Sur TikTok, l’une des applications préférées des adolescents et adolescentes, un swipe vers le bas suffit à passer de la dernière danse virale aux recettes diététiques d’une influenceuse américaine prépubère. Si la plateforme est une source inépuisable de contenus éducatifs, divertissants et parfois même absurdes, on y trouve aussi beaucoup de contenus sensibles pour les jeunes audiences…
C’est d’ailleurs un peu pour cette raison qu’en début de semaine, tous les projecteurs étaient braqués sur Instagram. Dans un article, le Wall Street Journal dévoilait les rapports internes de Facebook concernant l’impact négatif de l’application sur la santé mentale des jeunes femmes.
Pour se prémunir du même bad buzz et en réponse au backlash, TikTok s’est empressé de proposer à ses centaines de millions d’utilisateurs et utilisatrices de nouvelles ressources pour gérer leur santé mentale et les protéger de certains contenus.
Une pluie de Trigger Warnings
Challenges douteux et danses loufoques mis à part, TikTok offre également un large éventail de vidéos informatives postées par des jeunes créateurs comme par des professionnels autour de la santé mentale, du racisme, de l’homophobie et d’autres sujets du même genre. Mais ce type de contenus est à prendre avec des pincettes…
« Bien que nous n’autorisions pas les contenus qui encouragent, glorifient ou normalisent le suicide, l’automutilation ou les troubles de l’alimentation, nous soutenons les personnes qui choisissent de partager leurs expériences afin de sensibiliser le public, d’aider d’autres personnes en difficulté et de trouver un soutien au sein de notre communauté », peut-on lire dans l’introduction du communiqué publié par la plateforme le 14 septembre dernier.
TikTok proposait déjà des Trigger Warnings sur les vidéos aux contenus sensibles. Mais pour contrer davantage l’effet négatif que peuvent avoir certaines vidéos sur la santé mentale des plus jeunes et des personnes sujettes aux troubles alimentaires ou aux états dépressifs, l’application intègrera désormais des guides sur les « signes de difficulté », des conseils pour « créer des liens » et sur l’image corporelle et l’alimentation.
Un peu comme le fait déjà Google dans ses résultats de recherche lorsqu’un internaute dépressif lance une recherche sur les techniques pour se suicider, TikTok fera apparaître des informations sur des ressources d’aides locales et des contenus éducatifs dans sa barre de recherche.
Un coup d’épée dans l’eau ?
Les guides flambants neufs de la plateforme ont beau avoir été créés main dans la main avec des organisations expertes comme l’International Association for Suicide Prevention ou encore la National Eating Disorders Association, s’ils ne sont pas accessibles en un clic, il est peu probable qu’ils soient lus par plus d’une poignée de curieux. Pour y accéder, il vous faudra vous rendre dans une section de votre profil un peu enfouie — dans l’onglet sécurité —, là où personne ne met jamais les pieds…
Si la plateforme précise déjà que ses propres conseils ainsi que ceux prodigués par les utilisateurs ne sauraient se substituer à un diagnostic professionnel, pas sûr que cela soit suffisant pour convaincre une jeune audience impressionnable.
Quant aux Trigger Warnings, si leur utilité est indéniable pour protéger une partie des personnes face à des contenus pouvant réactiver leurs traumatismes, leur efficacité reste toute relative et à double tranchant.
Dans certains cas, des études ont même montré que ces avertissements pouvaient « augmenter la perception du traumatisme comme étant un élément central de l’dentité, ce qui peut aggraver l’impact du syndrome de stress post-traumatique à long terme ».
Il y a encore du boulot, donc.
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Crédit photo : Cottonbro (Pexels)
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