— Publié initialement le 17 septembre 2014
La chaîne anglaise BBC Two et la chaîne américaine SundanceTV ont diffusé cet été une mini-série en 8 épisodes au suspense haletant : The Honourable Woman.
« Qui croire ? Comment savoir ? (…) Nous avons tous des secrets, on ment tous pour les protéger des autres… et de nous-mêmes. Mais parfois… Des choses arrivent, qui ne laissent pas d’autre choix que de les révéler, de laisser voir au monde qui on est réellement (…) mais la plupart du temps… on ment (…). »
Quand le conflit israélo-palestinien inspire un thriller haletant
Nessa Stein est une anglo-israélienne à la tête du prestigieux groupe Stein, initialement dédié… à la vente d’armes. Ce business a coûté la vie à son père, assassiné sous ses yeux (et sous ceux de son frère Ephra) alors qu’elle n’était qu’une enfant.
Depuis, les Stein ont grandi et repris l’entreprise familiale. Le travail philanthropique du groupe, oeuvrant désormais pour le rapprochement entre Israël et la Palestine, vaut à Nessa d’être nommée baronne à la Chambre des Lords.
Tout va bien dans le meilleur des mondes ? Pas tellement…
Rachel Sten, la femme d’Ephra, pose l’ambiance
Un célèbre homme d’affaires palestinien est retrouvé mort, et ni Nessa, ni le MI6, les services secrets britanniques, ne croient à son suicide. Le jour même, il remportait un important appel d’offres lancé par le groupe Stein.
Les secrets des uns et des autres semblent ne plus pouvoir rester cachés bien longtemps et ce décès va pousser chacun des personnages dans ses retranchements les plus intimes…
Une série acclamée par la critique
La presse américaine et britannique a couvert d’éloges cette série de façon presque unanime :
« Cette mini série tisse une histoire spectaculairement bien construite, complexe, dense, exigeante et dont on sort grandi, tout en parlant de loyauté, de déception, de pardon et de vengeance » — The Hollywood Reporter
« The Honorable Woman est à bien des égards, et notamment au niveau intellectuel, une série tout à fait impressionnante » — Slate.com
« The Honorable Woman est une série astucieuse, sensible, et en même temps un drame délicatement psychologique (…) : personne n’est à blâmer, il y a des méchants, des victimes innocentes et des fous inconscients des deux côtés » — The New York Times
Autant dire que The Honourable Woman est à ne pas louper si vous êtes déjà fan de séries comme Homeland ou House of Cards !
Des femmes « distinguées »
Au début, j’avais pris le titre au sens premier : je le comprenais comme « Une femme honorable », au singulier. Et comme « Honourable » est également un titre de respect dédié à une certaine noblesse anglaise, je me suis concentrée sur le rôle de Nessa Stein, nouvellement baronne.
« Nessa est baronne, elle a hérité son entreprise de son père (…) Elle est très puissante, intelligente… mais aussi tellement à fleur de peau, brisée, confuse… Elle est complexe, exactement comme nous. Quand j’ai lu le script, j’ai trouvé ça incroyable. Je n’avais jamais rien lu de tel. »
Devant le premier épisode, j’ai été totalement éblouie par la personnalité de cette héroïne, interprétée par l’excellente Maggie Gyllenhaal (The Dark Knight).
Nessa Stein est une femme entière et complexe qu’il est impossible de résumer en quelques lignes : c’est la profondeur de son personnage qui fait son authenticité… et qui la rend si proche de nous.
Elle exerce une position pourtant très loin de celle qui est la mienne lorsque je regarde cette série en pyjama de pilou-pilou : à la tête d’une grande société, baronne, d’une intelligence rare, portée par de grands idéaux… Et pourtant, Maggie Gyllenhaal lui donne une profondeur qui la rend touchante et accessible.
Nessa n’est pas une séductrice, elle n’existe pas grâce à la profondeur de son décolleté. Son rapport à ses vêtements, par exemple, est très intéressant : il ne s’agit jamais d’outils de séduction. De nombreuses scènes suggèrent que lorsqu’elle revêt ses tailleurs, ou des robes plus apprêtées, elle le fait en ayant pleinement conscience de porter un costume, lourd mais nécessaire pour protéger ses secrets.
Autre exemple de l’originalité de l’écriture de ce rôle féminin : Nessa pleure souvent, mais n’est pas non plus une faible femme qui donne envie d’être protégée. Elle pleure parce que tout le monde en ferait de même dans son cas, et pour mieux rebondir par la suite avec une vivacité d’esprit et une force de caractère qui suscite l’admiration.
Et puis ça a fait tilt avec l’épisode 2. Nessa Stein n’est pas la seule femme d’exception de cette série ! Tous les personnages féminins, variés mais toujours extrêmement intelligents, ont quelque chose d’impressionnant.
J’ai donc fini par me rendre compte que le secret de The Honourable Woman, c’était ça : ces personnages féminins qui bouffent littéralement l’écran à force d’être massifs, authentiques et complexes.
Un personnage de femme bien écrit, heureusement, ce n’est plus si rare que ça. Mais une telle densité de personnages féminins géniaux à la minute, dans une série, c’est quelque chose que je n’avais jamais vu… et qui fait un bien fou !
Une partie d’échecs en temps réel
Les femmes de la série sont donc toutes caractérisées par leur grand intellect, ce qui ne les rend jamais froides ou cyniques mais tout simplement tragiques : regarder des gens plonger d’aussi haut et avec tant de conscience de leur chute donne à la série sa profondeur dramatique.
Nous assistons avec The Honourable Woman à une partie d’échecs en temps réel, et rapidement, on se surprend à attendre avec inquiétude le prochain mouvement : qui va faire pression sur qui, comment, et qui est l’allié de qui ?
Il y a quelque chose de Sherlock dans cette série, et pas seulement à cause de la réalisation impeccable ou de l’accent anglais : elle met en émoi notre propre matière grise ! Qui cache quels secrets, pourquoi ? Que va-t-il se passer ? Qu’implique ce nouveau rebondissement ?
Et ce qui est particulièrement réjouissant avec The Honourable Woman, c’est que le public a toutes ses chances. Bien souvent, on apprend un retournement de situation et avec le recul, on se dit que les acteurs, brillants, avaient inclus l’exact froncement de sourcils qui aurait pu nous mettre sur la voie quelques scènes plus tôt… The Honourable Woman est de une série qui aiguise les sens.
Dans The Honourable Woman, tout le monde a des secrets, et tout le monde veut découvrir ceux des autres. Dans ce poker-menteur tragique, la série repose donc sur une dynamique du sacrifice : jusqu’où est prêt à aller chacun des personnages pour dévoiler la main des autres joueurs, et dans quel mesure cela mettra-t-il en danger ses propres secrets ?
Tout est affaire de dosage subtil… que vous pouvez découvrir en regardant les 8 épisodes de cette merveilleuse série !
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