En arrivant au festival CanneSeries, j’ai à peine eu le temps de poser mes valises que j’ai dû filer en projection, découvrir une nouveauté inédite.
Excitée à l’idée de découvrir les fameuses marches fuchsia (d’ordinaire rouges carmin), j’ai couru face au vent. Le mistral me fouettait les sourcils, salopait mon brushing et surtout ruinait tous mes efforts en terme style.
Mais qu’à cela ne tienne, j’étais là pour voir des séries, pas pour concurrencer Anna Wintour.
Après un bref détour par la plage pour regarder les bourrasques agiter la nappe d’huile bleue, j’ai enfin retrouvé le Palais des festivals, que je n’avais pas vu depuis des années.
QUEL KIF !
Lieu mythique du cinéma, le palais a été arpenté par les plus grands cinéastes et s’est, à l’occasion de CanneSeries, offert un petit relooking.
Désormais plus moderne et pop, son coup de frais lui fait du bien.
Les festivaliers se hâtent de part et d’autre des escaliers pour entrer dans l’immense salle de cinéma. Aucun film ne sera projeté aujourd’hui, mais bien une série.
Je me suis frayé un chemin parmi la foule pressée, et j’ai attendu dans le noir le lancement des premières images. D’excitation, j’enfonçais mes ongles dans le velours.
Ça commençait…
The Typist, de quoi ça parle ?
Les scènes se sont succédées rapidement. Immédiatement, j’ai été prise dans le tourbillon dramatique du pilote.
The Typist a des airs un peu austère. Mais qu’importe, l’austérité est ici au service de l’intrigue.
Je te la révèle, d’ailleurs ?
Freya Becker travaille comme dactylographe pour la police de Berlin.
Les bureaux sont gris, les lumières électriques. Les cheveux et les cernes de Freya sont aussi sombres que les rues de la ville, d’où semble absente toute forme de joie.
Depuis la disparition soudaine de sa fille, 11 ans auparavant, la dactylo s’enferme dans une vie morne et solitaire.
Elle le dit elle-même :
« Je ne fais plus partie de ce monde. »
Bref, c’est pas franchement la joie.
Une affaire va pourtant secouer sa vie.
Une jeune femme a été violée par plusieurs hommes et est depuis portée disparue. Cette histoire fait écho à celle de Freya, qui ressent le besoin de s’en mêler.
Elle va donner un coup de pied dans la fourmilière, et par la même occasion dans sa vie…
The Typist, une série sombre mais importante
On ne se marre pas devant The Typist, comme tu peux t’en douter. Loin de là. J’ai été un peu retournée par cette projection.
Elle est dure à regarder droit dans l’écran, la violence commise par les hommes sur les femmes.
Dans la division homicide où travaille notre dactylographe, l’un vient avouer avoir tapé sa compagne jusqu’à ce qu’elle en perde connaissance. L’autre est acquitté alors que sûrement responsable d’un viol.
À lire aussi : L’insoutenable dialogue avec les auteurs de violences conjugales
La réalité secoue l’intrigue. Tout est plus vrai que nature. Cette femme qui attend désespérément le retour de sa fille, ça pourrait être ma mère, ma tante, une amie.
La série de Nina Grosse met en lumière une réalité glaçante, qu’est celle des violences faites aux femmes. Des violences qui restent trop souvent impunies…
Alors non, on ne se marre pas, devant The Typist. Mais tant pis, on rira plus tard.
L’heure est pour l’instant à la prise de conscience, au Palais des festivals.
Je suis toujours un peu secouée par ce premier épisode. Heureusement, le soleil a réchauffé la Croisette et illuminé nos coeurs. Jolie mais tardive apparition.
En tout cas, je te conseille d’oser la série allemande de Nina Gosse, portée par Iris Berben, Moritz Bleibtrau et Peter Kurth.
Le casting m’était inconnu, mais j’ai été immédiatement séduite par le charisme flegmatique de chacun des intervenants.
The Typist est en lice pour accéder au saint-Graal : un trophée lumineux de CanneSeries, en forme de palmier !
Elle sera diffusée dans l’année sur la chaîne germanique ZDF.
Je te laisse, chère lectrice, mais je reviens très vite te donner des nouvelles de ce beau festival, dont madmoizelle est la très fière partenaire.
À lire aussi : La compétition officielle du festival CanneSeries débute demain !
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Les Commentaires
Cette phrase m'a un peu fait sourire parce que je m'amusais dernièrement du fait que Moritz Bleibtrau joue dans à peu près 75% des productions allemandes et a joué à peu près tous les personnages historiques allemands imaginables (Baader, Goebbels...), à tel point que j'ai presque trouvé ça rafraîchissant de pas le voir dans Dark !