Oscar ou pas Oscar ? Au-delà des pronostics, The Revenant (présent dans plusieurs catégories — meilleur film, meilleur acteur, meilleur acteur dans un second rôle…) n’est pas qu’un long-métrage « à statuette ». C’est une œuvre dont on sort courbaturé•e, épuisé•e.
Le scénario brode sur l’histoire vraie de Hugh Glass, trappeur laissé pour mort par ses compagnons après avoir été violemment attaqué par un grizzly. Il aurait parcouru, en 1823, 300 kilomètres en six semaines malgré ses importantes blessures, dans une nature hostile et un contexte dangereux, vu les tensions entre les Amérindien•ne•s et les colons.
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Le film a ajouté de la profondeur à cette histoire de survie en ajoutant un fils métis à Hugh, une quête de vengeance, et une grosse enflure incarnée par Tom Hardy : Thomas Fitzpatrick (qui a vraiment existé mais n’était pas forcément un tel salaud), plus intéressé par l’appât du gain que par la protection de ses collègues.
The Revenant, ou : « p’tain ça meule ici »
The Revenant donne FROID. Mais genre super froid. Hugh a perdu 87% de son sang, se traîne dans la neige, la glace, les cailloux gelés, l’eau glaciale, fait face au blizzard, à la nuit… Bref, selon les mots immortels de Thomas, notre développeur, sortant dans la cour de la rédac :
« Putain ça meule ici ! »
Et le froid, qui pénètre les fourrures, les bottes, les peaux, les os, sort presque de l’écran pour nous faire frissonner et grincer des dents, nous spectateurs bien au chaud dans notre salle de cinéma. Chaque fois que le héros s’effondre, surtout quand c’est dans l’eau, on prend comme une baffe glaciale.
QUE FAIT LA PETA
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The Revenant, ou : « TRIGGER WARNING EVERYTHING »
The Revenant donne froid, et The Revenant fait mal. La lutte totalement folle contre l’ours, qui dure SI LONGTEMPS, a arraché à bien des membres du public une exclamation de douleur ; le corps de Hugh ne fait pas le poids contre un animal si énorme décidé à le déchiqueter…
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La souffrance du héros est viscéralement ressentie, et comme le réalisateur, Iñarritu, prend son temps, on a mal avec lui. Pendant de longs plans presque contemplatifs, la nature reste immobile, à peine dérangée par les râles de Hugh Glass rampant dans le froid, en sang, malgré ses fractures et ses plaies.
The Revenant ou : la contemplation du seum
On l’avait déjà vu l’an dernier avec Birdman : Iñarritu est un homme de patience. The Revenant a un côté Terrence Malick par ses grandes séquences mélancoliques mettant à l’honneur la nature sauvage du Nord de l’Amérique, avec ses arbres immenses et ses torrents. On sent que l’Homme n’a pas encore maîtrisé cet espace, ne fait que l’habiter, difficilement.
Isolation oblige, le film est plutôt chiche niveau dialogues — heureusement qu’il y a Fitzpatrick, magistral Tom Hardy qui, par ses répliques plus grognées qu’articulées (on a l’habitude depuis Mad Max Fury Road !), développe les enjeux et campe un enfoiré crédible, aussi impitoyable que les éléments qui l’entourent.
The Revenant est un bon film, peut-être même un grand film. Et comme toute œuvre magistrale, il a un prix : celui d’un tournage très dur pour l’équipe, d’un spectacle éprouvant pour les spectateurs. Mais parfois, j’aime bien que le cinéma me malmène… et c’est clairement le cas ici !
Comment bien se gâcher The Revenant ?
Promis, JE NE VAIS RIEN VOUS SPOILER.
Mais il se trouve que j’ai vu The Revenant avec Fab, mon bien-aimé patron, qui nous a sans le vouloir pourri la séance en se penchant vers moi, au bout d’environ 25 minutes de film, pour me chuchoter :
« Tu trouves pas que ça ferait un super bon récap rigolo ? »
Si.
Résultat des courses, on a pas réussi à stopper net nos cerveaux partis en roue libre et on a passé une bonne heure de film à imaginer les blagues qu’on pourrait faire sur l’intrigue. Je vous conseille donc de ne pas faire ça.
Mais maintenant que je vous ai dit ça… bon courage pour ne pas y penser !
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Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
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