomb Raider, et toujours développé par Crystal Dynamics, cette version fait abstraction de 15 ans d’histoire pour tout recommencer. Lara est jeune, idéaliste, à peine sortie de l’adolescence, lorsque son bateau s’échoue sur une île hostile suite à une tempête. Seule et terrifié, elle essaie alors de rejoindre le reste de ses amis et de l’équipage. Malheureusement l’île est déjà habitée par une secte barbare, bien décidée à tuer et sacrifier nos héros afin d’accomplir leurs funestes desseins. Car plus que perdue, l’île est maudite, et tout ce qui s’y passe n’est pas forcément naturel. Nous voilà donc partis pour une douzaine d’heures d’une aventure ultra rythmée, qui poussera Lara dans ses derniers retranchements, forgeant l’héroïne que l’on connaît.
Ce nouveau Tomb Raider évacue la structure des précédents épisodes de la série. Adieu gigantesques puzzles à plusieurs niveaux, truffés de caisses à pousser et d’interrupteurs à interrupter. La série des Uncharted (ironiquement inspirée de Tomb Raider
, à l’origine) est passée par là et ce reboot en adopte les principaux ressorts. On devra donc atteindre des endroits à priori inaccessibles en bondissant avant de tomber sur un groupe d’ennemis qu’il faudra exterminer à l’aide de diverses armes (arc, pistolet, mitraillette et fusil à pompe), ce qui permettra de débloquer une pioche ou une corde afin d’aller à l’endroit inaccessible suivant, et ainsi de suite. D’autres phases de jeu, plus rares, viennent rompre avec la monotonie. On trouvera par exemple de courtes séquences où tout s’effondre, des situations riches en morts abruptes (écrasée sous un rocher, empalée sur une branche d’arbre, assommée sous l’eau…). Ce que Tomb Raider perd en casse-tête, il le gagne en rythme et plaisir de jeu. On se surprend d’ailleurs assez vite à se dire « Allez, je vais au prochain point de contrôle et j’arrête », avant de réaliser qu’il est trois heures du matin.
Le seul véritable challenge du jeu réside dans tous ses à-côtés. L’île, immense, est en effet pleine à craquer de trésors et autres tombes à explorer, permettant de débloquer quelques points d’expérience bonus (utilisés principalement pour améliorer ses capacités au combat). Tout ceci est optionnel et donc un peu plus complexe. Il faudra réfléchir, mais pas trop non plus, pour comprendre comment atteindre tel ou tel endroit de l’environnement. Rien d’insurmontable, mais de quoi s’occuper deux bonnes heures de plus une fois le jeu terminé. Reste le mode multijoueur, passage obligé de toute grosse production actuelle. Les puristes n’y toucheront pas tandis que les plus curieu-x-ses pourront s’y amuser un moment, mais pas plus. Les options proposées et le design en lui-même n’est pas assez robuste pour retenir longtemps l’attention. Dispensable.
Techniquement, le jeu est assez incroyable, avec des décors qui paraissent gigantesques et fourmillant de détails. Les chargements sont habilement dissimulés et une fois le jeu démarré on ne sera jamais interrompu dans l’aventure. Bonheur. Seule la fluidité peine parfois sur consoles, lorsque trop de grenades explosent d’un coup ou si l’on essaie de faire défiler beaucoup de décor. Rien d’insupportable cependant.
Reste à juger des mérites narratifs de ce Tomb Raider new age. Si on sent bien l’évolution de Lara lors des cinématiques, d’abord hésitante puis gagnant en assurance, on trucidera néanmoins des hordes de vilains pas beaux (uniquement des hommes, les femmes étant pré-tuées par la secte, astucieux) sans sourciller dans la minute qui suit. Le timbre de voix de l’actrice anglaise, trop enfantin, propose néanmoins un accent anglais savoureux. Le reste des personnages est réduit à une demi-douzaine de stéréotypes, ni plus ni moins. Plus remarquable, Lara ne se voit rappelé qu’elle est une femme, que ce soit par les autres personnages ou les mécaniques de jeu, qu’à deux reprises seulement. La première lors de « LA » séquence où un ennemi lui caresse la hanche (ce qui lui vaut immédiatement un coup de genou dans les parties, suivi d’une lutte au sol s’achevant par une balle entre ses deux yeux) (cf. la polémique au sujet de Joystick et Lara Croft). La seconde lorsqu’un des compagnons de Lara lui avoue à demi-mot craquer pour elle. Le reste du temps, Lara est simplement Lara, une héroïne qui prouve encore et toujours qu’elle a sa place dans le panthéon des personnages de jeux vidéo.
Toi monsieur, tu vas avoir des problèmes.
Plus simple, plus rythmé, plus émotionnel, ce Tomb Raider cru 2013 vise large et touche juste. On pourra déplorer l’absence parfois criante de difficulté, les concessions faites vis-à-vis de la série. Qu’importe, le jeu est aussi bon que prenant. Un des premiers véritables hits de cette année et une belle promesse pour les prochains épisodes.
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Les Commentaires
Merci pour ta réponse, je vais sûrement craquer alors