Live now
Live now
Masquer
the-knick-critique
Culture

The Knick, une série qui a des tripes

The Knick est la toute nouvelle série de Cinemax. Clive Owen y campe un chirurgien du début du XXème siècle, dans un New York pas forcément équipé pour les opérations à coeur ouvert…

Cet été est riche en nouveautés niveau petit écran. Après The Strain qui me séduit petit à petit et The Leftovers qui divise les foules, place à un tout autre registre !

À lire aussi : The Strain : les vampires sont-ils toujours dans la place ?

À lire aussi : The Leftovers, ça donne quoi ? — L’avis des madmoiZelles

The Knick est sans doute une des séries qui me tentait le plus en ce moment. Pleine de bonne volonté et priant de tout mon coeur pour essuyer la petite déception du programme de Guillermo Del Toro, je me suis lancée… Et je n’ai pas été déçue du voyage.

https://www.youtube.com/watch?v=e2jbhOWgnYo

Une ambiance aussi froide que ses personnages

Les chaînes débordent de séries médicales. De Dr House à Grey’s Anatomy en passant par Urgences et Scrubs, tout se mélange dans un bouillon de blouses blanches, de lupus et de bétadine rouge.

Si toutes tentent de se démarquer, The Knick n’est pas de ce monde-là. The Knick est différente.

Tout d’abord, l’époque n’est pas celle dans laquelle on a l’habitude de situer ce genre de séries. Tu peux dire adieu aux machines et autres tests dignes de la police scientifique. En 1900; les hôpitaux de New York étaient encore d’immenses terrains d’expérimentation.

Tu vas suivre le chirurgien Thackery (interprété par un Clive Owen en pleine forme), brillant mais dérangeant par ses méthodes non conventionnelles. Fabriquant ses propres instruments de torture chirurgicaux, il n’hésite pas à se lancer dans des expérimentations loin du protocole habituel.

Ne te laisse pas attendrir trop vite, le médecin n’est pas ce héros au bon coeur donnant de son être pour soigner ses gentils patients. John Thackery est un homme qui sort tout droit des ténèbres, pourri par la cocaïne et bouffi d’orgueil. C’est un personnage fort, dur et exempt de toute forme de compassion. Il ne s’apitoie pas devant les injustices, ni sur le regard de Chat Potté de la jolie petite infirmière maladroite.

cliveowen2

Quand il te dit « scalpel » t’as pas intérêt à lui passer la pince coupante, quoi.

Thackery sauve les malades pour lui-même, par défi. En tout cas, c’est ce qu’il veut te laisser croire. Car à l’abri des regards, il devient cet homme faible, tremblant et dépendant… d’une seringue stérilisée.

En soi, pondre un anti-héros d’une telle puissance est déjà une sacrée performance.

Niveau ambiance, ne t’attends pas au monde des Bisounours. New York au début du XXème siècle n’avait rien d’une ville accueillante où les gens recouvraient leurs balcons de jardinières de lilas. C’était une époque où les Noir-e-s avaient du mal à accéder à des professions intellectuelles, où le sexisme était partout, où les enfants travaillaient avant dix ans et où tout le monde évoluait dans des rues qui puaient la carcasse. Pendant la séquence d’ouverture, il est difficile de ne pas imaginer le doux fumet de crottin, d’urine et de cheval mort qui flotte au-dessus des pavés… Miam.

C’est un univers où tout le monde semble corrompu par l’argent, où les ambulanciers harcèlent les nonnes et où tout le monde aurait besoin d’une bonne dose de gel hydroalcoolique.

newyork

Fais gaffe aux bouses, Jeannine. 

En parallèle à cet univers inhospitalier (c’est un comble quand même), la série est marquée par l’envie et le besoin d’innovation.

La chirurgie est en train d’évoluer, et les mentalités aussi. Cette modernité est amenée de manière très intelligente par une bande-son électro composée par Cliff Martinez (Drive), aboutissant à un rendu aussi étrange que logique, finalement.

Le gore aseptisé

En général, les séries médicales mettent surtout en avant les relations entre les personnages et la fragilité des professionnels confrontés à la maladie et à la mort. Qui a couché avec la réceptionniste ? Qui a laissé traîner les compresses stériles ? Qui va prononcer l’heure du décès ?

The Knick laisse une grande part aux opérations en elles-même. Elles sont, elles aussi, le reflet de la modernité et permettent au spectateur de faire le plein d’hémoglobine et d’empathie pour les patients (car les médecins, eux, semblent en être un poil dénués).

The Knick est bien plus explicite que les autres séries médicales. Au blanc immaculé se confronte le rouge sombre du sang. Si tu ne supportes pas de voir l’intérieur d’un homme encore vivant, je te conseille de t’accrocher à ton canapé, car des tripes, il t’en faudra !

À lire aussi : Voilà à quoi ressemble une première année en médecine !

Pourtant, la série n’impose pas la vue du sang simplement pour aider les distributeurs du Vogalene Lyoc. Tu n’es pas devant un film gore et encore moins devant un splatter bourré de second degré. Il y a un côté presque documentaire, didactif dans cette façon de montrer les choses. D’ailleurs, à cette époque-là, l’opération était réalisée sous les yeux d’une cinquantaine d’étudiants et d’autres médecins. Pratique pour la concentration…

operation

 « Ok, à trois, on joue aux Rois du Silence. Un… Deux… »

Un premier épisode plus qu’encourageant

Le bilan de ce pilote ? The Knick peut être une série passionnante mêlant parfaitement la science à l’histoire ! Steven Soderbergh a su donner une vraie patte cinématographique à son projet. Les personnages sont pour l’instant assez mystérieux pour qu’on ait très envie de les retrouver la semaine suivante.

The Knick risque cependant d’être marquée de quelques longueurs, car on sent déjà qu’elle n’hésitera pas à prendre son temps. Mais là où Masters of Sex m’a un peu laissée sur la touche à la longue, je suis tout à fait convaincue que cette toute nouvelle série ne décevra personne, tant tous ses détails sont soignés, précis….

cliveowen3Chirurgicaux. 


Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.

Les Commentaires

6
Avatar de Barya
30 octobre 2014 à 08h10
Barya
J'ai vraiment dû passer à côté d'un truc
J'ai pas du tout aimé, je me suis arrêtée à l'épisode 5 ou 6 je crois. J'ai l'impression qu'ils y mettent parfois du gore juste pour le côté "spectacle" du truc (oui bon c'est tout le temps comme ça, je sais), et qu'à côté de ça y a pas grand chose. Pas assez médical/historique pour moi je crois (ce serait peut-être venu plus tard si j'avais continué, cela dit).

Ah et la BO m'agace à fond
0
Voir les 6 commentaires

Plus de contenus Culture

[Image de une] Horizontale (26)
Vie quotidienne

Black Friday : le guide ultime pour trouver l’aspirateur laveur fait pour vous et enfin mettre le Swiffer au placard

Copie de [Image de une] Horizontale – 2024-11-15T163147.788
Livres

Samah Karaki : « C’est la culture sexiste qu’il faut questionner, pas la présence ou l’absence de l’empathie »

[Image de une] Horizontale (24)
Culture

3 raisons de découvrir Agatha, le nouveau thriller psychologique à lire de toute urgence

Copie de [Image de une] Horizontale – 2024-10-16T173042.478
Culture

Louise Chennevière (Pour Britney) : « La haine de la société pour ces femmes est immense. Cela m’a donné envie de la décortiquer. »

Copie de [Image de une] Horizontale – 2024-10-17T105447.652
Culture

Pourquoi on a adoré Culte, la série qui revient sur la création de Loft Story ?

4
© Charlotte Krebs
Féminisme

Mona Chollet : “Se sentir coupable ne mène vraiment à rien”

3
Copie de [Image de une] Horizontale – 2024-09-19T102928.481
Santé mentale

« Toutes ces musiques ont été écrites sous antidépresseurs » : Lisa Pariente raconte sa dépression

[Image de une] Horizontale (18)
Vie quotidienne

Ménage de rentrée : la serpillère 2.0 existe et avec elle, vous allez mettre le Swiffer au placard 

Geek Girl
Mode

Cette série Netflix à binge-watcher en une soirée est numéro 3 en France et dans le monde

3
Culture

« Si mon histoire peut déculpabiliser ne serait-ce qu’une seule femme, j’aurai gagné » dans Archéologie de l’intime, le tabou de l’accouchement raconté en BD

La pop culture s'écrit au féminin