Ça fait longtemps que les monstres à grandes dents assoiffés de sang frais ne font plus peur à personne. Depuis qu’une célèbre saga t’a fait croire qu’il valait mieux les mettre dans ton lit que dans un cercueil, le swag des vampires a pris un sacré coup. Leurs canines inspirent cris prépubères et instants lubriques. Adieu la figure du criminel tapi dans l’ombre, prêt à t’arracher la carotide dans un mouvement lent, digne d’un fétichiste de la douleur.
Même si Nosferatu a pris quelques stéréotypes dans la face, il existe une personne sur Terre croyant encore à la terreur qu’inspirent les suceurs de sang. Cet homme plein de courage et d’espoir s’appelle Guillermo Del Toro, et il a beau ressembler à ton grand-oncle Patrick, en lui se cache la soif de faire trembler ton corps tout entier.
Vilain.
Au milieu des (tonnes) de séries attendues cette années, la création de Del Toro faisait partie de celles qui intriguaient le plus la critique en général et moi-même en particulier. Forcément, tu n’es pas sans savoir que je porte un attrait particulier à tout ce qui touche de près où de loin l’horreur, le gore et le morbide. Or, juillet est proche de la disette en ce qui concerne les programmes télé du genre. American Horror Story et The Walking Dead se refont une beauté en attendant l’automne, et c’est la dèche.
Tu imagines donc mon enthousiasme délirant lorsque j’ai appris que Del Toro (un de mes cinéastes fétiches) lançait une série horrifique à base d’épidémie, de morts et d’hémoglobine bien chaude !
The Strain (lancée le 13 juillet 2014 sur FX) sera-t-elle ton rendez-vous morbide post-week-end, ou un flop dont il vaux mieux que tu préserves ta rétine ?
Réponse après cette courte pause.
Va te cacher dans les toilettes, Edward Cullen
The Strain, basée sur la trilogie romanesque de Del Toro et Chuck Hogan, te plonge directement dans la panique avec un pilote de plus d’une heure. Dans celui-ci, tout s’enchaîne : intrigue, présentation des personnages, péripéties. La série envoie la sauce histoire d’accrocher les spectateurs.
Devant tes yeux ébahis, un vol Berlin/New York atterrit à l’aéroport de JFK après que la tour de contrôle a perdu sa trace. Les lumières sont éteintes et tout le monde semble avoir été empoisonné par un étrange virus. Le docteur Ephraim Goodweather et son équipe (surtout son équipière) (la jolie brune un poil stéréotypée) (juste un poil) sont envoyés sur les lieux histoire de comprendre comment un avion peut se poser avec plus d’une centaine de cadavres à son bord… cadavres qui risquent de ne pas rester morts très longtemps.
De l’usage de la serviette de table après une assiette de spaghettis bolognaise.
Voilà pour les grandes lignes. Ajoute à ça un vieux milliardaire pactisant avec le Mal du haut de sa tour d’ivoire, un statut familial compliqué, quelques incantations et un vieux bonhomme qui semble en savoir un peu trop. Tu vois le tableau.
Le fond s’avère rapidement capillotracté, mais tu devrais rapidement t’y habituer, surtout si tu regardais Charmed en 2002. Car, oui, l’intrigue a beau être WTF, pour l’instant elle ne sort pas tellement des codes du genre.
Une esthétique kitschouille
Si tu es habituée à la photographie de Game of Thrones ou d’Hannibal, ta rétine risque d’avoir un choc. Si dans certains cas la frontière entre film et série est difficile à cerner au niveau de l’image, cette fois-ci tu ne peux pas te tromper. C’est très loin d’être moche, mais certains plans semblent trop artificiels, les lumières trop vives…
Mais j’ai une réponse à ça. Celle-ci s’appelle Hellboy.
Souviens-toi : en 2004, le réalisateur adaptait l’univers du comics du même nom. Ça donnait deux films à l’esthétique graphique très prononcée. Quand on sait que Del Toro est capable de nous pondre des ambiances visuelles comme celle du Labyrinthe de Pan, on ne peut que se dire que celle de The Strain n’est rien d’autre qu’un parti pris. Enfin, j’espère…
Je m’attendais cependant à un truc un peu plus recherché. Deuxième mauvais point.
Les Experts : Manha… Ah non.
Quoi qu’il en soit, au bout de seulement trois épisodes,
la série te donnera ta dose de séquences bien dégueu et quelques plans semblent miraculeusement majestueux, au milieu de tout le reste.
Un casting pas vraiment flamboyant
Côté distribution des rôles, tu devrais reconnaître quelques têtes déjà aperçues côté séries. Le rôle principal est attribué a Corey Stoll (House of Cards) (avec des cheveux) qui semble bien trop propre sur lui pour être pris au sérieux. Sa partenaire est Mia Maestro (coucou Twilight). Le bon Monsieur Je-sais-tout-mais-je-cracherai-le-morceau-au-dernier-épisode est incarné par David Bradley (le Rusard d’Harry Potter et Walder Frey de Game of Thrones — bref, tu lui en voudras sûrement encore un peu trop pour qu’il te semble sympathique). Enfin, tu retrouves Sean (Sam) Astin (Gamegie), Kevin Durand, Richard Sammel et Jonathan Hyde (qui a un peu vieilli depuis Titanic).
Sur le papier ça rend bien, mais à l’écran c’est autre chose. Tu risques d’avoir du mal à t’attacher à cette joyeuse troupe beaucoup trop formatée pour inspirer la compassion. Reste Gabriel Bolivar, la rock star déchue, qui lui, vaut franchement le coup !
Joli cosplay de Lorde.
En bref, The Strain n’est pas franchement la série horrifique malsaine et complexe à laquelle je m’attendais. Pourtant, je m’accroche et j’ai très très envie d’y croire encore. On est vivant tant qu’on est fort, on a la foi tant qu’on s’endort la rage au ventre…
Je ne vais pas abandonner Guillermo Del Toro sur ce coup (d’abord parce que ce serait synonyme d’échec pour moi et aussi parce que le thème m’intéresse quand même un minimum). En plus, la série semble décoller un peu au fur et à mesure des épisodes. Cela dit, il ne faut pas se voiler la face : si tu n’as pas aimé le pilote, tu n’apprécieras pas plus le reste. Si tu as adoré, fonce tête baissée. Dans tous les cas, The Strain promet d’être un divertissement tout aussi sympathique qu’un replay des Princes de l’Amour. Et ça, c’est déjà une bien belle perf’ !
Les Commentaires
Par contre je suis d'accord avec @Elleden, l'histoire avec l'ex-femme et le prévisible gamin, c'est très lourd.
Personnellement le fait que ça suive grosso modo le roman de Dracula me plaît, puisque j'aime le livre au point de l'avoir lu plusieurs fois (à l'époque où la bit-lit n'existait pas encore).
J'accorde à la série une mention spéciale pour des personnages francophones joués par des acteurs francophones, comme il se doit, même si c'est un détail (et pas juste des gens qui imitent l'accent comme la plupart des séries américaines).
J'ai l'estomac bien accroché d'habitude, mais même si les effets spéciaux n'ont rien de très spectaculaires ni révolutionnaires j'évite de manger devant la série (surtout des spaghetti-bolo ).
Je n'avais même pas réalisé que le vieux monsieur était le Rusard aux-cheveux-plus-pourris-que-Rogue de Harry Potter