L’école des Gobelins forme à la réalisation de films d’animation. C’est une structure renommée dans laquelle Maya, Mylène, Marion et Sixtine ont étudié.
Pour clôturer leur formation, elles ont dû réaliser un court-métrage d’environ 5 minutes. Elles ont utilisé cette opportunité pour traiter d’un thème qui leur tient à cœur : l’écologie.
Un court -métrage de fin d’année sur l’écologie
Ce film d’animation se base sur une métaphore qui fait un parallèle entre l’état de l’environnement et un repas de famille.
Avec astuce, les réalisatrices ont proposé toute une réflexion autour des enjeux du réchauffement climatique, mais aussi du déni dans lequel nous sommes parfois prostrés, en tant que société.
Tout cela est agencé sur fond de dessins très esthétiques, et avec les voix de comédien·nes comme Céline Monsarrat (la voix française de Julia Roberts et de Dory dans Nemo entre autres), Maxime d’Aboville, Camille Claris et Bernard Metraux (voix française de Bill murray notamment).
Entre conscience écologique et déni
J’ai contacté les réalisatrices afin qu’elles m’expliquent leurs choix artistiques.
Si elles ont décidé de parler de ce sujet, c’est que durant leurs 3 premières années aux Gobelins, elles ont eu l’occasion de regarder beaucoup de documentaires. Face à l’état du monde actuel, elles ont surtout « été frappées par le déni quasiment omniprésent de ces problèmes dans notre société ».
« Nous nous sommes senties concernées […].
Nous avons tenté de mettre en scène cette fâcheuse tendance que nous avons à éviter de régler les problèmes dérangeants préférant vivre dans un déni confortable.
Ce peut être quelque chose comme une fuite d’eau dans une maison ou de bien plus important comme le dérèglement climatique.
Cela s’illustre tous les jours de façon plus dramatique et régulière devant une société qui traîne à mettre en place des solutions réelles et efficaces par peur de devoir refaire toute la plomberie ! »
Les jeunes réalisatrices ont aussi accepté de m’expliquer les symboles qu’elles ont utilisés dans ce court-métrage.
« Notre famille représente les différentes réactions des membres de la société face aux enjeux actuels. On s’est dit qu’une famille, avec ses différentes personnalités et générations serait parfaite pour aborder ce thème. La fuite d’eau c’est le débordement inarrêtable, l’emballement climatique qui arrive, la montée des eaux et du thermostat.
La maison, c’est la Terre, passée de génération en génération, qui s’est dégradée et n’a jamais été réparée.
La mère, le consumérisme, fait oublier les problèmes en apportant un flot de divertissements tous plus appétissants les uns que les autres.
Le père, consommateur indifférent, repose sa responsabilité sur un plombier qui ne viendra jamais et préfère relativiser : après tout c’est plus agréable quand il fait plus chaud.
Le grand-père, figure patriarcale et conservatrice s’empêche de voir la réalité avec son journal devant les yeux. C’est lui qui a construit le système et on ne touche pas ses fondations ! Tout a toujours très bien fonctionné, pourquoi le remettre en question ?
Le petit garçon est emporté dans le flot des conséquences des problèmes non réglés des générations précédentes.
Et enfin la jeune fille, seule à tenter d’arrêter la fuite illustre les prises de consciences et les tentatives d’action maladroites car trop isolées et rarement soutenues. C’est le citoyen, le militant qui n’a pas abandonné et qui continuera à chercher une solution jusqu’au bout malgré la hauteur du problème. »
Des études aux Gobelins à la réalisation d’un court-métrage
Ce court-métrage m’a beaucoup plu, je l’ai trouvé aussi malin que bien réalisé. Je me suis dit que toi aussi, et que tu aimerais certainement connaître le parcours des quatre jeunes femmes.
Elles ont accepté de m’expliquer en quoi avait consisté leur formation.
« Notre formation à l’école des Gobelins a duré 4 ans, durant lesquelles nous avons appris à réaliser toutes les étapes d’un film d’animation. Du scénario à l’animation 2D comme 3D, en passant par le design des personnages, le storyboard, les décors ainsi que les étapes finales de compositing (là où on assemble personnages et décor avec des petits effets jolis). »
Si le cursus est très complet, l’accès aux Gobelins est plutôt sélectif, m’a prévenue Sixtine :
« Cette formation est assez prisée et donc pour y entrer il faut passer un concours plutôt difficile. Du coup on a toutes fait au moins une année d’étude dans d’autres écoles d’art ou de cinéma d’animation avant de réussir l’entrée. »
Mais ces années de travail leur ont permis d’apprendre à travailler en groupe, à miser sur leurs forces, et elles ont pu s’associer à plusieurs professionnel·les, en plus des comédien·nes qui ont fait les voix de leurs personnages.
« Nous étions 4 réalisatrices, nous avions toutes autant de responsabilités, chacune avait sa voix dans les décisions.
Nous nous sommes partagé le travail en fonction des points forts de chacune et de ce que nous voulions développer comme compétences.
On a contacté quelques comédiens que l’on appréciait pour les voix des personnages, […] et le petit garçon est interprété par une petite cousine !
On a également travaillé avec des ingénieurs et bruiteurs son géniaux ainsi que deux super compositeurs de musique (Arthur Daraine et Mylène Baillon).
On a aussi été conseillées par plusieurs intervenants qui nous accompagnés à l’école pendant la réalisation. »
Je sais pas toi, mais moi ça me fait hyper envie. Peut-être qu’un jour je songerai à me former dans cette voie ? Mais en attendant, je vais réparer aux mieux les quelques fuites d’eau, plutôt que de les ignorer.
Que penses-tu de ce court-métrage ? Et quel est ton avis sur la métaphore que les réalisatrices ont utilisée ? Viens m’expliquer dans les commentaires, ça fait toujours plaisir.
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