Sam, Lili, Louise. Trois femmes, trois parcours et trois portraits de la féminité. La mère, la jeune femme reine de beauté, et la professionnelle ambitieuse. Sur le papier, on pourrait croire à un remake de Sex and the City, mais on se tromperait lourdement sur la marchandise.
« J’aurais préféré naître en Chine »
Louise travaille dans une entreprise de pressing, qui appartient à un collectif de femmes. Elle espère obtenir un poste dans l’entreprise qui produit une poupée pour les petites filles.
Lili est belle, l’incarnation d’une certaine idée de la perfection féminine. Franche et entière, son comportement est en décalage permanent avec l’icône en papier glacé de « ce genre de filles ».
Sam est mère de trois petites filles, enceinte du petit dernier. Mère au foyer, est-ce une vocation, un sacerdoce ?
Noémie Lvovsky, incarne Sam, une mère sans glamour ni clichés
Comment se réaliser sans se laisser réduire à sa féminité, aux stéréotypes du « modèle féminin » ?
En un peu plus d’une heure quarante, Katia Lewkowicz explore la pluralité des identités féminines, un véritable état des lieux de la féminité moderne, tiraillées entre ses complexes et ses idéaux, ses désirs et ses injonctions.
Mais surtout, elle matérialise les obstacles invisibles, ces ombres qui pèsent insidieusement sur les individus : la distance qui sépare la fille de son père, celle qui sépare deux générations de femmes, la défiance qui entoure cette femme, carriériste, ambitieuse ! Comme si c’était une tare !
Marina Foïs interprète Louise, une femme ambitieuse et déterminée
À la sortie d’un entretien d’embauche musclé, Louise dira :
« J’aurais préféré naître en Chine. T’es chinois, ou t’es chinoise, au moins c’est clair »
Parce qu’en France, en 2014, la discrimination est beaucoup plus insidieuse. Bien sûr les femmes et les hommes sont égaux en droit. Bien sûr que les femmes et les hommes doivent avoir les mêmes salaires et les mêmes opportunités de carrière, à compétences égales.
Et pourtant… Il y a cette fille, à qui son employeur lui demande de s’engager à ne pas avoir d’enfants pendant dix-huit mois comme condition de recrutement. Il y a cette autre à qui l’on a demandé si elle était féministe lors de son entretien d’embauche.
Il y a toutes ces petites phrases, symptômes du sexisme ordinaire latent, profondément ancré dans notre société.
Louise, Lily et Sam poursuivent leurs ambitions, mais elles trainent avec elles le poids des stéréotypes. Il y a les injonctions auxquelles on se conforme, par habitude, faute de savoir s’en affranchir soi-même. Et il y a celles qui nous affectent malgré notre conscience féministe, malgré notre révolte.
Lyna Ramdane, époustouflante dans le rôle de Lola
Un film juste et décomplexant
J’ai rencontré Katia Lewkowicz à la sortie de la projection, et il y a longtemps que je n’avais pas eu un tel coup de coeur. Je l’ai écoutée nous parler de ses expériences, du « syndrome de l’imposteur », de la solitude et des rivalités, de l’actualité du féminisme.
C’était tellement intéressant qu’on a remis ça devant la caméra, en interview vidéo dans nos bureaux !
Clique sur cette belle personne pour découvrir son interview en vidéo !
Ce week end, n’hésitez pas : vous pouvez aller voir Tiens-toi droite ! au cinéma, seul•e ou entre ami•e•s ou en famille. C’est un film optimiste, juste, engagé, et divertissant. Que demande le peuple ?!
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