Chez Madmoizelle, on connaît bien Thérèse pour sa musique punchy, ses textes engagés, et son style coloré qui aime nous rappeler que la mode est politique, mais aussi pour son parcours de vie notamment marqué par une greffe de foie. Alors on a voulu plonger dans son dressing pour savoir comment on s’habille quand on est une artiste, chanteuse, styliste, activiste et modèle. Oui, ça fait beaucoup, surtout aux yeux de certains hommes qui aiment lui reprocher d’en faire « toujours trop, jamais assez ». Vous avez dit « double injonction contradictoire » ?
Autopsie du dressing de Thérèse, 37 ans, chanteuse et styliste
Comment décrirais-tu tes habitudes de consommation mode ?
Je dirais qu’elles sont en constante diminution depuis que j’ai décidé de changer de vie. Je suis passée de cadre dans une maison de luxe à la musique en 2016. Cette diminution est donc liée à un changement de niveau de vie, mais aussi à une prise de conscience au niveau environnemental et social et un engagement de ma part en tant que citoyenne plus responsable. En revanche, je dirais qu’elles sont aussi un peu anarchiques. Je veux dire par là qu’elles sont irrégulières et que ça peut passer de la fripe à de la fast fashion en passant par des marques de jeunes designers.
À combien évalues-tu ton budget shopping mode annuel ?
Autour de 700€ je pense. Après, je triche, parce qu’en tant que styliste, je reçois des vêtements et on m’en prête pas mal !
Quelle est la pièce la plus chère de ton dressing ?
Un manteau Vuitton achetée en vente privée durant mon ancienne vie.
Quelle est la pièce qui a le plus de valeur sentimentale à tes yeux ?
À peu près toutes les fringues d’époque de ma mère que je lui ai piquées…
Quelle est la pièce la plus vieille de ton dressing que tu as achetée toi-même ?
Pas facile pour la mémoire mais en vrai, je pense qu’il s’agit sûrement d’un t-shirt H&M à l’époque des débuts où pas mal de fringues étaient solides, en vrai ! En plus de ça, je suis hyper précautionneuse avec mes vêtements (dans ma façon de les porter, de les laver, etc.).
Quelle est la pièce la plus récente que tu te sois offerte ?
Un pantalon carotte japonais en laine motif tartan de chez Épisode.
Quelle est la pièce la moins chère de ton dressing qui fait quand même un effet waouh ?
Une veste en cuir très Mugler de chez Freep’star du bac à 1€ ! Ma vie !
Quel est ton plus fidèle accessoire ?
En ce moment, une boucle d’oreille flamme en argent recyclé de Saga Jewelry. J’adore les accessoires ! Je suis très fidèle… sur quelques mois. Ensuite, je change, pour les remettre plus tard. Ça marque des étapes de ma vie, je fonctionne par cycles et combinaisons. Difficile à expliquer. En dehors de ça, je pense que mon accessoire le plus fidèle en vrai, c’est mon parfum. Odin, n°3.
La pièce que tu as déjà en 36 exemplaires, mais que tu n’arrêtes pas d’acheter quand même ?
Je n’ai pas du tout ce délire (rires) ! Je pense que je n’ai aucune pièce qui se ressemble vraiment dans ma garde-robe… Mon truc vraiment redondant, c’est des strings en coton noirs. Valeur sûre !
Quel est le type de pièce que tu rachètes encore et encore et ne portes pourtant jamais ?
Je ne le fais plus trop. Je connais trop mes habitudes et je n’ai pas assez de fric pour le dépenser n’importe comment (rires).
Quel est le type de vêtements que tu prends le plus de plaisir à traquer ?
Les marques de jeunes designers, genre même les étudiant·e·s en école de mode (coucou Diego Guillen, Otello etc.). Ça me fait kiffer de voir la mode de demain. Je trouve que c’est très politique et sociologique d’analyser la mode et la création en général. Ça dit beaucoup de l’époque.
Quel est le genre de vêtements que tu détestes devoir te procurer ?
Des vêtements utiles. Genre la doudoune fine Uniqlo à mettre sous le manteau l’hiver ou les t-shirts à manches longues heat-tech (rires) ! Mais je n’ai pas le choix, je suis frileuse et il faut avouer que c’est pratique…
Ta meilleure pépite de fripe (en boutiques physiques ou plateformes en ligne) ?
La fameuse veste en cuir grise de chez Freep’Star ! Mais aussi un short taille haute en cuir noir bouffant, de chez Freep’star aussi ! Ou encore un chemisier jaune en satin col montant, déniché à 3€ dans une friperie à Bruxelles !
Ta meilleure astuce pour acheter des fringues de seconde main ?
Aujourd’hui, je fais quasi que les fripes, mais franchement, si j’avais plus de temps, j’irais sur des brocantes et vide greniers à la campagne car il y a souvent des méga pépites ! Parfois, grâce à la musique, je voyage dans des villages où il y a des boutiques de fou avec des pièces qui valent presque rien ! Du coup, j’en profite !
Ton futur investissement mode ?
Ma future tenue de scène, je pense. Parce que je veux slay sur mes shows. D’ailleurs, si des designers me lisent et sont chaud·e·s pour une collab, venez sur Insta !
Est-ce que tu revends souvent tes vêtements ?
Je l’ai énormément fait pour pouvoir en racheter. Je fonctionnais en circuit fermé de sous. Mais déjà j’en ai moins aujourd’hui, puis je n’ai plus le temps de le faire (je ne prends plus le temps). Par ailleurs étant styliste maintenant, je les garde dans mon stock pour des potentiels projets. Aussi en vieillissant, j’ai vu comme la mode était cyclique. J’ai le seum d’avoir racheté des pièces Y2K alors que j’en avais plein mon armoire et que j’ai tout jeté il y a quelques années !
Est-ce que tu achètes beaucoup de seconde main ?
Oui, par conviction écologique, parce qu’il y a des pièces de dingue et que ça permet souvent de créer des looks plus originaux. Et parce que c’est moins cher. L’inflation, tout ça, tu cocos.
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Si tu devais prendre une résolution mode, quelle serait-elle ?
Arrêter la fast fashion, même si j’en consomme déjà peu !
Quel rôle occupe la mode dans ta vie aujourd’hui ?
Je dirais que ça a longtemps été une armure et qu’aujourd’hui c’est un langage. Un moyen d’exprimer ma multiplicité, complexité, mes émotions, mon identité, mes convictions, mon sens de la liberté à travers des formes, couleurs, textures etc. De questionner aussi. C’est aussi un bon filtre qui attire les personnes curieuses et repousse celles fermées d’esprit. Comme je le disais plus haut, je trouve que c’est un ensemble de marqueurs intéressants à analyser, sociologiquement, politiquement mais aussi psychologiquement. Je vais continuer à méditer dessus !
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