On a beaucoup dit que la grande prêtresse de la mode et rédactrice-en-chef de l’édition américaine de Vogue, Anna Wintour, avait inspiré Lauren Weisberger pour le personnage clé de Miranda Priestly dans Le Diable s’habille en Prada. Il reste en tout cas vrai qu’Anna Wintour tient l’édition de son magazine d’une poigne de fer (dans un gant de velours Chanel ?). R.J Cutler a eu le privilège de pouvoir suivre la madonne dans l’édition du magazine de septembre 2007, le plus important de l’année.
Une réalisation neutre et sans fausse note
Le réalisateur a eu à cœur de ne pas prendre parti sur le personnage énigmatique d’Anna Wintour. Hormis une scène qui verse un peu dans le pathétique, il réussit avec brio ce challenge et nous dévoile une rédactrice finalement humaine, bien que très exigeante. On comprend que si elle a su survivre aussi longtemps dans ce monde de requins c’est en grande partie grâce à son entêtement et à sa sévérité. Le montage est extrêmement pointu et bien ficelé, de façon à ce qu’on ne s’ennuie pas une seule seconde et qu’on se prend à suivre l’évolution du magazine avec délectation.
Dans l’ombre du magazine
Ce documentaire s’attarde beaucoup sur les coulisses du magazine, où l’on découvre, entre autres, le personnage attachant de Grace Coddington, rédactrice dans l’ombre d’Anna. Elles travaillent toutes les deux pour le magazine depuis 20 ans et leur complémentarité en font sa force. Le réalisateur s’intéresse presque tout autant à ce personnage, véritable pilier du Vogue US, qu’à Anna Wintour elle-même.
De l’art plein les mirettes
Pendant 1h28, on est submergé de couleur et de beauté. Plus que les vêtements de marque, c’est la façon dont ils sont mis en scène et en valeur qui intéresse le réalisateur, et même les gens de Vogue eux-même. La mode est un art, et un art exigeant. Ils font et refont les séances photos, la créativité et l’inspiration sont de mises tout le temps. On est ébloui par tant de talent artistique.
Un film qui reste superficiel ?
Où est la tyran de Vogue, capricieuse et diva ? Cette légende serait-elle fausse, ou bien le réalisateur s’est arrangé pour faire un portrait d’Anna Wintour qui convienne à cette dernière ? Puisque les témoignages sur la rédactrice sont rares, chacun se fera son propre avis. Ce qui est certain, c’est que ce documentaire nous introduit un personnage bien loin du monstre sorti tout droit de l’esprit de Lauren Weisberger.
Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
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