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Parentalité

Timide, arrogant, ou bordélique… Help, je déteste un trait de caractère de mon enfant !

Vous aimez votre enfant, mais certains aspects de sa personnalité vous agacent prodigieusement ? Pour savoir si c’est normal et comment réagir, on a fait le point avec une pédopsychiatre et une psychologue.

« Je déteste que mon enfant soit aussi timide / incapable de tenir en place / timoré / vantard… ». Aimer son enfant, mais détester certains de ses traits de caractère, est-ce que c’est normal ?

Dédramatisons d’abord la situation. On peut aimer son enfant, et détester un aspect de sa personnalité ou certains de ses comportements, et cela ne fait pas de nous un parent horrible, par contre, cela incite à se poser des questions, comme me l’explique la psychologue clinicienne Marie Lafond.

« Il y a des choses que notre enfant peut faire qui sont insupportables pour nous et c’est bien de se demander pourquoi. Cela peut par exemple renvoyer à des attitudes qu’on a eues soi-même, ou à des comportements que d’autres ont eus envers nous. »

Pour la pédopsychiatre Marie Touati-Pellegrin aussi, ressentir une telle émotion doit pousser un parent à s’interroger :

« Si l’on éprouve des mouvements d’agressivité aussi forts, il faut se poser cette question : qui évoque cet enfant ? À quoi, ou à qui, son comportement fait-il écho pour susciter autant d’aversion chez nous ? »

Un trait de caractère détesté chez son enfant… ou chez soi-même ?

La doctoresse explique que dans certains cas, le comportement de l’enfant rappelle quelqu’un d’autre à son parent : l’un des grands-parents avec qui l’on a une relation conflictuelle, l’autre parent de l’enfant (dont on peut s’être séparé en mauvais termes), un frère ou une sœur avec qui il reste des choses non réglées de sa propre enfance, etc.

Parfois, l’enfant évoque tout simplement soi-même, comme l’explique la psychologue Marie Lafond, en s’appuyant sur l’exemple d’un parent qui ne supporterait pas que son fils soit un enfant timide.

« Qu’est-ce que cela veut dire de moi ? Peut-être que j’ai été une enfant timide et qu’il est difficile pour moi d’être confrontée à ce reflet aujourd’hui. Peut-être que j’ai justement toujours été mal à l’aise avec les personnes timides et qu’aujourd’hui il m’est difficile de comprendre le comportement de mon enfant.

En tout cas, il s’agit de problématiques très personnelles qui nous renvoient à notre propre construction, comme souvent quand il s’agit de nos enfants qui sont les spécialistes pour nous renvoyer tout ce que l’on a soigneusement laissé de côté pendant longtemps. »

Comment aider l’enfant à comprendre les réactions de son parent

Pour la psy, un cercle vicieux peut également s’enclencher. Les enfants sentent que ce comportement particulier déstabilise leur parent, alors ils vont le répéter, voire l’amplifier pour vérifier ce qui se joue, notamment s’ils ressentent du rejet de la part de leur parent, ce qui peut être très déstabilisant pour eux.

« Les enfants ont besoin de repères pour comprendre comment marche le monde. Et là, quand leur parent surréagit sur un point spécifique, ça brouille leurs repères. C’est pour ça que c’est important pour les parents de comprendre ce qui se passe pour pouvoir ensuite en discuter clairement avec leurs enfants : « c’est compliqué pour moi quand tu fais ça, parce que… » Ça aide aussi les enfants à entrer en empathie et à mieux comprendre les réactions de leur parent et des autres en général. »

Détester quelque chose chez son enfant en dit alors plus long sur soi-même que sur sa progéniture. Dans ces conditions, rien d’étonnant à ce que je sois très agacée quand ma fille s’énerve dès qu’elle ne parvient pas à accomplir quelque chose (et croyez-moi, à un an, les motifs de frustrations au quotidien sont aussi nombreux que ceux existant dans la grille des programmes de Cnews pour une féministe).

Pourquoi ça me fait vriller beaucoup plus que son père ? Peut-être parce que j’ai moi-même tendance à monter très vite en pression face à la technologie et à engueuler mon ordinateur quand il refuse de coopérer. Est-ce que c’est surprenant que ma fille s’inspire des comportements qu’elle a sous les yeux ? Nope ! Est-ce que je peux lui en vouloir de me ressembler ? Non, toujours pas.

Faire le deuil de l’enfant imaginaire

Pour autant, je n’irai pas jusqu’à dire que je déteste ce trait de caractère là chez ma fille. Il m’agace parce qu’il me renvoie à une partie de ma personnalité dont je ne suis pas fière

et surtout, il ne correspond pas à ce que j’avais imaginé chez mon futur enfant.

La pédopsychiatre Marie Touati-Pellegrin m’explique que tous les parents passent par là, avec plus ou moins de facilité.

« Quand on attend un enfant, on imagine à quoi va ressembler notre futur bébé. En psychologie, on appelle ça un enfant imaginaire, et forcément l’enfant qui naît ne correspond jamais exactement à celui qu’on avait dans la tête.

Plus on a des enfants tard, et plus on a construit cet enfant imaginaire dans notre tête, ce qui peut compliquer la rencontre avec l’enfant réel. Souvent, ça se passe très bien, mais quand les projections des parents sont très rigides, c’est difficile. »

Accepter que son enfant ne soit pas tel qu’on l’avait imaginé, c’est aussi accepter d’être surpris et de se laisser émerveiller. (Je vous ai déjà parlé de la sociabilité extrême de ma fille qui décoche des sourires au premier venu, alors que son père et moi sommes du genre chats sauvages ?).

Cette question du décalage entre l’enfant imaginaire et l’enfant réel se pose avec encore plus d’acuité dans les cas des enfants malades ou porteurs de handicaps, comme l’explique la pédopsy.

« Un parent peut ressentir de la déception d’avoir conçu un enfant en mauvaise santé ou avec un handicap, mais aussi de la tristesse. Il faut alors aller chercher de l’aide auprès d’un ou une psy pour parcourir tout un chemin d’acceptation. »

Aider son enfant à « corriger » ses défauts ?

Revenons au cas des enfants qui n’ont pas de handicap ou de maladie, mais dont certains comportements ou traits de caractère nous énervent. Si l’on estime en tant que parent que ces derniers peuvent porter préjudice à notre enfant, doit-on essayer de changer son caractère ou sa manière d’être ?

Tout dépend de quoi l’on parle, pour Marie Touati-Pellegrin.

« Éduquer un enfant, c’est aussi lui apprendre à se comporter en société. Un enfant qui a des tics (qui ne sont donc pas un comportement volontaire), on va faire en sorte de l’aider pour qu’il ne soit pas considéré comme bizarre par ses camarades de classe par exemple.

Mais un enfant très timide ? On peut se dire que c’est sympa de vouloir aider son enfant à prendre la parole en public, que ça lui servira plus tard. Mais un parent extraverti qui met une pression de dingue à son enfant pour qu’il monte sur une scène de théâtre, c’est contreproductif. »

Pour la pédopsy, les parents doivent apprendre à faire confiance à leur enfant et à accepter que l’enfant ait sa propre identité. Il faut faire confiance à son enfant. Si la situation n’a pas l’air de le faire souffrir pour le moment, alors on peut laisser couler. Peut-être que cet enfant timide a juste besoin de temps pour éclore, n’en déplaise à Céline Dion…

Est-ce que je vais aimer mon enfant ?

Si vous n’avez pas encore d’enfant, et que cette question de savoir comment réagir si vous détestez un trait de caractère de votre futur enfant vous taraude, c’est peut-être tout simplement parce qu’elle est le reflet d’une peur plus vaste, et très communément répandue : celle de ne pas aimer son futur enfant.

Une inquiétude qui existe chez les nullipares (ce mot est atroce, inventons-en un autre pour désigner les femmes qui n’ont pas accouché svp), mais aussi chez les parents qui attendent leur deuxième enfant. Seront-ils capables de l’aimer aussi fort que le précédent ? Voilà ce qu’en dit Marie Touati-Pellegrin :

« On peut se rassurer en se disant qu’on n’aime pas forcément son enfant à la seconde où il naît, mais que l’amour croît avec l’enfant qui grandit. Je ne crois pas qu’il puisse y avoir des incompatibilités de caractère irrémédiables entre parents et enfants. Dans toutes les situations familiales que j’ai rencontrées, il y a quelque chose qui est transmis par les parents dans la façon d’être au monde.

Il peut y avoir des points de friction, des moments où tout parent en a ras le bol bien sûr, mais s’il y a une aversion profonde, ça veut dire qu’il y a quelque chose qui dysfonctionne et il faut réfléchir à d’où ça vient pour pouvoir le résoudre, avec une aide psy si besoin, parce que ce sont des situations qui font souffrir l’enfant – qui n’a rien choisi – mais aussi le parent. »

Trouver de l’aide pour comprendre pourquoi on ne supporte plus son enfant

De son côté, la psychologue Marie Lafond explique qu’elle voit régulièrement dans son cabinet des enfants avec leurs parents pour trois ou quatre séances afin de régler justement ce genre de problème.

« On peut déjà essayer d’en parler avec quelqu’un de confiance et d’extérieur à la situation pour voir si l’on arrive à démêler le truc (son conjoint, sa mère, une amie…). Et si ça ne suffit pas, on peut aller voir un ou une psy. Parfois, quand on a le nez dedans, il y a des choses dont on ne se rend plus compte et une personne tierce peut aider à débloquer la situation.

C’est alors bien de consulter le psy en famille, plutôt que d’être dans une posture de défense en disant : « c’est mon enfant qui a un problème ». C’est bien pour l’enfant d’entendre ce que son comportement crée chez son parent et réciproquement. »

Alors, si vous ne supportez plus certains comportements ou traits de caractère de vos enfants, et que vous culpabilisez de ressentir ça, ne restez pas seule avec votre honte. Ce genre de situation arrive couramment selon la psychologue, alors autant exprimer à haute voix ce que vous ressentez pour pouvoir travailler sur le problème, en famille.

À lire aussi : Suis-je un parent maltraitant parce que je punis mon enfant ?


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Les Commentaires

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Avatar de lelfejaune
16 mai 2021 à 14h05
lelfejaune
Ah ben moi je rencontre justement ce problème avec mes belles filles ados. Autant que je n’avais jusqu’ici aucun problème avec les enfants qu’elles étaient, j’ai maintenant énormément de mal à les accepter adolescentes.
J’en ai notamment parlé avec mon compagnon et une conseillère familiale, et j’en suis arrivée à la conclusion qu’en effet, j’ai des blessures d’adolescente qui ressortent très vivement en ce moment et que je reproduis des comportements et des situations qui me font du mal.
Bon, une fois que c’est dit, je n’ai pas encore trouvé comment m’en sortir et comment gérer mes émotions... C’est la prochaine étape.
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