Thérapie par la musique vintage

Ce soir, ça va pas. Même le chocolat Côte d’Or (pas l’imitation) ne parvient pas à apaiser mon angoisse. Comble de l’anxiété, c’est déjà la deuxième partie de soirée et Nonce Paolini persiste à me proposer l’émission la plus anxiogène du monde : Confessions intimes. Pour un peu que je tape sur mon clic-clac et qu’il en sorte de la poussière et je crois que je pleure. Je réalise que 36 m² c’est petit, que je ne sais pas faire les madeleines et que je n’ai pas répondu à la carte de bonne année envoyée par grand-mère (j’ai du mal à être cool avec elle : elle m’a appellée « ma crotte » jusqu’à mes 12 ans). En plus, mon pyjama est trop chaud, ça fait comme quand on est malade. Plutôt que de rester plantée là comme une morue dans le lait, je m’extrais de mon lit pour faire une patrouille d’inspiration. Faut pas que j’aille sur internet ça va m’achever d’errer sans but précis sur la Google Home. Je me mets à l’échelle Polly Pocket pour trouver mes chaussons (quand j’ai froid aux pieds, je fais rien de bon) et c’est à 4 cm du ground que je vois une boîte « de bordel ». Le genre de celles où y’a les lettres des cousines, le premier billet d’avion et deux trois trucs inrangeables, inclassables.

J’y crois pas. Merci Seigneur pour ta miséricorde. Je vais pouvoir penser à autre chose que tout ce qu’il me reste à faire de pas agréable dans ma vie.

J’ouvre et me remémore un proverbe macédonien : « boîte trop remplie, boîte qui dégueule ». En l’occurence ce qui choît n’a rien d’excitant : une quittance de crédit voiture (oui, j’ai eu mes heures fastes), un relevé Crédit Mut’ et la fameuse lettre de Mémère Jeanette : une rose qui dit « Gutes Jahr » en paillettes (pourquoi en allemand ? Les cartes doivent être moins chères Outre-Rhin. Mémère est gestionnaire).

Je retourne la boîte. Miséricorde bis. Je trouve des K7, des vraies qu’on mettait dans nos ouôcmane.

J’ai mon p’tit coeur qui bat. Je me revois assise dans l’auto de mes parents, toujours avec mon ouôcmane dans les esgourdes.
A 4 ans, avec Le temps des cerises et en pleurs parce que je venais de faire pipi sur le siège.
A 7 ans avec Les Musclés et en pleurs parce que je venais d’oublier my sweet doudou en classe verte.
A 15 ans avec East 17 et en pleurs parce que cette magnifique doudoune HH jaune était restée – Dieu soit loué – dans le magasin.

Par chance, je n’ai jamais cédé à changer mon poste tout niqué que même qu’il faut tourner l’antenne trois heures pour trouver France Inter. Et heureusement, parce que l’aïeul a… un lecteur K7. Si si, Dieu est bon avec moi.
J’enfourne un divers au hasard : le top de l’Italie, compilation cultissime qu’on écoutait en boucle à la maison. Mon corps se réchauffe et je fête ça avec un morceau de Côte d’Or. Que c’est bon d’oublier le temps d’une insomnie les shuffle et autres télécommandes… de Felicità à Toto Cutugno, j’enchaîne les interprétations. J’ai ramené mon miroir pour danser devant et je me suis changée. Comment ça tu ne l’as jamais fait ? Oui bien sûr, et moi je n’ai jamais fait pipi dans la douche. Euh. Oui bon bref.
Et puis au bout de la face A, ça va mieux. Mon cafard est parti, et je trouve que la vie est belle. En plus, j’ai sommeil et il me reste quatre K7 à écouter pour la prochaine fois : Alain Souchon, Anne Sylvestre, Michel Sardou et Johnny Hallyday époque « ley gens mapèleu l’idoleu des jeuneu, il y en a mêmeu qui m’ennnnviiiient »… Trop bon.

Moralité : Once again Maryse, voici la preuve que la musique adoucit les moeurs. Exception faite des chants nazis.