Deux hommes, deux fils, trois histoires.
Celle de Luke d’abord, un cascadeur à moto, tatoué, rebelle, bohème dont la vie change quand il apprend l’existence de son fils. Lui-même n’ayant jamais connu son père, il décide d’être présent auprès du petit Jason. La mère du garçon a refait sa vie avec un autre homme ? Qu’importe, Luke tient à être de la partie et à, maladroitement, embrasser ses responsabilités – affectives et financières. Le hic : il est fauché comme les blés et pas très regardant sur la façon de se procurer de l’argent.
Ce premier tableau est articulé autour du personnage de Luke, interprété par un Ryan Gosling fidèle à lui-même et décoloré. Sorte de Drive sur deux roues et sans l’assurance froide du personnage principal, il montre la touchante gaucherie d’un homme perdu mais prêt à tout pour être à la hauteur d’une réalité qu’il peine à appréhender. La fin du premier volet est en fait le début du deuxième, une rencontre éphémère, le télescopage éclair entre Luke, lascar désarmant et Avery Cross, flic de banlieue idéaliste.
C’est le second qui sort vainqueur, héros et acclamé de la confrontation. Un sentiment de honte et de culpabilité s’installe pendant que sa soudaine notoriété lui fait découvrir les dessous d’un système corrompu. Mi-couard, mi-justicier, il décide de le dénoncer et d’en profiter pour monter les échelons plus rapidement.
Bien que portée par l’interprétation discrète et précise de Bradley Cooper, cette deuxième partie souffre de nombreuses longueurs et manque d’intensité. Le personnage est moins attachant, la situation moins fédératrice et, si l’on en croit ma copine Jordane qui a un sens de la formule très développé, « on aurait dit un épisode de
Cordier, juge et flic ». Je vous l’accorde, c’est dur mais c’est imagé.
Suite et fin, quinze ans plus tard. Jason et Avery Junior ont bien grandi et oh ! Surprise ! Ils font connaissance au lycée. Jason aime manger des pommes, faire du vélo et il est impulsif comme Papa. A.J., en quête de l’attention d’un père en pleine campagne électorale, dérape un peu. Les adolescents ont deux point communs : un penchant non dissimulé pour les substances illicites et l’ignorance totale du passé qui les lie. Bien entendu, tout va se dévoiler et les problèmes vont arriver.
Même s’il a du mal à donner un nouveau souffle au film, le final du triptyque est engageant, sans l’être autant que le tout début. Respectivement en Jason et A.J., Dane DeHaan et Emory Cohen sont à la hauteur (surtout Dane DeHaan , déjà vu dans Chronicle) mais la relation qu’entretiennent leurs personnages semble venir de nulle part.
Au final, The Place Beyond the Pines est un triptyque inégal, légèrement capillotracté. On retiendra Ryan Gosling, qui crève l’écran par sa présence et ses silences hypnotiques. À ses côtés, Eva Mendes vogue très loin de ses rôles de bimbos sulfureuses et délivre une prestation tout en finesse et en simplicité, remarquable. La réalisation est intéressante, travaillée, mais le montage aurait pu affiner le résultat davantage en coupant certaines scènes.
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Les Commentaires
Sinon le film est certes lent, les deux premieres parties auraient du être plus courte, car même si la premiere partie est sympa, on se rappelle qu'on a vu qu'il y avait aussi Cooper sur l'affiche donc tu te dis inconsciemment qu'il n'arrive et ça créer de l'attente pr le personnage