« It takes either courage or ignorance for a first-time director to tell the kind of story John Hughes, Richard Linklater, Judd Apatow and George Lucas have already done so well. »
C’est de cette façon que commence la critique de The Hollywood Reporter. Autant dire qu’un sévère poids pèse sur David Robert Mitchell, réalisateur de The Myth of the American Sleepover, présenté pour la première fois au festival texan South by Southwest début 2010.
Et il faut dire, malheureusement, que son film n’est pas à la hauteur de ces références, pour une raison très simple : il n’a pas d’humour – et le moins qu’on puisse dire est que les autres savent habilement doser entre humour et désarroi. Le plus souvent, les deux en même temps, ce qui est le signe d’une grande maîtrise.
On ne peut pas dire que pour son premier film, David Robert Mitchell manque de maîtrise. Plus certainement, c’est un choix stylistique : celui de filmer l’adolescence avec douceur, celui d’être un film adoptant une grande distance par rapport à ses personnages, un film qui n’est pas donné dans la perspective de l’adolescence mais, presque, avec le regard affectueux de l’adulte.
Nous sommes dans une petite ville du Michigan, à la veille de la rentrée scolaire. Les mecs et les filles sont prêts à retourner en cours, mais entendent profiter de leur dernier jour de liberté, dans un monde dont les adultes sont littéralement effacés. Alternativement, le film se concentre sur différents personnages : deux copines qui se baladent de fête en fête, un étudiant plus âgé soudain obsédé par le souvenir de deux jumelles qu’il fréquentait au lycée, une nouvelle venue, un garçon tombé amoureux plus tôt dans la journée d’une fille rencontrée au supermarché.
Le parti pris de David Robert Mitchell est donc de ne s’attacher à personne, sinon de voyager de personnage en personnage, sans doute pour saisir l’air et l’atmosphère des jeux adolescents. Pas de doute en ce sens : ces quelques heures dans la vie des ados sont une plongée réussie, envoûtante dans leur univers. Mais précisément, ce qui manque est le style, le peps qu’ont les ados d’habitude au cinéma – dans les bons films, au moins. Pas toujours artificiel, ce motif est en général la base de ces teen-movies géniaux (John Hughes et Apatow en tête). Preuve en est le fait que le personnage le plus attachant, la blonde bourrée de mimiques qui cherche partout un garçon avec qui flirter, est aussi celui qui a le plus d’entrain, de fantaisie, de style – voir la scène dans laquelle, au milieu d’une soirée, elle se lance dans une danse improvisée et amusante.
Mais pour David Robert Mitchell, l’adolescence est un mythe. « The myth of being a teenager« , que véhiculent à coup sûr les réalisateurs cités plus haut ; mais auquel personne ne semble croire, dans et autour de ce film. Alors il se place en décalage par rapport à lui : refusant la comédie et l’humour, The Myth of the American Sleepover devient un film nostalgique. Nostalgique non d’une époque ou d’un âge, mais de ce sentiment qui plane dans l’air… Non pas le sentiment d’un ado, mais celui d’un adulte qui le regarde, et se souvient.
Vous aimez nos articles ? Vous adorerez nos podcasts. Toutes nos séries, à écouter d’urgence ici.
Les Commentaires