Chaque année, le prestigieux TIME nomme la personnalité de l’année.
C’est parfois une seule personne, comme Donald Trump en 2016 (qualifié de « Président des États-divisés d’Amérique »…), et très rarement une femme. La dernière en date, c’était Angela Merkel en 2015.
Parfois, la Person of the Year est un groupe : les combattants d’Ebola en 2014, les lanceurs d’alerte en 2002, et même, en 2006, « vous », à savoir les internautes.
En 2017, le TIME a nommé une nouvelle fois un groupe de personnes. Et cette fois-ci, il y a énormément de femmes dans ce groupe. Une quasi-majorité, même.
Pour cause : la Person of the Year c’est celles et ceux qui ont brisé le silence.
La Person of the Year 2017 du TIME : celles et ceux qui ont brisé le silence
C’est par le biais de cette couverture animée que j’ai découvert la Person of the Year 2017 du TIME. Et j’avoue avoir eu la chair de poule devant cet enchaînement de visages résolus, courageux, menton levé.
Sur la couverture finale apparaissent cinq femmes : Ashley Judd, Susan Fowler, Adama Iwu, Taylor Swift et Isabel Pascual. Toutes, à leur façon, ont contribué à libérer la parole autour du sexisme.
Une autre est cachée, on ne voit que son coude. Elle est anonyme, et représente toutes ces voix sans nom qui se sont levées, venant d’identités restées masquées par peur des représailles.
Ashley Judd ne s’est pas tue quand Harvey Weinstein a tenté d’abuser d’elle dans une chambre d’hôtel, en 1997. Et elle a participé à l’enquête du New York Times qui a révélé la vérité au monde entier.
À lire aussi : Asia Argento témoigne contre Harvey Weinstein, « l’ogre entre mes cuisses »
Susan Fowler, ancienne ingénieure d’Uber, a relaté sa « très, très étrange année chez Uber » dans un post de blog qui a mis le feu aux poudres et ouvert le dialogue sur le sexisme dans la Silicon Valley.
Adama Iwu est lobbyiste pour Visa. Elle a lancé une campagne pour mettre en lumière le harcèlement sexuel dans le milieu politique.
Taylor Swift a été agressée sexuellement par un DJ de radio, qui a été viré. Il a exigé des millions en dommages et intérêts. Elle n’a pas eu peur de dire, à la barre, qu’elle ne se sentait pas coupable et que c’était à son agresseur de se remettre en question.
Isabel Pascual est une cueilleuse de fraises mexicaine. Elle s’est mobilisée pour protéger les femmes de son milieu qui souffrent de harcèlement sexuel. Son nom a été modifié pour protéger sa famille.
Ces cinq femmes ne sont qu’un échantillon, pas le haut d’un iceberg, mais la crête d’une vague qui a déferlé sur le monde en 2017, et qui s’appellait Me too. Moi aussi.
La puissance du mouvement #MeToo saluée par le TIME
Plus je fais défiler le dossier du TIME, plus je lis des contenus, regarde des vidéos, plus j’ai des frissons. La puissance des visages, des mots.
La même puissance qui m’avait ébranlée quand mes timelines s’étaient remplies de #MeToo, de #MoiAussi, toutes ces voix trop longtemps tues qui soudain s’élevaient.
Des voix de stars et d’anonymes, de femmes de ménage, d’actrices, de journalistes, d’agricultrices, d’activistes, trop de phrases qui me prennent au bide, quelques voix masculines, comme celle de Terry Crews…
Voici quelques répliques, issues de la vidéo :
Je suis ici pour vous donner la permission d’être en colère.
Nous n’avons pas à vivre comme ça.
C’est un honneur de pouvoir dire « J’ai pris la parole ». Je suis très fière.
On ne nous fera pas taire.
Je vois l’Histoire se dérouler devant mes yeux et ça me donne de l’espoir, l’espoir d’un avenir meilleur, d’un monde dans lequel je n’aurai plus peur, dans lequel les agresseurs ne seront plus protégés.
À lire aussi : #MyHarveyWeinstein, #balancetonporc : « le monde change », et il était temps
Merci à toutes celles et ceux qui ont pris la parole, merci pour votre courage, merci pour votre sincérité et votre force. Merci à toutes ces voix qui ont résonné en chœur. Ce n’est que le début.
Le combat continue.
À lire aussi : «Le silence est mort, et nous ne le regretterons pas » — Le billet de Sophia Aram
Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.
Les Commentaires