Cet article va spoiler les 2 saisons de The Handmaid’s Tale
BON SANG DE BONSOIR DE BORDEL DE CUL.
The Handmaid’s Tale devrait être prise en charge par la Sécu tellement tous les épisodes mettent à mal ma tension, mon rythme cardiaque et mes capacités pulmonaires.
En plus, serrer les poings aussi fort à chaque fois que la sale gueule de ce connard de Fred apparaît à l’écran, c’est probablement mauvais pour mes articulations.
Mais voilà, la saison 2 de la série la plus puissante du moment vient de s’achever, j’ai fini le dernier épisode il y a moins de 2h et j’ai PLEIN DE TRUCS À DIRE ALORS ACCROCHEZ-VOUS.
The Handmaid’s Tale saison 2, une réussite
The Handmaid’s Tale saison 2 a eu des hauts et des bas, je ne vais pas le nier. Mais je trouve, malgré tout, qu’elle est une franche réussite.
Une seconde saison de série, c’est toujours un pari risqué, surtout quand la première avait un livre pour support, et a atteint la fin de l’intrigue !
Je n’ai pas peur de le dire : The Handmaid’s Tale est de loin la meilleure série du moment à mes yeux.
La première évasion manquée de The Handmaid’s Tale saison 2
Plonger dans la Résistance aux côtés de June, au début de cette saison 2 faite de cavale, d’espoirs et de tension, c’était fantastique.
Je peux vous dire que bosser dans un média plutôt à gauche, pro-liberté individuelle et diffusant des messages ouvertement féministes, ça a rendu certaines scènes encore plus poignantes pour moi…
L’autel que l’héroïne offre aux journalistes assassiné·es du Boston Globe a failli me tirer des sanglots.
Je n’étais pas fâchée que June ne puisse pas s’évader au Canada. Je n’y croyais qu’à moitié, tant il est compliqué pour une série d’extraire son héroïne de l’intrigue principale.
Mais son attitude m’a parfois exaspérée, surtout quand ELLE JOUE AVEC DES BILLES ALORS QU’IL FAUT PAS FAIRE DE BRUIT ou QU’ELLE SE COLLE À LA FENÊTRE ALORS QU’ELLE DOIT ÊTRE INVISIBLE !
Meuf fais un EFFORT est-ce que tu VEUX qu’on te ramène chez Serena ?! C’est ça ?!
Pardon, je me calme.
Les personnages secondaires, la force de The Handmaid’s Tale saison 2
Si June a eu tendance à me faire soupirer sur mon canapé, ce n’a pas été le cas pour les personnages secondaires, remarquablement développés dans cette seconde saison.
Serena a gagné en nuances et Fred en monstruosité. Aunt Lydia m’a presque paru sympathique, un comble !
Nick, qui m’a toujours laissée indifférente, a su me toucher, particulièrement dans son dernier échange avec la douce Eden, source de méfiance devenue martyre de Gilead…
Rita s’est révélée être une alliée de poids à la répartie acide, bien avant que son vrai rôle ne soit montré. J’étais tellement ravie que mon soupçon se confirme : c’est une Résistante, une vraie.
Des Colonies à son étrange nouveau Commander, Emily m’a subjuguée. Entre détermination, militantisme et folie, ses grands yeux m’ont happée.
Ce nouveau Commander, parlons-en ! Il est immédiatement devenu mon personnage préféré. J’ai adoré ne pas savoir sur quel pied danser, s’il était cruel ou indifférent, un héros ou un bourreau.
C’est aussi ça, le talent de The Handmaid’s Tale : refuser le manichéisme, même en montrant l’Horreur avec un grand H.
L’univers étendu de The Handmaid’s Tale saison 2
La première saison de The Handmaid’s Tale extrapolait déjà par rapport au livre, qui est raconté du point de vue de June. Elle ignore, par exemple, ce qui se passe au Canada, là où Luke et Moira se sont réfugiés.
Dans la saison 2, le monde s’étend encore.
Les Colonies, zone de travail forcé jusqu’à la mort, se dévoilent sous les yeux du public. Preuve que Gilead est une société malade : ces terres empoisonnées semblent parfois permettre plus de liberté que les austères maisons de Boston…
Au Canada, Luke finit face à Fred, les yeux dans les yeux avec l’homme qui viole rituellement sa femme.
Serena est forcée d’affronter la réalité de ce qu’elle a aidé à créer, la détresse de ceux qui lui ont échappé et manifestent contre ce qu’elle représente.
L’étrange nouveau Commander d’Emily est lui aussi une fenêtre ouverte sur un pan jusque-là caché de Gilead. Le monde du remords, des conséquences, des gens qui ne rentreront jamais dans les cases rigides singées par les Waterford.
Même Eden aide à élargir l’univers de la série. Elle représente une génération en demi-teinte, qui a connu brièvement « notre monde », mais s’est imprégnée très jeune des injonctions de Gilead.
Et bien sûr, The Handmaid’s Tale a enfin montré les « econopeople », qui forment le gros de la population : ces gens vêtus de gris qui ne sont ni Commanders, ni Handmaids, ni Marthas, mais juste des « Américains lambda »… très surveillés !
Le danger des dystopies, c’est toujours de mal expliquer le contexte qui a mené à la situation actuelle. C’est pourquoi bien des œuvres restent très vagues à ce sujet, voire l’occultent totalement.
Mais The Handmaid’s Tale montre le glissement qui a abouti sur cette horrible société, et c’est bien ce qui la rend terrifiante : tout a l’air… trop vrai.
La fin de The Handmaid’s Tale saison 2
Bon, maintenant que je vous ai donné mon avis sur cette saison 2, il est temps de parler du sujet qui me brûle les doigts : la fin de l’épisode 13, la conclusion de cette haletante épopée
.
Déjà il s’est passé TROP DE TRUCS pendant cet épisode, j’ai hurlé tant de fois :
- Le père d’Eden l’a dénoncée ?! Mais AIMEZ VOS FILLES BORDEL DE MERDE
- June a mis une baffe à Fred c’était LA MEILLEURE CHOSE
- Pas de Cérémonie pour Emily ? Mais alors il est vraiment sympa ce Commander ?
- EMILY VIENT DE PLANTER AUNT LYDIA EXCUSEZ-MOI ???
- OH SHIT SERENA VA FAIRE LE TRUC
- YAS QUEENS
- OH NON SERENA NON
- [insérer ici une blague à base de « les hommes, tu leur tends le doigt, ils prennent la main »]
- Nick qui berce son bébé pour la première fois, trop d’émotions adieu
- Fred tu VIENS de couper le doigt de ta femme et DIRECT TU PROPOSES UNE NOUVELLE PÉRIODE DE VIOLS À JUNE ? Mais qu’on le castre je n’en peux plus
- RITA J’AI TOUJOURS SU QUE T’ÉTAIS LA BEST
- JUNE ? BOUGE ? TON ? CUL ? POUR ? UNE ? FOIS ? DANS ? TA VIE ? MERCI ?????
- JUNE ? T’AS VRAIMENT PRIS LE TEMPS ? DE GRAVER LE MUR ? AVANT DE T’ENFUIR AVEC TON BÉBÉ ????
- Oooooh y a Emily ooooh ouiii évadez-ensemble ouéééé
- MAIS JUNE ???
- NICHOLE ????
- JUNE ????? ALLÔ ????
- Ouuuuh elle a l’air vénère en fait… ouh là là…
- Ok je pourrai jamais attendre un an.
Beaucoup d’émotions pour un si petit corps, je vous le dis. J’ai l’impression que mon cœur est monté dans un roller-coaster.
La conclusion de The Handmaid’s Tale saison 2 fait débat
Si vous êtes arrivées jusqu’ici, vous le savez : June décide de confier son bébé à Emily et de rester à Gilead. Capuche sur la tête, regard déterminé, elle s’éloigne dans la nuit tel un Jedi vengeur.
Ce retournement de situation a surpris une bonne partie du public et a parfois été interprété comme une erreur des scénaristes, qui n’auraient pas le « courage » de gérer une saison 3 avec leur héroïne saine et sauve au Canada.
Comme si cette conclusion n’était qu’une pirouette mal justifiée forçant June à repartir de zéro, à être menacée, violée et torturée encore et encore…
Pourtant, avec du recul, je trouve que ce choix a du sens. Mieux encore, il s’inscrit parfaitement dans la thématique de cette saison 2, et de The Handmaid’s Tale en général.
The Handmaid’s Tale saison 2, la maternité et ses multiples visages
Le thème The Handmaid’s Tale saison 2 est la maternité, sous toutes ses formes.
Celle de June, mère d’Hannah, devenue presque une étrangère pour sa fille. Celle de June encore, qui n’a pas le droit d’être une mère pour Holly/Nichole, réduite à un rôle de nourricière.
Celle de Serena, qui se force à « jouer à la maman » tout en sachant que ce bébé n’est pas le sien, qu’elle l’a volé. Celle de Mrs Putnam, l’autre femme de Commander à l’instinct maternel très peu développé.
Même Janine est autorisée à être une mère, une vraie, dans cette scène incroyablement poétique où elle sauve son bébé par un simple câlin, une petite chanson, dans la douce lumière du jour.
Dans The Handmaid’s Tale, June s’oublie pour mieux lutter
Et pendant cette saison 2, June repense énormément à sa propre mère, qui s’est tant battue pour les droits de sa fille, alors que cette dernière ne comprenait pas le danger imminent…
Holly a donné son nom à sa petite-fille, qu’elle ne connaîtra jamais. Holly s’est livrée corps et âme pour tenter de sauver sa fille, et toutes les autres femmes.
Avec cette conclusion, June devient Holly. Elle abandonne sa propre sécurité, sa propre personne, pour ne pas abandonner sa fille, Hannah.
Car les évènements ont prouvé qu’aucune femme n’est à l’abri à Gilead — ni la pieuse Eden, ni la puissante Serena.
L’équipe de The Handmaid’s Tale explique la fin de la saison 2
En interview, Elizabeth Moss, qui incarne June, explique :
« [Hannah] est une des raisons pour lesquelles June reste, mais elle se bat aussi pour tous les enfants qui doivent retrouver leur famille. »
Bruce Miller, le showrunner, éclaire également le public dans son interview pour Deadline :
« [June reste] parce que c’est une mère. Elle met l’un de ses enfants en sécurité, mais l’autre est toujours là, donc elle reste pour sa fille, Hannah.
Qu’elle tente de sauver sa fille ou qu’elle fasse de son mieux pour affaiblir Gilead, en tout cas son attitude vient de deux sources.
La première, c’est sa mère lui disant qu’elle est plus forte que ce qu’elle pense, ce qu’elle a compris pendant la saison. La seconde est sa fille lui demandant pourquoi elle n’a pas essayé plus fort.
Quand elle voit enfin Hannah, Hannah lui dit : pourquoi tu n’as pas essayé plus fort de me retrouver ?
Elle va essayer plus fort. »
The Handmaid’s Tale saison 3, une histoire de Résistance
Il y a fort à parier que The Handmaid’s Tale saison 3 sera l’histoire des Résistantes.
De ce réseau secret de Martha qui ont orchestré plusieurs incendies simultanés pour aider June et son bébé à s’échapper.
De cet étrange Commander qui s’est « foutu dans une merde noire » pour sauver Emily, coupable de tentative d’assassinat (je dis « tentative » car si vous voulez mon avis, Aunt Lydia est plus coriace que ça).
De June bien partie pour devenir une héroïne de l’ombre, figure encapuchonnée de Mayday, de l’aide qui vient à celles qui ne l’espèrent plus.
Des réfugié·es au Canada qui vont accueillir Emily, blessure vivante causée par Gilead, Emily excisée, Emily empoisonnée, Emily torturée, mais Emily debout, la tête haute.
J’ai hâte de voir cette saison 3 d’une série tragiquement indispensable à l’heure où les droits des femmes sont menacés aux États-Unis, peinent à avancer ailleurs dans le monde.
The Handmaid’s Tale reste une piqûre de rappel douloureuse, parfois insoutenable, mais salutaire. Nolite te bastardes carborundorum, encore et toujours.
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